extrait de ARAGON
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
Je t'ai cherchée à la fenêtre
Les parcs en vain sont parfumés
Où peux-tu où peux-tu bien être
A quoi bon vivre au mos de mai.
ARAGON
Extrait de l'avertissement au lecteur
J'ai parlé de plaisir. J'ai parlé d'émotion. Jusque dans les vers et les proses les plus simples de ce livre, il y a encore autre chose, et de plus mystérieux : une élévation, une hauteur, une sorte d'appel vers ailleurs." La littérature est la preuve,écrit Pessoa, que la vie ne suffit pas." Je crois que la littérature est un plaisir et que ce plaisir se situe si haut qu'il nous transforme de fond en comble.
Sur les ailes du temps la tristesse s'envole.
la Fontaine
Quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles,évité les malheurs non nécessaires,il restera toujours,pour tenir en haleine les vertus héroïques de l'homme,la longue série des maux véritables,la mort,la vieillesse,les maladies non guérissables,l'amour non partagé,l'amitié rejetée ou trahie,la médiocrité d'une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes:tous les malheurs causés par la divine nature des choses.YOURCENAR.
L'amour, c'est l'espace et le temps rendus sensibles au cœur.
Proust
Ô soleil! Toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont.
Rostand
Si de tes lèvres avancées
Tu prépares pour l'apaiser
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre
Et mon coeur n'était que vos pas.
Paul Valéry
Ce petit livre essaie de rendre la vie un peu plus belle. Je crois que la littérature est un plaisir et que ce plaisir se situe si haut qu'il nous transforme de fond en comble.
Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été ;
Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.
Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.
Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
Youcenar