Je regarde son corps qui se dessine sous la chemise de nuit blanche, tout en molles rondeurs : je songe à tout ce qui est mou et rond chez elle, et qui éveille chez moi une telle volupté. Et je songe à tout ce qui est mou et rond chez moi, qui éveille chez elle un tel dégoût.
Ma prison est pire, car je la porte avec moi, où que j'aille.
Ma prison, c'est d'être tenu par tous pour autre que ce que je suis.
Ma prison, ce sont tous les désirs que je n'ai jamais osé exprimer. Au lieu de quoi j'ouvre la bouche et j'entends à mon grand étonnement tout autre chose en sortir.
Ma prison, c'est toute cette peine et tout ce désespoir que j'ai enfouis dans des cachettes si ingénieuses que je ne saurais jamais les retrouver, quand bien même j'essaierais.
La plupart des enfants ne vous regardent pas. Vous n'êtes qu'une autorité diffuse parmi beaucoup d'autres, et ils ont déjà fort à faire avec ceux de leur âge pour s'assurer une place dans le troupeau criard et la conserver. Bousculer ou anéantir tous ceux qui la menacent, si nécessaire. Pour eux, un adulte, ce n'est qu'une source d'ennuis, sous forme de punitions et de gifles : mieux vaut éviter de tomber en disgrâce.
Le chagrin est un animal farouche. Au début, il est facile à mettre en fuite. Puis il se faufile de plus en plus près et, tôt ou tard, on l'a sous son toit. Et il y reste.
Il y a un temps pour se battre, mais aussi pour se reposer. Si on cherche sans cesse le combat, il risque de devenir une fin en soi. On finit par ne plus connaitre que cela, il finit par être si familier qu'on y a recours, qu'on ait ou non une raison de se battre. Et quand on n'a plus rien contre quoi se battre, on se met à se battre contre soi même.