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Critique de HundredDreams


Yoko Ogawa est une auteure qui m'a laissé un très bon souvenir. Elle signe des romans subtils, poétiques, étranges, qui pourraient paraître anodins et sans grand intérêt, mais ces histoires qu'elle nous raconte touchent au plus profond de nous-mêmes.
Son style est délicat, poétique et sensuel. Il se dégage de ses romans une atmosphère étrange, douce, triste, simple. Mais cette simplicité n'est qu'apparente, car Yoko Ogawa excelle à disséquer l'âme humaine et à créer des ambiances où la solitude est égaillée par le pépiement des petits oiseaux.

Après avoir découvert l'année dernière Yoko Ogawa avec « Cristallisation secrète », j'ai eu envie de continuer à explorer son univers en m'attardant sur « Petits oiseaux », ceci grâce à la magnifique critique de le_Bison que je vous engage à lire.

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« Petits oiseaux » raconte l'histoire insolite de deux frères qui partagent une passion commune pour les oiseaux et leur chant.
Le frère aîné a développé un langage qui lui est propre depuis qu'il est enfant, un langage semblable aux gazouillements des oiseaux. Cette langue, que le narrateur appelle le pawpaw, le singularise et l'isole de son entourage. Seul, son frère est capable de le comprendre et cette particularité va créer un lien fusionnel entre les deux frères, une bulle qui rejette les autres en dehors de leur intimité.
Leur vie est basée sur des rituels fixes dont l'aîné a besoin pour être heureux.
Ce roman nous parle, je pense, de l'autisme sans que jamais ce mot ne soit jamais prononcé.

« Il était l'unique habitant d'un îlot. Mais cet îlot n'était pas une terre désolée et stérile. Les vagues y étaient paisibles, ici ou là les arbres invitaient à la réflexion, dans les airs gazouillaient les oiseaux. Et dès qu'il en avait envie, le petit garçon pouvait y accoster. »

Les deux frères n'ont que très peu de vie sociale, les personnages secondaires sont assez peu dépeints et sont comme une toile de fond. Les oiseaux, par contre, prennent vie et sont le fil conducteur du roman.

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Au fil des pages, le narrateur, le cadet, nous parle de son quotidien, de son frère qui comprend le langage des oiseaux, des personnes qui traversent sa vie sans jamais s'y arrêter, de son travail, de sa fascination grandissante pour l'ornithologie et l'observation des oiseaux.
Malgré sa maladresse et sa discrétion, les enfants du quartier le nommeront affectueusement « le Monsieur aux petits oiseaux ».
Il ne se passe pas grand chose, mais la simplicité de son quotidien est un havre de paix et de bien-être pour le lecteur. Sa vie est ordinaire, discrète, routinière, ses désirs simples et modestes. Sa très grande timidité et sa réserve naturelle l'isolent des autres.

« C'est comme pour les oiseaux, ils peuvent chanter tant et plus, il y a des gens qui ne les remarquent même pas. »

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Cette histoire nous ouvre au monde des oiseaux, le moineau de Java, l'oiseau à lunettes et son chant cristallin, et je peux avouer m'être arrêtée de lire quelques minutes pour écouter un oiseau à ma fenêtre.

« - Tous les chants d'oiseaux sont des chants d'amour.
Il se rappelait ce que son aîné lui avait dit un jour. Des chants d'amour, ces mots romantiques utilisés comme si de rien n'était, avaient intimidé le cadet au point qu'il n'avait pu répondre qu'un vague : “Ah, vraiment…”, mais en écoutant le bengali, il réalisa qu'il s'agissait bien d'un chant d'amour. Aucun être vivant au monde ne pouvait chanter avec autant de sincérité motivé par autre chose que de l'amour. »

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Yoko Ogawa a un vrai talent pour distiller les émotions. J'ai trouvé qu'il y avait plusieurs moments différents dans ce roman, chacun laissant une empreinte différente dans mon esprit : de la tristesse, mon coeur s'est serré à plusieurs reprises, de l'exaspération devant la bêtise humaine, de la compassion, …
J'ai passé un agréable moment à lire cette belle histoire d'amour fraternel où l'affection, la solitude, la tristesse imprègnent chaque page. Cet homme est solitaire et paisible, mais riche de sa passion pour les oiseaux.
Ce récit doux et poétique, d'une rare sensibilité, déborde de tendresse et d'empathie. Je me suis laissée porter par cette ambiance, le chant des oiseaux, la mélodie des « Tchii tchuru tchii tchuru… ».

Une belle leçon de vie sur la différence, sur le respect des hommes et de la vie animale, une réflexion sur le bonheur et la liberté.
Si vous ne connaissez pas encore cette autrice japonaise, je vous la conseille.
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