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Critique de Alfaric


Je m'attendais un petit shonen mélangeant magie, humour et aventure, ce que proposent d'ailleurs grosso modo les premiers tomes, mais je me suis retrouvé avec une saga épique rendant hommage aux plus grands (un peu à la manière que ce Michael Dante DiMartino et Bryan Konietzkoles avait fait avec l'anime "Avatar : The Last Airbender" / "Le Dernier maître de l'air"). Car la mangaka sous ses airs de ne pas y toucher, s'est lancée une série de défis fous :
- réconcilier des fans de shonen et les fans de shojo en puisant autant chez Akira Toriyama que chez CLAMP
- associer les aventures à la "Dragon Quest" aux intrigues et aux complots d'"Evangelion"
- partir en croisade contre les forces obscures de la crevardise (Al-Thamen, Chicago Boys, FMI ou UE… C'est du pareil au même ! MDM)

Graphiquement Shinobu Ohtaka développe un style plutôt classique car volontairement épuré comme l'a fait Hiromu Arakawa ("Fullmetal alchemist", "Silver Spoon", "Arslan"…) Et c'est bien dommage quelque part, car dès qu'elle passe en mode serious business, elle nous offre des cases ou des planches magnifiques qui pourraient faire concurrence aux plus grands. Si elle explique avoir transformé et édulcoré son projet initial d'histoire de gladiateurs (Spartacus version manga, j'espère qu'un jour elle fera !), bon sang ne saurait mentir tant les passages sombres abondent dans ce manga qui s'est voulu léger pour pouvoir être édité (cf. l'Arc de Baldad avec sa révolution qui tourne mal ou celui de Magnostadt avec son Dumbledore national-socialiste qui veut anéantir les gois ^^).

Comme souvent difficile de se faire une idée de la véritable valeur d'un manga à la seule lecture de ses débuts balbutiant (remember par exemple "Dragon Ball"), donc je vais vous présenter les concepts fantasy d'un joyeuse supracoolitude développés par cette série…

Les Donjons et les Conquérants de Donjons :
Dans l'univers créé par la mangaka, d'étranges structures appelées donjons apparaissent de par le monde qui attirent la convoitise des aventuriers comme des nations en raison des folles rumeurs sur les trésors et les mystères qu'elles contiendraient... Mais pour beaucoup d'appelés, il n'y aura qu'un élu, celui qui parviendra au bout du donjon et qui portera ensuite le titre de « Conquérant de Donjon ». Pour le reste, on est dans le porte/monstre/trésor bien connu des amateurs de Donjons & Dragons, mais tel le TARDIS du "Doctor Who" les donjons sont « bigger inside » ! de plus ils empruntent autant à la saga vidéoludique "Prince of Persia" qu'à l'absurde du merveilleux d'"Alice au pays des merveilles". Mais j'avoue ne pas avoir compris si c'était les magi qui les invoquaient ou s'ils faisaient partie du master plan de Salomon pour contrer les fanatiques Al-Thamen qu'ils l'ont trahi…

Les Djinns et les Ecrins Enchantés :
Il y 8 djinns par type de magie : feu, vie, lumière, électricité, son, force, eau et vent… Soit 8x8 = 72 djinns créés par Salomon le roi magicien ! Chacun d'entre eux est le maître d'un donjon dont il sélectionne le niveau de difficulté en fonction de ses caprices. Immortels, ou presque, omnipotents et omniscients, ou presque, ils octroient leurs pouvoirs aux Conquérants de Donjons dans la limite du magos à travers une relique de djinn qui se transforme en revêtemage = équipement complet de djinn avec arme et armure lorsqu'ils sont utilisés à plein puissance (ce qui donne un côté à la fois super-héros, sentaï et magical girls, bref "Saint Seiya", aux personnages principaux du manga, mais aussi toute une panoplie d'attaques ultimes à la fois grosbills et vidéoludiques, bref dragonballesques !).
De plus un Conquérant de Donjon peut transmettre tout au partie de la puissance de son djinn à un ou plusieurs de ses liges = suivants à travers des écrins enchantées par ses soins, mais utilisable dans la limite du magos de ses derniers. Ils forment ainsi la garde d'honneur d'un Conquérant de Donjon, mais gare à leurs dons : passé un cap dans leur utilisation, ils se transforment eux-mêmes en créatures surnaturelles sans possibilité de retour en arrière à leur humanité première…

Le magos et les rokhs blancs :
Le magos est la force de vie inhérent à chaque individu, et en l'enflammant chacun est capable d'accomplir des miracles (mais quand on l'épuise en totalement on meurt)… C'est grosso modo l'équivalent du cosmos de "Saint Seiya", mais seuls les magiciens peuvent en faire usage au quotidien sans l'usage d'une Relique Enchantée.
Les rokhs c'est l'expression des sentiments positifs des générations successives d'êtres vivants, auxquels les magiciens peuvent faire appel dans la limite de leur propre magos, à l'exception des magi qui chéris des rokhs peuvent leur faire appel sans aucune limite… C'est grosso modo l'équivalent de la Force dans "Starwars" !

