AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jahro


Au centre de ce court récit métaphorique trônent les mystérieux spécimens, concrétisation occulte des poids qui épuisent nos consciences, ces fardeaux que l'on traîne et qu'on voudrait écarter pour reprendre de l'élan.
Après un accident de travail léger mais douloureux, la narratrice, un brin de jeune fille qu'on devine beau, laisse ainsi filer son existence un peu morne vers le Laboratoire, écrasant manoir aux trois-quarts vide où se naturalisent les souvenirs. Il est un théâtre tutélaire pour ce quasi huis-clos, un lieu hors du temps où les frontières du réel se brouillent et l'envoûtement guette.

Il y a beaucoup d'Haruki Murakami dans la prose d'Ogawa. L'auteure laisse paraitre un même goût pour la rêverie, un même penchant pour les détours vaporeux où il est moins question de faits que d'impressions. Elle y ajoute sa sensibilité toute féminine, consciente et fragile, cédante mais lucide. Son héroïne est parcourue de pensées paralysantes, de sentiments contradictoires, et malgré tout maintient toujours un rapport minimal à la réalité.
Le style est fluide, limpide comme l'eau claire, s'écoule paisiblement aux confins du tangible et glisse librement dans l'imaginaire. Il évoque plus qu'il n'affirme, esquisse plus qu'il n'impose, façonne peu à peu son espace comme une encre de gravure parcourt un à un les sillons pour en révéler les secrets.

Il me faudra sans doute un roman plus long pour appréhender la vraie nature de cette japonaise, ce que cachent ses ellipses et les symboles qu'elle manie comme les caractères d'une machine à écrire. Mais sa nouvelle est déjà la promesse d'un univers qui intrigue. A bientôt sans doute.

3/5
Commenter  J’apprécie          200



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}