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Critique de LadyDoubleH


Jónas est seul depuis son divorce, il y a huit ans et cinq mois. Sa mère âgée est malade, sa fille vient de devenir sa plus belle cicatrice, un Nymphéa (c'est son prénom) blanc, tatoué sur son coeur. Il en a assez de vivre. Mais pour ne pas imposer à sa famille le fardeau de la découverte de son corps mort, il décide de partir. Loin. Dans une zone à peine remise d'une guerre, tant qu'à faire ; plus le danger sera présent, plus vite il pourra en finir. C'est ainsi que cet homme de quarante-neuf ans au bout du rouleau part sans rien dire à personne pour l'hôtel Silence, au bord d'une mer qui pourrait être celle d'un pays de l'ex-Yougoslavie. Il emporte juste avec lui sa caisse à outils, comme d'autres partent avec leur trousse de maquillage ou leur brosse à dents : parce qu'il a de l'or dans les mains, qu'il bricole comme il respire ; et que peut-être il devra fixer un piton au plafond, pour se pendre.

« Je n'ai pas besoin de la regarder longtemps pour me rendre compte qu'elle est toute autre que l'océan houleux dont j'ai l'habitude : pas de vagues géantes ici, lourdes comme des portes de fer qui claquent, pas de ces crêtes blanches du ressac qui disloque la roche et aspire les bateaux ; ce que je vois depuis ma fenêtre est une immense piscine d'eau salée, ou un miroir flottant. »

Au départ j'ai pensé aux Petits suicides entre amis, du finlandais Arto Paasilinna (une autre excellente découverte), mais avec Auður Ava Ólafsdóttir, on n'est pas dans le registre de l'absurde ni du loufoque. Ör signifie « cicatrices », en islandais. C'est un terme neutre, identique au singulier et au pluriel, et qui s'applique tant au corps, qu'à un pays ou un paysage. Dans ce roman, il va être question de tout cela à la fois. « le chagrin est comme un éclat de verre dans la gorge. » Même si certains thèmes abordés sont durs, Audur Ava Olafsdottir a une sorte de génie dans les histoires qu'elle offre, pour saisir le lecteur par la douceur de ses plus belles émotions, en toute simplicité, sans aucune mièvrerie.

Ör est une belle histoire humaine pleine de mélancolie et d'intensité, d'humour et de poésie. J'ai pris un immense plaisir à cette lecture.

« Au lieu de mettre fin à ton existence, tu n'as qu'à cesser d'être toi et devenir un autre. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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