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Critique de Iansougourmer


C'est toujours avec grand plaisir que j'ouvre ( ou ouvre de nouveau dans ce cas ) un livre d'un de mes auteurs préférés, Yoko Ogawa.

De manière générale, on retrouve dans ce récit le style de Yoko Ogwa, que j'affectionne tout particulièrement. L'écriture est composée de phases simples et courtes, mais cette sobriété sert une élégance remarquable, soulignée par l'emploi d'expressions visuelles, poétiques et parfois à la délicieuse incongruité qui renforcent habilement les émotions que l'auteur veut nous communiquer. Un style faussement simple, qui se révèle élaboré et immédiatement identifiable. Rares sont les auteurs à posséder un style si fort et particulier.

Le premier récit Une parfaite chambre de malade est très émouvant. Nous suivons la narratrice, une jeune femme, accompagner son frère perdu de vue et atteint d'une maladie mortelle dans les derniers mois de sa vie qu'il passe en chambre d'hôpital.
Tout sonne juste dans ce récit, et nous suivons avec une grande émotion le cheminement émotionnel d'un proche, la jeune femme, qui doit accompagner un être aimé vers la mort. de la stupeur liée à l'annonce de la maladie, la gêne des retrouvailles, les moments suspendus où l'ombre du passé passe entre les deux personnes, les moments où l'amour l'emporte et suspend la maladie inexorable. Toutes ces étapes sont retranscrites avec une certaine pudeur qui n'empêche pas beaucoup d'émotion sous la plume de Yoko Ogawa, qui montre avec habileté comment nos vies se retrouvent bouleversées, mises entre parenthèses par la maladie.
Sa vision de la chambre d'hôpital est aussi intéressante. Pour l'auteur, cette chambre avec sa propreté aseptisée où sont bannies les matières organiques, est un univers hors du monde, où règne un calme serein, prélude à la mort du malade.

Le deuxième récit m'a moins séduit. Une jeune femme qui a déposé dans une institut sa grand mère atteinte de démence sénile s'interroge sur le sens de sa vie, mais aussi sur la frontière ténue entre normalité et anormalité, réel et irréel.
Ce récit a un mérite, il est dérangeant : est-on coupable par ce qu'on abandonne la grand mère qui nous a élevé dans un institut, ou au contraire est-ce la laisser aux soins de personnes qualifiées ?
Autre aspect dérangeant, " l'abandon" de sa grand mère dans un institut pousse le personnage principal dans un crise existentielle. C'est ici que j'ai moins adhéré à l'histoire car Yoko Ogawa a fait le choix de matérialiser cette crise par une apparition du fantastique qui amène la jeune femme à douter de la réalité par un dérèglement de tous ses sens. Je n'aime par beaucoup le fantastique, j'ai donc moins aimé ce deuxième récit. Il n'en reste pas moins que Yoko Ogwa arrive, comme à son habitude, à instiller le malaise en nous, un malaise croissant au fur et à mesure que la confusion du personnage principal augmente. Et nous aussi ne pouvons nous empêcher de nous poser ces questions sur nos vies.

On retrouve dans ces deux récit la vision de Yoko Ogawa : les personnages sont confrontés à la remise en question d'un univers organisé par un fait bouleversant. Ces personnages évoluent dès lors dans la confusion, et tentent de se recréer un univers stable en cherchant les repères de l'habitude, ce qui n'est pas viable car ces habitudes ont été rendues caduques par la nouvelle donne. Ainsi dans une parfaite chambre de malade, le personnage se crée un nouvelle routine auteur de la maladie de son frère : aller lui chercher des raisins, parler avec le médecin, passer ses journées dans la chambre du malade... Dans La désagrégation du papillon le personnage principal est en crise car la jeune fille connait des illusions qui lui montent sa grand mère dans la maison alors que celle ci est en institut, signe du déni de la réalité de cette jeune femme qui préfère se réfugier dans l'illusion plutôt que d'admettre le bouleversement de son univers.
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