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Critique de dvall


Dans ce recueil de trois nouvelles, Kenzaburô Ôé explore avec une grande acuité les états d'âme, le désoeuvrement et les interrogations existentielles d'une jeunesse en perdition, ou plutôt en sustentation dans le doute et la confusion. Face à la mort, à la violence, aux espérances avortées, à la culpabilité ou aux idéologies extrémistes, les jeunes gens portraiturés dans ces nouvelles tentent de dégager un sens à leur vie. Tantôt malmenés, tantôt manipulés, que ce soit par leurs pulsions sexuelles, les idées morbides ou des élans politiques nauséabonds, leur esprit échafaude des principes ou des raisons, en quête d'une manière de tenir leur place dans le lieu où ils marchent.

Dans « le faste des morts », un étudiant en lettres accepte un travail dans la morgue de l'hôpital universitaire. Accompagné par le gardien des lieux et une jeune femme perturbée, il doit y faire de la manutention de cadavres. Déplacer et étiqueter des gens morts parfois depuis de nombreuses années, et qui flottent désormais comme des choses dans un liquide brunâtre chargé de puanteur. Au cours de cette journée au pays des oubliés, l'étudiant s'interroge sur ce qui sépare le vivant du trépas.

Dans « le ramier », un adolescent décrit son quotidien dans la maison de redressement où il est incarcéré avec d'autres délinquants. Il raconte les rapports de force et l'oppression sexuelle des plus grands sur les garçons choisis pour « femmes », les jeux morbides visant à accrocher des cadavres de petits animaux au mur d'enceinte, la manière dont l'admiration ou l'humiliation peuvent jaillir de rien. Il y est aussi question de culpabilité et de pardon à soi-même.

Dans « Seventeen », un garçon de dix-sept obnubilé par sa propre médiocrité et tout entier possédé par l'onanisme, lutte contre ses complexes dans une famille dysfonctionnelle et une société dans lesquelles il ne trouve pas sa place. Jusqu'au jour où son engagement auprès de militants d'extrême droite lui fait découvrir la voie qui fera de lui un « garçon élu ». Cette nouvelle s'inspire d'un fait réel, l'assassinat d'Inejirō Asanuma, président du Parti socialiste japonais par un garçon de dix-sept ans.
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