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Un court roman étrange et envoûtant. Une jeune femme à l'annulaire abîmé lors de son ancien travail voit une annonce de secrétaire dans un laboratoire. Ce bâtiment est un ancien foyer de jeunes filles. M. Deshimaru qui semble être le seul à travailler dans ce laboratoire n'est autre qu'un taxidermiste. Il prépare et conserve des "spécimens". Au début on a du mal à comprendre ce qu'est un "spécimen du souvenir" mais au fil du récit l'autrice nous éclaire. Difficile de continuer l'histoire sans vous dévoiler la suite.
Un roman étrange et envoûtant, où l'on sent le délire du taxidermiste et l'innocence de la jeune femme. La manipulation physique et morale se rapprochent indubitablement. A cette lecture on a le sentiment d'être dans une toile d'araignée qui se resserre peu à peu. La fin donne l'impression d'avoir loupé quelque chose ou de ne pas avoir saisi l'essentiel du récit. Mais je suis contente de l'avoir lu malgré tout car il ne ressemble pas à mes lectures habituelles. Un grand merci au lecteur de la mediatheque où je travaille de me l'avoir conseillé.
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Dans un ancien foyer transformé en laboratoire, M. Deshimaru, spécialiste de la fabrication de « spécimens », embauche une jeune fille passée par là par hasard. Celle-ci va découvrir un univers aussi fascinant qu'inquiétant. Car la demande des clients est étonnante, et le comportement de son employeur plutôt étrange. Ce qui n'empêche pas la jeune assistante, amputée d'une phalange lors de son dernier travail, bien qu'un peu effrayée, de se rapprocher de lui...

Insidieuse et pénétrante Yôko Okawa nous plonge dans un état d'apesanteur angoissante. Chez elle la perversité n'est jamais loin qui cherche des victimes naïves pour s'épanouir. Un phénomène amplifié ici par la jeune fille ingénue qui, prenant des risques inconsidérés, recherche la proximité malsaine du naturaliste. Hélas pour elle, à ce petit jeu là, le vainqueur est souvent connu d'avance. Totalement envoûtant.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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M. Deshimaru, taxidermiste de son état, embauche une jeune femme comme assistante. Ce n'est pas tout-à-fait un travail comme les autres. M.Deshimaru est taxidermiste du souvenir. Une bribe du passé, est consignée et répertoriée dans ce laboratoire pour le moins insolite chaque fois qu'un client en fait la demande .

Jusque-là j'ai cru à une fable poétique, une figure de style que je trouvais fort originale. Une liberté touchante qui augurait une lecture confortable. Je respirais à fond.
Mais je ne connaissais pas encore, M.Deshimaru, cet homme en grande blouse blanche qui parlait peu, ne posait pas de question à la candidate, mais précisait tout-de-même qu'aucune employée n'avait désiré rester à ce poste. Les conditions salariales sont très avantageuses, le travail n'est pas harassant, tout est lisse. Tout semble parfait. Une chance incroyable.....


Cependant, sur la poche droite, les poignées et la poitrine de la blouse de cet homme "irréprochable, équilibré" il y avait comme des traces de larmes. ah! La candidate ne sait pas pourquoi "mais elle sent l'imminence un danger qui la rend réticente";
Et là, tout doucement, la plume de l'auteur Yoko Ogawa me fait décoller, tranquillement mais sûrement.

Chaque interrogation de cette très jeune femme va être déjouée par cet homme au regard puissant.
J'ai pris de la hauteur et je me trouve au niveau des nuages. La jeune femme a maintenant pris ses fonctions, ses habitudes de travail. M.Deshimaru offre à son employée une très belle paire de chaussures en cuir noir. Il lui essaie, d'un geste ferme, sans forcer. Elles sont si adaptées "qu'on les croirait faites sur mesure". Il jette les vieilles chaussures. Et Clac elle est ferrée! Hier c'est fini. Hors d'usage. Aujourd'hui est une autre histoire.
Je continue à lire et prend de l'altitude. Je manque d'oxygène. J'étouffe. Les gestes de M. Deshimaru sont toujours fermes, et la jeune femme douce et inexpérimentée franchit les étapes de l'asservissement, puis de la manipulation, du harcèlement.