Les rokhs noirs, les djinns noirs et les reliques obscures :
Nous sommes entres le Côté Obscur de "Starwars", toujours plus facile et plus rapide, et les ténèbres de "Saint Seiya"… Pas besoin de vous faire un dessin ! ^^

Al-Thamen :
Al-Thamen, les grands méchants du manga, c'est un crossover entre les illuminati et le FMI : c'est un groupe d'individus qui incitent les dirigeants à prendre un maximum de réformes régressistes qui vont rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres, plongeant ainsi des peuples entiers dans la haine, la peur et le désespoir… Car du chaos naîtra les Bêtes Immondes qu'ils comptent utiliser pour plier le monde à leur volonté. Et dans l'utilisation de personnages lobotomisés pour servir de clones débitant inlassablement leurs conneries idéologiques, on est dans l'allégorie à peine déguisée du fascisme, de l'intégrisme ou du sectarisme. Il est haïssable aux membres d'Al-Thamen d'être comme tout le monde : naître, recevoir, donner, partager, vivre et mourir et ainsi perpétuer l'éternel cycle de l'existence… Donc on est dans l'allégorie à peine déguisée des crevards sociopathes et des pervers narcissiques, qui s'autoproclament élite, aristocratie, race supérieure et tutti quanti…

Les Magi / Rois-Mages / Faiseurs de Rois :
Comme les rois-mages de la Bible les magi reconnaissent ceux qui sont destinés à la royauté (remember Merlin et Arthur), et comme dans la Bible il y a en un par continent :
- la quasi immortelle Schéhérazade veille sur le continent occidental et a choisi comme rois la dynastie Alexius de l'Empire Rhem (= Rome)
- le mystérieux Yunan (50% Gandalf et 50% Radagast mais 100% bishonen ^^) veille sur les Terres du Milieu et a choisi comme roi Sinbad, le fondateur et leader de l'alliance des Sept Mers
- Judal le jeune oracle veille sur le continent oriental et a choisi comme rois Barbarossa de Parthévia (= Empire Perse) et la dynastie Ren de l'Empire Kô (= Chine des Tang)
Le manga commence quand contre toute attente apparaît un 4e Magi / Roi-Mage : le petit Aladin accompagné de son ami le djinn Ugo…

Alors après Sangoku, qui sera le nouveau messie sauveur de l'humanité ?
Le petit Aladin qui se bat pour la fraternité, le généreux Ali-Baba qui se bat pour l'égalité ou la courageuse Morgiana qui se bat pour la liberté ? Muu Alexius le prince métis qui essaye d'offrir une seconde chance tant à l'Empire Rhem qu'au peuple fanalis, ou Titus Alexius le jeune magicien prodige qui souhaite faire quelque chose de la dernière année qu'il lui reste à vivre ? Kouen le guerrier prodige qui souhaite unifier le monde pour mettre fin à la guerre, ou Hakuryuu le jeune prince qui souhaite sauver le pays de son père de la domination des illuminati d'Al-Thamen dirigés par sa meurtrière de mère ? (Un Oreste asiatique !) Ou encore Sinbad, le charismatique héros qui a réussi à concilier les deux faces de la Force ? A moins que l'un d'entre deux ne devienne le nouvel Antéchrist, le messie des ténèbres amenant l'humanité vers la damnation éternelle…


Mais avant d'en arriver là, tout commence à Hutan, un village situé près d'une oasis car la Première Nuit, intitulée « Il s'appelle Aladin », nous présente le personnage principal, ses qualités (son immense générosité, son sens aigu de la fraternité) et ses défauts (sa goinfrerie et son fétichisme pour les opulentes poitrines, qui tient plus de l'inconscient fantasme régressiste que d'un queutarisme précoce)… Il fait ses premiers pas dans le vaste monde en intégrant une caravane marchande où il fait la rencontre de Saasa et Lyra, une voleuse repentie qui cherche à se construire une nouvelle vie… Nous sommes clairement dans un épisode pilote qui respecte tous les codes de l'exercice de style.

La Deuxième Nuit, intitulée « Il s'appelle Ali Baba », se déroule dans la cité de Tchichan qui s'est développée autour du Donjon d'Amos le 7e Djinn et nous présente un nouveau personnage masculin, qui ressemble fortement au personnage féminin du chapitre précédent tant dans son graphisme que dans son background. Malgré tous ses discours sur le chacun pour soi et la soumission aux puissants en attendant d'être puissant soi même, il n'hésite pas une seconde pour se précipiter au secours d'une fillette esclave jetée en pâture à un monstre du désert pour sauver la précieuse cargaison de son employeur.
Les nuits suivantes du tome développent le personnage d'Ali Baba qui rêve d'obtenir fortune et gloire en devenant Conquérant de Donjon, et qui compte bien sur les pouvoirs magiques d'Aladin pour y parvenir… Mais rapidement l'alliance de circonstance va se transformer en belle histoire d'amitié, Ali Baba étant vite contaminé par toutes les valeurs positives d'Aladin qui veut voir le bien en chacun. A leurs trousses le gouverneur Jamil, archétype du chefaillon dérangé car convaincu d'être destiné à la grandeur, accompagné de toute sa maisonnée, que les épreuves du donjon vont réduire à Goltas le colosse koga et Morgiana la petite fanalis…


Les couvertures sont vraiment réussies et les bonus de fin tomes sont assez drôles (surtout quand la mangaka explique que ses éditeurs rouspètent contre le fait que son manga n'est pas assez stéréotypé pour se vendre sur le marché). Et pour ne rien gâcher, l'adaptation animée est non seulement de belle qualité mais également sublimée par les musiques tantôt sympathiques tantôt magnifiques de Shiro Sagasu ("Orange Road", "Nadia", "Evangelion", "Bleach")… Sur ce je vous souhaite de bonnes lectures et je retourne affronter les forces obscures la crevardise…
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