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Critique de Osmanthe


Makoto Ôoka, disparu en 2017, est un des plus grands poètes japonais de ces dernières décennies. Il est bien connu des japonais pour avoir remis dans leur quotidien la poésie, en présentant chaque jour un poème, ancien ou moderne, accompagné de son petit commentaire, en première page du plus lu des journaux nippons, l'Asahi Shimbun. Cette initiative a duré des décennies, et a fait des émules dans la presse, puisque j'ai pu vérifier aujourd'hui encore que le Mainichi, autre grand titre, propose chaque jour un haiku en langue anglaise, écrit par un non-japonais !

L'anthologie parue aux éditions Philippe Picquier est proposée et commentée par Ôoka lui-même, et comporte quelques-uns de ces poèmes. C'est une belle synthèse de ce qui s'est fait de mieux à travers les siècles en matière de poésie au pays du soleil levant. Dans sa passionnante préface, Ôoka nous rappelle que cette tradition écrite est longue d'au moins 1 300 ans, avec un premier recueil fondateur, le Manyôshû (« Recueil des dix mille feuilles »). Véritable bible de 4 500 poèmes, il est bien connu de tous les écoliers japonais, et jouit d'éditions et rééditions multiples. du Xème au XVè siècle, plus d'une vingtaine de recueils poétiques ont été commandés par la maison impériale, donnant corps à la forme traditionnelle du poème japonais, le waka. Cette forme longue a été peu à peu raccourcie et s'est démocratisée en donnant naissance au tanka, véritable poème de la vie quotidienne, de circonstance, qui a conquis le coeur des japonais, encore aujourd'hui, et davantage que son évolution encore plus minimaliste que constitue le haïku. C'est donc cette forme courte du tanka qui est mise à l'honneur dans ce recueil. Cela permet de découvrir à travers les siècles des poètes inconnus de nous qui sommes abreuvés par ce phénomène du haïku, très en vogue en occident, et qu'Ôoka restitue dans une assez faible proportion, encensant surtout Masaoka Shiki, qui l'a modernisé. Très agréable dans sa conception, la traduction française du court poème est présentée en page de droite, quand la page de gauche sert au commentaire d'Ôoka, souvent utile pour comprendre le contexte, parfois il faut l'avouer plus dispensable. En-dessous figure la version japonaise du poème (enfin caractères latins, romaji), ce que je trouve toujours appréciable pour des raisons esthétiques et pédagogiques.

Sur le contenu des poèmes eux-mêmes, je ne peux que vous inviter à explorer les nombreuses citations déposées par ailleurs ici pour vous faire une idée. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié, tout en regrettant de ne pas trouver de poèmes d'Ôoka lui-même…ce qui m'a donné envie de réparer la chose à travers une anthologie constituée par l'auteur de ses propres poèmes, Citadelle de lumière.
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