Il s'agit d'un roman court, intense. Chaque mot à sa place, une place stratégique, dépendante, magnétique.
Parfois je me dis que c'est incroyable: Que Vingt six lettres, toujours les mêmes depuis des siècles, brassées d'une façon tellement étudiée, tellement précise puissent provoquer de telles émotions, de tels ressentis, un tel mal-être, une telle ambiguïté malsaine.

Ce compte rendu ne concerne que le début du livre. Un petit livre d'une centaine de pages à peine que vous découvrirez vous-mêmes.
Je l'ai fermé. J'ai repris pied avec ma réalité. Je vous invite vraiment à monter à bord. Vous aussi vous serez probablement mal à l'aise, vous aussi vous noterez que la perversion rencontre parfois la pureté, la piétine comme on le ferait avec une vieille paire de chaussures usée, et vous direz comme moi, qu'un écrivain peut partager son talent même dans les couloirs de l'obscurité.
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Étrange.
Comme un roman d'atmosphère.
Comme un sentiment indéfinissable.
Fascination ou simple extravagance littéraire ?

Une jeune femme découvre sur la porte d'un édifice entre délabré et abandonné une offre d'emploi pour devenir la secrétaire de M. Deshimaru, taxidermiste de « spécimens ». Dans le mot « spécimen » se cachent tous vos désirs d'oublis et de chagrin. Il n'est pas juste question d'emmener son animal mort pour le faire empailler. M. Deshimaru s'occupe de tout : des ossements, des notes de musique, des champignons… Un roman de Yoko Ogawa mystérieux et envoutant.

En confiant leurs « précieux » objets au taxidermiste, les visiteurs – ou clients – espèrent ainsi se décharger d'une partie de leur peine ou de leur angoisse. Comme de leur enlever le poids d'un deuil ou d'une blessure profonde inscrite en eux. Alors que les demandes se succèdent, régulièrement, que les objets à naturaliser s'entassent dans des tubes à essais, M. Deshimaru semble exercer sur sa jeune secrétaire un étrange envoûtement.

Il est le maître du jeu, elle se soumet totalement à ses désirs, à ses caresses, à ses demandes surprenantes dans la salle de bain désaffectée, lieu de rencontre dans l'intimité de ces deux êtres solitaires. Fascination ou malaise, je n'arrive pas à définir la frontière entre ces deux perceptions de l'amour. Mais peut-être est-ce au-delà de l'amour, vers un abandon total de la jeune femme vers cet homme.

Un roman – que je trouve – étouffant presque oppressant. Je suis un fidèle de Yoko Ogawa, depuis ses premiers romans. Je suis fasciné par ses histoires si banales et si étranges à la fois, comme envouté ou ensorcelé suivant le degrés pervers ou malsain qu'elle distille dans sa plume poétique. Mort et sexualité, perte et possession, des thèmes qui se rejoignent ici, derrière la porte du laboratoire du taxidermiste.

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L'annulaire, joli symbole pour commencer la littérature japonaise.

Au japon, cette symbolique peut être perçue de manière différente et plus ambiguë. L'union, chez le plus commun des mortels, mais la mutilation de ce doigt gauche est un signe d'humiliation très ancré dans la pègre japonaise et d'appartenance chez les prostituées. Dans ce court récit, seule l'image de l'appartenance flotte comme une légère brise malsaine qui surplombe l'ambiance. Un sentiment de gêne, d'inquiétude et d'étouffement, règne tout au long de ce roman.

