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Citations sur Les paupières (18)

Quand j'ai réussi à bien dormir en avion, je ressens un immense bonheur. C'est curieux, vous ne trouvez pas ? C'est comme si je flottais au fond d'un marais tiède ou si je baignais dans l'air d'une forêt saturée par l'odeur de la végétation. Je ne suis gêné par personne, je suis seul et pourtant je ne suis pas triste et je n'ai pas peur...c'est une sensation que je ne peux savourer que lorsque je dors dans un avion.
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Lorsque je réfléchissais au sommeil, je ne sais pourquoi, je pensais toujours à la mort. Pas parce que j'étais inquiète à l'idée que si je continuais ainsi à rester éveillée, mon corps affaibli finirait par mourir. Tout le monde avait un messager du sommeil. Dans la journée, il se retirait quelque part au fond d'une forêt lointaine d'où il sortait la nuit pour visiter son maître. Et il frappait sur les osselets au fond de nos tympans. En entendant ce signal, les gens tombaient dans le sommeil. Le messager remplissait fidèlement sa mission. Qu'il neige ou qu'il vente, il réitérait ses visites sans se reposer. Mais un jour il s'affaiblissait. Il restait de plus en plus souvent anéanti dans sa petite cabane entourée de conifères. Toutefois, il n'oubliait pas ses visites. Il partait, même en rampant. Un après-midi, à l'abri des regards, le messager rendait son dernier soupir. Le sommeil ne venait plus. C'était la mort...

Extrait de "Les ovaires de la poétesse"
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Karl et Heinz étaient immobiles. Les campanules, le pot de café refroidi, la machine à écrire, et tout ce qui était dans la pièce baissait les yeux en silence.
- Il fait un temps magnifique, dis-je. La vitre sur ma joue était glacée. Ce n'est pas rare, un si beau temps au début de l'automne ?
Karl et Heinz acquiescèrent en même temps.
- Dehors, l'air est agréable, vous savez. Il n'y a pas de vent et le soleil est tiède.
Le calme de la pièce était partout, sans peser sur quoi que ce soit de particulier. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j'étais enfin arrivé au bout d'un long voyage.
- Je suppose que oui, d'après ce que je vois par la fenêtre, répondit Heinz.
- Vraiment, vous n'avez pas mis le nez dehors depuis cinq ans ?
- Non.
- Même en chaise roulante ?
- Je n'en ai pas besoin. Karl va à la poste pour moi. Et il fait les courses. Le médecin me rend visite. Je peux traduire en restant dans cette pièce.
Heinz tripotait les franges de son plaid.
- Je suis un peu comme un vieil écureuil qui a grimpé sans s'en apercevoir tout en haut d'un arbre dont il ne peut plus redescendre.
- Si ça ne vous ennuie pas, commençai-je en quittant la fenêtre pour venir me rasseoir sur le sofa, vous ne voulez pas que nous sortions ensemble ? Je vais vous porter.

Extrait de "Les jumeaux de l'avenue des tilleuls"
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- Fleuriste, c'est un beau métier.
- Il faut se lever tôt pour s'approvisionner, on travaille dans l'eau, c'est humide et froid, et on se blesse souvent. Ce n'est pas un métier aussi romantique qu'il y paraît.

"Les Jumeaux de l'avenue des Tilleuls"
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(...)il faisait tellement froid que j'ai cru que le vent allait geler.

"Le cours de cuisine"
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Ma première visite au cours de cuisine Casserole eut lieu un mardi matin, et il faisait tellement froid que j'ai cru que le vent allait geler.
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Je répétais chaque soir l'opération dans le même ordre. Je craignais qu'en sauter une seule étape ne provoque la formation d'une cavité dans le cours du temps entraînant une torsion de l'obscurité qui m'aspirerait dans un monde où le sommeil n'existerait pas.

"Les ovaires de la Poétesse"
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Où donc mon sommeil avait-il disparu ? Lorsque je réfléchissais au sommeil, je ne sais pourquoi, je pensais toujours à la mort. Pas parce que j'étais inquiète à l'idée que si je continuais ainsi à rester éveillée, mon corps affaibli finirait par mourir. Tout le monde avait un messager du sommeil. Dans la journée, il se retirait quelque part au fond d’une forêt lointaine d'où il sortait la nuit pour visiter son maître. Et il frappait sur les osselets au fond de nos tympans. En entendant ce signal, les gens tombaient dans le sommeil. Le messager remplissait fidèlement sa mission. Qu'il neige ou qu'il vente, il réitérait ses visites sans se reposer. Mais un jour il s'affaiblissait. Il restait de plus en plus souvent anéanti dans sa petite cabane entourée de conifères. Toutefois, il n'oubliait pas ses visites. Il partait même en rampant. Un après-midi, à l'abri des regards, le messager rendait son dernier soupir. Le sommeil ne venait plus. C'était la mort...
Voici ce que je pensais
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Quand arrivait l’heure de me coucher, je me brossais soigneusement les dents, vérifiais à plusieurs reprises que les rideaux étaient bien fermés, pliais les vêtements que je devais porter le lendemain et les posais sur le sofa, tirais sur la couverture du lit impeccablement fait, et m’allongeais après avoir éteint toutes les lumières de la chambre. Je répétais chaque soir l’opération dans le même ordre. Je craignais qu’en sauter une seule étape ne provoque la formation d’une cavité dans le cours du temps entraînant une torsion de l’obscurité qui m’aspirerait dans un monde où le sommeil n’existerait pas.
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Elle a tout d'un hypnotiseur. Parce qu'il lui suffit de toucher la moindre parcelle de mon corps pour qu'il se retrouve prisonnier.

Extrait de "une collection d'odeurs"
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