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Critique de Manero


A propos du tome 2 :

Ouverture. Les prisonniers de Gantz face à ce qui semble être leur première cible. Une créature chétive, à la tête de poireau… un enfant ? Atermoiements. Faut-il le tuer ? N'est-il pas victime lui aussi de Gantz ? La violence l'emporte sur la bienveillance, premier meurtre. Survient alors un autre homme poireau, d'un tout autre gabarit. Les cadavres changent de camp…

Le premier opus posait nombre de questions. Quelques réponses nous sont données. On découvre conjointement aux héros, l'utilité de l'arsenal, la puissance des armures, les limites infranchissables de l'aire de jeu, le comptage des points en fin de partie… L'auteur se joue de nous, l'espace de deux pages, nous suggère qu'il s'agit d'une caméra cachée… avant de nous rappeler l'effroyable réalité de son univers par la bouche d'un homme en pleurs dont les deux bras sont arrachés… la seule réalité des personnages dorénavant c'est Gantz. Les caractères des principaux participants se précisent, on découvre en particulier le sadisme désabusé du jusque-là discret Nishi. Hiroya Oku tient dans ce tome la promesse faite au premier. Celle d'un monde noir, oppressant régi par ses seules règles.

Concernant la série :

Hiroya Oku, également auteur de Zero One ou encore de Last Hero Inuyashiki, nous offre avec Gantz un bijou de science-fiction. Proche dans son ambiance d'un jeu vidéo, la série met en scène des individus, une première fois décédés, à qui l'on propose de revenir à la vie. La condition sine qua non : qu'ils se plient aux règles d'un jeu meurtrier à la limite de l'absurde. Dotés d'une armure décuplant leur potentiel athlétique et d'armes futuristes, ils sont projetés dans une aire urbaine qu'ils ne pourront quitter sous peine de perdre la partie et disparaître définitivement cette fois. Chasseurs et proies, leur objectif, qu'ils doivent impérativement atteindre, est d'anéantir des créatures extra-terrestres, à l'origine inconnue, plus étranges et violentes les unes que les autres. Chaque action rapporte les points nécessaires à leur salut. Leur présence dans le jeu semble due entièrement au hasard, hommes, femmes, enfant, vieillard, faible, puissant… Autant d'occasion pour l'auteur d'imaginer une palette de réactions à son inconfortable scénario, de la peur absolue à l'exaltation, à l'image d'un Walkind Dead où rapidement la menace des zombies n'est plus qu'un prétexte à l'exploration de l'âme humaine. Faut-il ajouter qu'Hiroya Oku se vautre dans une violence absolue, déverse des litres d'hémoglobine et n'hésite pas à relever le tout d'une touche d'érotisme par le truchement de créatures à la plastique surréaliste propre au hentaï.

Cette série au-delà de ces qualités intrinsèques doit sa notoriété à la technique utilisée par l'auteur. En effet avant d'être reproduit sur les planches les corps des personnages sont entièrement modélisés sur ordinateur. le sentiment premier est un rendu figé, et froid. Plus avancé dans la lecture, la rigidité clinique de ces personnages engoncés dans leurs armures semblent être la parfaite traduction du cynisme de l'auteur. Après quelques volumes, le lecteur attentif perçoit une progression régulière du mangaka, pour finir par découvrir d'inextricables lacis de corps dénudés dont la justesse de posture, de proportion et d'expression ne peut plus être mise en doute.

Gantz est une oeuvre à part, aux frontières du fantastique, de l'horreur, de la science-fiction l'auteur n'offre aucune explication ou justification à son récit (en tout cas pas avant de très nombreux volumes). Comme dans le film Cube le lecteur est amené à s'interroger sur la complémentarité des individus sélectionnés dans le jeu… Mais les morts et leur inexorable remplacement rend vain toute réflexion en ce sens. Reste l'essentiel : un voyage dans les pires turpitudes de la nature humaine.
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