La narratrice, une jeune japonaise de 21 ans, amputée d'une infime partie de son corps, se retrouve par le plus pur des hasards, enfin est-ce vraiment le hasard ou le destin, à travailler chez un taxidermiste du souvenir. L'immense laboratoire, un ancien foyer de jeunes filles, abrite les spécimens. Mais dans ce laboratoire tenu par cet étrange M. Deshimaru pas d'animaux empaillés, les cas sont souvent de matière inorganique. Les visiteurs viennent se libérer d'une réminiscence, d'une souffrance, d'une cicatrice, d'une mélodie qui les empêche d'aller de l'avant. Après avoir naturalisé et préparé cérémonieusement la trace du délit, M. Deshimaru les enferme dans un tube à essai. Les cas sont référencés et soigneusement conservés par son assistante. En cas de nostalgie, les clients peuvent venir leur rendre visite, ce qui est rare car « le sens de ces spécimens est d'enfermer, séparer et d'achever ». Entre M. Deshimaru et son assistante, une étrange relation s'installe empreinte de sensualité, de désirs, de malaise, de mutisme et de trouble. le tout baigné dans une odeur nauséabonde de formol et un lourd climat d'anxiété qui règne dans ce long couloir et cette mystérieuse porte fermée à double tour.

J'avais pour règle en lisant ce livre de ne pas avoir peur de ne pas aimer. Beaucoup de négations mais ce fut libérateur afin de pouvoir le lire en toute sérénité. Ce roman m'a laissé une empreinte étrange tel celle d'un haïku : On aime la poésie qu'il s'en dégage mais il est difficile d'en expliquer le pourquoi. Ce récit a effleuré et caressé mon âme. Les deux personnages m'ont envoûté et absorbé dans leur existence dès la première seconde. Il n'y avait plus que ce petit livre, ma conscience et ce doux parfum de cerisiers du Japon. Je n'ai désormais qu'une envie, comme une urgence, replonger dans l'univers troublant de Yôko Ogawa. Cette auteure a ce don particulier de rendre les gens ordinaires extraordinaires et sa plume lyrique et troublante rend ce récit tout simplement beau et touchant.


Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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''Recherchons employée de bureau aide à la fabrication de spécimens expérience, âge indifférents, sonnez ici.''
Une jeune fille fraîchement débarquée de sa campagne tombe par hasard sur cette petite annonce collée sur un pilier devant un immeuble vétuste. Elle arrive en ville après un incident dans l'usine où elle travaillait. Un petit bout de son annulaire est tombée dans une cuve de limonade, perdu à tout jamais. Quand elle sonne, c'est M. Deshimaru qui ouvre la porte. Vêtu d'une blouse blanche, franc et poli, l'homme lui explique le fonctionnement de son laboratoire. Il s'agit de préparer et de conserver des ''spécimens''. La jeune fille n'y comprend pas grand chose mais elle devient l'assistante de M. Deshimura et se familiariser avec l'endroit et le travail. le laboratoire est un ancien pensionnat de jeunes filles, désormais voué à la conservation des souvenirs douloureux que les clients viennent déposer. Consciencieusement M. Deshimura naturalise des champignons microscopiques, une mélodie, une cicatrice...Si tout cela reste un mystère pour son assistante, elle s'intéresse aux clients et à son patron avec qui elle entretient une relation charnelle dans la salle de bain désaffectée de l'établissement.

Un roman énigmatique, suffocant, teinté d'érotisme dans la veine des autres romans de Yōko Ogawa. On y retrouve cette atmosphère étrange, éthérée, parfois malsaine, ses personnages froids en apparence, aux sentiments troubles, ses lieux bizarres qui sont sa marque. Ici, le malaise s'installe d'emblée à cause sans doute de ces ''spécimens'' qu'on a du mal à appréhender et de la personnalité de Monsieur Deshimaru qu'on soupçonne du pire dès les premières pages, trop poli pour être honnête. Très vite, il domine son assistante, pervers manipulateur, sans jamais abandonner ses bonnes manières, et sans qu'elle ne réagisse. Complètement à sa merci, elle a conscience du danger mais ne cherche pas à se révolter. Par faiblesse, imprudence, apathie, désespoir ? Là où les clients se délestent du poids qui les écrase, mauvais souvenirs enfermés pour toujours dans les tubes à essai de Deshimaru, la jeune fille semble incapable d'un sursaut salvateur, paralysée par le malheur des autres, soumise à une atmosphère et à un homme, malgré une lucidité exacerbée...Un roman tout simplement fascinant.
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Quel livre étrange...

Une jeune femme accepte un travail dans un mystérieux laboratoire après avoir perdu le bout de son doigt dans un accident d'usine.

