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Le chant des grillons
Au tournoiement alterné
Rythme dans l'orangeraie
L'apparition du jour.
Aucun vocable au corps
Pour dictionnariser
De l'aube à l'aurore
La différence.
Mille ontologies pourtant unifient de partout
Le surélèvement terrestre
Dans le départ de mille odeurs parfumé
Qu'inscrit à sa manière tout tranquillement
Le nocturne délaissement des brumes.
Parménidienne ou bien héraclitéenne
Serpente la route
Qui nous éloigne indéfiniment à son tour
De la proximité fraternelle du séjour.
La sereine appréciation
De la toujours abrupte et survenante beauté
Résulte de l'équilibre spirituel
Tressé, dans l'espace de mille distances,
Par l'entrecroisement amoureux
Du cœur et de l'esprit.
La chaîne qui aide à tirer l'eau du puits
Est aussi l'aide de toutes les folies.
p.70
130
Aux lieux où la Phusis* se lève
Dansent en ronde les montagnes
Et notre chemin lentement gagne
Les ultimes bergeries du rêve.
Ta nudité s'enchante d'espace
Et de simple amour creuse son lit
Et ses secrets de nuit délie
Se jouant en corps d'un pile ou face.
En ces lieux Vénus vient retrouver Eve
Fleurissant les espaliers de nos mémoires
Et par l'escalier en ruines du soir
Sanctifie la terre du silence des sèves.
Et que le dieu du Vent
Mes paroles emporte
De fenêtres en portes
Aux quatre lieux du Temps.
p.145
* Phusis : Nature
Forum de la FNAC de Dijon: résumé de la présentation du dernier ouvrage d'Yves Antoine Ortega "Aphorismes de l'être et du néant"