AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Autre recueil de nouvelles de Ogawa Yôko, autres ambiances. Dans Les paupières, les thèmes flirtent parfois avec une surréalité ténue et ambiguë. Une spécialité de l'auteure qui fait osciller avec tant de raffinement le voile si fin séparant le réel de ce qui ne l'est plus. le Japon est la terre des Kami, ces divinités inhérentes à tous les aspects de la Nature dans le shintô. C'est ce qui explique, certainement, la porosité de cette frontière.

Ogawa Yôko nous promène beaucoup dans ce recueil car plusieurs récits, sur les huit qui le composent, se déroulent à l'étranger, en particulier à Vienne. le sommeil et, surtout, son absence, occupe également une place importante dans diverses histoires. Les narratrices souffrent en effet d'insomnie chronique et vont même jusqu'à entamer de lointains voyages pour essayer de trouver une nuit qui leur soit propice.

Les nouvelles offrent un caractère déroutant et étrange à la lecture. Elles se terminent parfois sans qu'une chute vienne clore l'histoire. Déroutant mais pas dérangeant car c'est un trait qui se retrouve somme toute fréquemment dans la littérature japonaise (dans d'autres également). A chaque lecteur de poursuivre son récit intérieur.

Les Jumeaux de l'avenue des Tilleuls m'a particulièrement touchée, avec cette rencontre à Vienne entre un écrivain japonais et son traducteur pour l'Autriche, vieux monsieur physiquement diminué qui vit depuis toujours avec son jumeau. Les émotions affleurent avec délicatesse et retenue tout au long du récit. C'est un texte très beau dans sa composition et son écriture. C'est aussi une jolie évocation de la relation entre un auteur et son traducteur pour l'étranger. On voit le lien qui se crée pour traduire sans trahir, toute une question de respect pour le texte dans sa version originale. Et cette nouvelle naissance du livre dans une autre langue, avec d'autres formes scripturales. D'autant plus fortes ces relations quand le même traducteur s'occupe d'un écrivain. Comme c'est le cas avec Ogawa Yôko et Rose-Marie Makino-Fayolle, sa traductrice française. Une nouvelle qui nous rappelle, à nous lecteurs, l'incroyable chance de bénéficier des talents de ces tandems, quand on ne lit pas la langue dans le texte.
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}