M. Deshimaru naturalise toutes les choses que l'on a envie d'enfermer pour faire son deuil.

Une relation triangulaire encore plus étrange se forme entre elle (on ignore son nom), M. Deshimaru et les chaussures qu'il exige qu'elle porte tout le temps.

Je n'ai pas tout compris...

De tous les livres que j'ai lu de l'auteure c'est celui qui m'a le moins plu.



Challenge plumes féminines 2018
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Un tout petit roman au charme certain bien que très étrange.
Tout y semble à la fois réel mais aussi sorti tout droit d'un rêve.
Une jeune fille va tomber sous la coupe de son nouvel employeur, un homme qui prépare des spécimens, sans qu'on sache bien ce que cela signifie.
Le mystère de l'endroit, un ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire désert, ajouté à la personnalité déconcertante du maitre des lieux donne un côté presque fantastique à cette histoire qui met mal à l'aise mais fascine également.
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Dans le silence lourd du laboratoire de spécimen que gère Mr. Deshimaru, une jeune fille, la narratrice, vaque à ses occupations. Elle est chargée d'accueillir les clients qui souhaitent conserver leur bien le plus précieux : une mélodie, un champignon, la cicatrice d'une brûlure, une mémoire.
Révélations, secrets, sensualité du geste, il est bien étrange ce taxidermiste qui un soir invite son employée dans une salle de bain désaffectée pour lui offrir des chaussures si parfaites qu'on jurerait qu'elles ont été faites sur mesure, et qui plus tard la déshabille.
« J'ai fini par me retrouver nue. Il ne me restait plus que mes escarpins en cuir noir… Ensuite nous nous sommes aimés au fond de la baignoire ».
Ce texte est envoûtant et je me suis laissée très rapidement entraîner dans cette histoire lourde de non-dits.
L'écriture minutieuse exerce au fil des pages une étrange fascination.
Encore une belle découverte dans l'univers de Yoko Ogawa.
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La narratrice se fait engager comme secrétaire et assistante d'un M. Deshimaru, unique technicien d'un curieux laboratoire qui crée des "spécimens". C'est une sorte d'activité de taxidermie, de naturalisation, non seulement d'objets, mais aussi de choses immatérielles, de souvenirs (une partition de musique, une cicatrice...), qui permet d'apaiser les clients.
La jeune femme avait quitté son emploi précédent, ouvrière dans une usine produisant des boissons, après y avoir laissé un morceau de son annulaire gauche à la suite d'un petit accident.
Le bâtiment de travail comporte des dizaines de petites salles qui servent à conserver les spécimens, le laboratoire proprement dit, auquel seul M. Deshimaru se donne le droit d'accéder, et une salle de bain. Très vite, une relation étrange va s'instaurer entre les deux personnages, la jeune femme, par ailleurs employée modèle, éprouvant une attirance indéfinissable pour cet homme, mais mêlée de curiosité non dénuée d'un certain malaise. Ce maître va lui offrir des escarpins collant à ses pieds à la perfection, lui demander de les garder en permanence même lorsqu'il prend l'habitude de la prendre nue dans la baignoire de la salle de bain. Ces escarpins sont bientôt le symptôme, et le symbole d'une forme d'emprise exercée par Deshimaru sur cette femme. Une voisine et un cireur de chaussures âgés viennent à demi-mots évoquer des faits passés étranges qui sonnent comme une prémonition du destin de la narratrice. Mais celle-ci est devenue comme prisonnière de son maître, d'ailleurs peut-être pas nécessairement contre son gré, travaillée qu'elle est par le désir qu'il fasse du souvenir de son bout d'annulaire manquant un spécimen...Jusqu'où ira-t-elle pour cela ?

Roman fortement teinté d'étrangeté, d'onirisme et de sensualité, explorant des thèmes comme la mémoire, le pouvoir de l'esprit, de l'emprise psychique sur l'autre, où on retrouve bien les codes de la société japonaise...C'est une très belle lecture que ce récit au format de longue nouvelle (90 pages). A lire d'une traite pour s'évader le temps d'une demie-journée vers un monde mystérieux où on se laissera porter.
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