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Critique de Andromeda06


Avec "Le gosse", je découvre enfin Véronique Olmi, qui figurait sur ma liste des auteurs à découvrir. Je peux d'ores et déjà dire que je reviendrai vers elle à coup sûr (d'ailleurs "Bakhita" me fait de l'oeil depuis un moment), car je viens de passer un très bon moment.

"Le gosse", c'est Joseph Vasseur. Orphelin de père, gueule cassée de 14-18 décédé de la tuberculose peu après son retour du front. Orphelin de mère, décédée des suites d'un avortement (illégal à cette époque). D'abord sous la tutelle de sa grand-mère sénile, il devient rapidement pupille de l'État et enfant de l'Assistance publique. de là, l'existence de Joseph "la mauvaise graine" prendra une tournure qui ira de mal en pire. Dur travail à la ferme, brimades, prison (maison de correction), colonie pénitentiaire, mauvais traitements, privations, exploitation, viols...

Joseph a 7 ans quand l'histoire débute, il n'en a que 14 quand elle se termine...

Avec des chapitres courts et une plume aussi affûtée qu'elle peut être tendre, Véronique Olmi nous entraîne dans une histoire aussi prenante que révoltante. Pourtant narrée à la troisième personne, elle réussit à la raconter sous le seul regard de Joseph, qu'on a d'ailleurs tôt fait de s'attacher. On le voit évoluer et grandir dans un milieu peu encourageant (et le mot est faible), qui l'enfonce plus qu'il ne l'aide. On est confronté à ses peurs, à ses incertitudes, à sa force et son courage aussi, à son manque d'affection et de tendresse. Joseph est un "titi" attendrissant pour qui on espère de tout coeur un avenir plus reluisant. Il s'accroche à la musique et à son camarade Aimé, qui lui apportent tous deux, chacun à leur manière, un peu de réconfort.

Et à travers le personnage de Joseph, c'est tout un système dit de "protection" des enfants pauvres que l'autrice dénonce. Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, à la fin des années 1920 et dans les années 1930, et à cette époque, ces enfants pauvres et orphelins étaient soit placés à la campagne chez des parents nourriciers qui les exploitaient, soit admis dans des institutions à la discipline sévère. Mal nés, ces enfants étaient considérés délinquants au moindre comportement douteux. Véronique Olmi dénonce la cruauté et la maltraitance que ces nombreux enfants ont subies, jusqu'à ce que l'État se voit obligé de réagir grâce aux dénonciations d'un journaliste.

Nous sommes dans une fiction, mais qui est tout de même basée sur une réalité. Ça n'en est que plus prenant et révoltant, d'autant que le contexte historique et politique est lui aussi bien ancré (deuil et reconstruction d'après-guerre, grèves et Front populaire, montée d'Hitler au pouvoir et premiers exils des Allemands juifs).

Résumons donc : Une plume efficace et intense. Un jeune personnage principal attachant et attendrissant. Une histoire poignante et percutante. Des émotions et de la profondeur. Un contexte historique immersif.

Un roman puissant.
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