Vivre est une occupation de tous les instants. Une expérience du plus vif intérêt. Une aventure unique. Le plus réussi des romans. Souvent un emmerdement. Trop souvent une souffrance. Parfois, pourquoi pas ? une chance et une grâce. Toujours une surprise et un étonnement à qui il arrive de se changer en stupeur.
Vivre est une occupation de tous les instants.
Et, si longtemps, inexistant,absent de ce monde avant les hommes, le mal prendra toute sa place avec le triomphe de la pensée. (p. 69)
Disons les choses avec simplicité, avec une espèce de naïveté : il me semble impossible que l'ordre de l'univers plongé dans le temps, avec ses lois et sa rigueur, soit le fruit du hasard. Du coup, le mal et la souffrance prennent un sens - inconnu de nous, bien sûr, mais, malgré tout, un sens. Du coup, je m'en remets à quelque chose d'énigmatique qui est très haut au-dessus de moi et dont je suis la créature et le jouet. Je ne suis pas loin de penser qu'il n'y a que l'insensé pour dire : " Il n'y a pas de Dieu. " Je crois en Dieu parce que le jour se lève tous les matins, parce qu'il y a une histoire et parce que je me fais une idée de Dieu dont je me demande d'où elle pourrait bien venir s'il n'y avait pas de Dieu.
Autant que toute mort, et peut-être plus encore, toute naissance est une énigme.
... ce que nous sommes d'abord, c'est des victimes. Les victimes d'un sort - vivre et mourir - que nous n'avons pas choisi et qui nous est imposé. (p.18)
Nous ne savons ni d'où nous venons, ni pourquoi nous sommes là, ni surtout ce que nous allons devenir dans un avenir plus ou moins proche, mais en tout cas inéluctable.
Il n'y a pas d'autre question que celle-là. Nous multiplions les occasions de l'oublier, de la nier, de la camoufler sous des torrents d'inutilité. Mais, de siècle en siècle, génération après génération, elle revient avec obstination.
Nous sommes abandonnés. Et nous ne savons ni pourquoi ni par qui – et peut-être pas personne.
La pensée des hommes est l'enchantement du monde (p.77).
La vérité est que nous ne savons rien de notre destin dans ce monde et dans cette vie qui, songe ou réalité, nous paraissent l’évidence même. Il faut toujours se méfier de la trompeuse évidence. Nous ne savons ni d’où nous venons, ni pourquoi nous sommes là, ni surtout ce que nous allons devenir dans un avenir plus ou moins proche, mais en tout cas inéluctable.