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Critique de Danael


Je referme ce livre à l'instant et éprouve l'envie de partager, sans tri préalable, l'ensemble des éléments qui m'ont conquise. Ce roman est un manifeste féministe remarquable qui rend compte du combat mené par les femmes pour exister autrement que dans un schéma sociétal qui leur est proposé. L'histoire se déroule en Islande, dans les années 70. Elle aurait autant de résonance dans de multiples pays et époques Hekla est un personnage pionnier qui incarne la voie ouverte, dans la douleur, par de véritables autrices. Elle se heurte tout au long du roman à une vision étroite de ce que doit être une femme, se fait publier sous un nom de plume masculin, cède son roman à un autre pour lui permettre d'exister. La table où elle rêve de placer sa Remington est celle où son amoureux rêve de la voir cuisiner. Elle ne vit que pour écrire, les perspectives qui lui sont offertes sont celles de porter la couronne d'une reine de beauté ou de supporter les pulsions libidineuses des clients de l'hôtel dans lequel elle est serveuse.
Hekla est une femme libre, indocile, habitée par l'écriture. Rien ni personne ne la détourne de cette encre qu'elle pourrait puiser dans ses veines...
Il y a aussi cette écriture emplie de grâce, ces phrases qui brillent comme des gemmes. le roman en regorge.
Le personnage d'Isey est construit comme un contrepoint très intéressant à celui d'Hekla. Isey vibre d'écrire elle aussi mais elle est trop contrainte par les dogmes de la société, par les propres limites qu'elle s'impose pour s'affranchir et assumer sa passion de l'écriture, une "bêtise" selon son mari. Elle cache même son journal dans un seau, objet domestique qu'aucun homme n'aurait l'idée d'utiliser.
La nature, le climat sont merveilleusement décrits dans le roman. La lumière si singulière, le froid...
La difficulté d'être homosexuel aussi. Pour Jon John, il n'y a aucune place pour le bonheur. La société n'y est pas prête et le salut de Jon John ne réside ni dans la fuite géographique ni dans le mensonge de son union avec Hekla. Au-delà de la tricherie qui lui permet de se prémunir de la cruauté des autres, il y a la vérité du lien qui l'unit à Hekla. C'est ce qui m'a le plus touchée dans le roman.
En revanche, je regrette qu'Hekla soit presque vierge d'émotions. Son obsession pour l'écriture prévaut sur l'expression de ses sentiments si bien que je trouve ce personnage un peu "en creux " par rapport aux autres. J'aurais aimé qu'Hekla porte en elle "un chaos...pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse..."
Une lecture riche.

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