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Critique de CDemassieux


La France Big Brother c'est un peu le suicide français d'E. Zemmour expliqué à « Monsieur Moyen » – autrement dit nous, les laborieux ! – par quelques affidés imaginaires d'un système autrement plus pernicieux que celui d'Orwell en réalité : le nôtre. Car s'il a l'apparence du Vox populi vox Dei, ledit système n'en a pas le goût.
Bien sûr, il faut être un « réactionnaire moisi » pour apprécier à leur (in)juste valeur ces sortes de galéjades textuelles développées par Obertone, mais il n'empêche que ce livre, sinon génial, est au moins bien tourné et souvent pertinent, voire divertissant.
Pourquoi divertissant ? Parce que moi aussi, quelquefois, je prends le parti d'ironiser sur une tragédie dont je suis, parmi la multitude, le jouet plutôt que la victime, chosifié à ce point que je me demande si j'ai encore droit au statut d'animal pensant.
Oui, moi aussi – ignorant d'en bas que je suis, faites excuse ! – il m'arrive de croire que médias, « spécialistes » à la louche, politiques de carrière, petits penseurs mondains, artistes de la décadence caviar, etc., se donnent la main pour une farandole tellement absurde qu'on la croirait tout droit sortie de l'imaginaire de Lewis Carroll !
Obertone, dernier lauréat de la vindicte officielle, y va certes aux forceps pour démasquer çà et là les petits arrangements entre amis d'en haut – voir par exemple le coût financier exorbitant des syndicats qui ne représentent guère qu'eux-mêmes, ou celui des associations anti tout qui ont un pouvoir de nuisance si efficace ! –, mais il n'anticipe pas un monde comme le vieux George : il n'a qu'à regarder ce qui l'entoure.
Obertone congratule – toujours ironiquement – les ténors de la « liberté de penser comme nous et de s'y soumettre », dont un certain BHL, qui est à la philosophie ce que je suis à la mécanique quantique, c'est dire !
Obertone nous fait parfois rire, mais ce n'est pas drôle : c'est hélas la sale vérité.
Alors je veux bien que le fascisme de grand-papa soit à nos portes, mais le totalitarisme qui est dans nos murs c'est celui qu'on nous inflige au nom d'une fausse morale universelle, pour parfaire ce que l'auteur appelle notre domestication. L'ennui c'est que nous ne résistons pas beaucoup à ce dressage cynique qui se donne des allures de commandement biblique.
On nous gave de restrictions budgétaires et en face on déploie des trésors d'ingéniosité pour balancer l'argent par les fenêtres. Je pense notamment à ces centaines de postes administratifs de complaisance, artificiellement créés par le système pour les cadres du système, cette grande famille ! Et la multitude de satisfaire sans broncher les ambitions délirantes d'une minorité d'apprentis sorciers.
Mais la poussière doit rester sous le tapis. Malheur à qui en soulève un coin ! C'est soit le tribunal pour outrage, soit le mépris facile – « pamphlet réactionnaire et sexiste », titre l'hebdomadaire L'Express à propos de la France Big Brother, avant de le démonter religieusement –, soit le silence imposé, l'auteur ayant été déprogrammé de plusieurs émissions. Les mêmes émissions qui invitent des rappeurs fiers de dire qu'ils ouvrent une bouteille de champagne à chaque fois qu'un flic se fait descendre ! Démocratie, d'accord, mais pour qui ?
Et comme il fait le choix de l'outrance, Obertone provoque, parce c'est peut-être là le seul recours devant tant de déni et de contre-vérités qu'on nous assène sur un ton péremptoire. On veut nous faire avaler que les catholiques intégristes – et je ne nie pas leur existence, loin de là ! – sont aussi dangereux, sinon plus, que les intégristes d'un autre bord. On chasse le néonazi – au mauvais endroit, soit dit en passant ! – mais on continue de glorifier le passé maoïste de certaines élites de tout poil, au mépris des millions de Chinois exterminés par le Grand Timonier.
Est-ce à dire qu'Obertone est toujours dans le vrai ? Non, j'en veux pour preuve son affirmation fausse que Matisse ne savait pas dessiner, même s'il a par ailleurs raison : l'Art contemporain se vautre désormais dans ses propres déjections. Idem pour sa démonstration alambiquée des différences intellectuelles entre hommes et femmes ; démonstration hasardeuse qu'il aurait pu s'éviter car la meute se jette déjà dessus comme sur un os.
On accusera aussi l'auteur d'eugénisme forcené, faute d'avoir mis les gants avant d'écrire. La vérité est pourtant là : à force de nous gaver de plaisirs abrutissants, de défier les lois de la Nature, nous nous sommes condamnés à une indéniable dégradation. Mais évoquer ces sujets, c'est, selon la phrase canonique : « rappeler les heures les plus sombres de notre Histoire. » Clore le débat en réveillant les spectres du passé, et le tour est joué !
Cette lecture, si je n'en partage pas tous les points de vue, me conforte donc dans le fait qu'une société édifiée par une poignée d'oligarques n'est plus une société : c'est une tyrannie.
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