AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cmpf


cmpf
31 décembre 2015
À l'instar de la Fontaine, George Orwell utilise les animaux pour instruire les hommes.
Écrite en 1945, donc avant « 1984 », cette satire reprend les étapes de l'établissement du communisme en Russie, les différents animaux représentant soit un personnage historique précis (Staline, Trotski, Hitler…) soit un groupe (les exilés, les stakhanovistes, les prolétaires sans conviction particulière...), soit une institution (l'église orthodoxe, la Pravda, la police politique…)
Comme dans 1984, la falsification de l'histoire est un élément important. Les « masses », en l'occurrence les animaux, ne sont pas certains de leurs souvenirs. D'autant que beaucoup ont de la peine à comprendre les nouvelles règles de vie. Heureusement des slogans simples les y aident « Deux pattes, mauvais, quatre pattes, bien ». Répétés aux moments cruciaux, par les partisans du nouvel ordre, ils évitent les discussions, et explications longues et inutiles, puisque de toute façon toute décision est prise dans l'intérêt de tous. Là aussi, lorsque quelqu'un veut se référer aux lois à la base du nouveau régime, la règle a été altérée. « Nul ne doit dormir dans un lit » est devenu lorsque les cochons qui dirigent la ferme se sont avisé d'y dormir « Nul ne doit dormir dans un lit avec des draps ». Mais il n'y a aucune preuve. Si on leur dit qu'il avait mal compris, ils ne peuvent que le croire.
La vie ne semble pas si facile qu'il avait été promis qu'elle serait, mais puisque le dirigeant bien aimé par la voie de son porte-parole, assure que tout est beaucoup mieux qu'au temps de l'esclavage sous domination humaine, cela ne peut être que vrai. On sent que certains animaux ont des doutes, mais ils ont déjà tant fait pour la Révolution, admettre que ce fut peut-être pour rien est au-dessus de leur force. La seule solution est de croire fermement la propagande qui assure tout est mieux et sera encore meilleur demain.
Si Orwell décrit l'URSS de Staline, le schéma qui va de la description d'un monde meilleur, à la confiscation de tous les avantages par un petit nombre est valable pour toute forme de gouvernement totalitaire.
On retrouve l'utilisation des chiffres, graphiques, arguments « scientifiques » face au ressenti des animaux. Celle du bouc émissaire, le mélange du discours de propagande et de l'intimidation voire de la terreur, le détournement du vocabulaire. La scission entre ceux qui prennent les décisions et ceux qui exécutent sans avoir pu donner leur avis, d'où découle la société coupée en deux entre les dirigeants qui investissent bientôt l'habitation, symbole des privilèges, et se réserve la meilleure nourriture parce que leur travail de planification est essentiel. le cynisme qui permet aux cochons de s'acheter du whisky avec le prix de vente à l'équarisseur d'un animal malade, pourtant parfaitement loyal.
À toute fable il faut une morale, pour moi c'est la nécessité de l'éducation. Capables de comprendre les plans, de se souvenir du passé et de comparer, doués de sens critique, les animaux auraient pu s'opposer quand il en était encore temps à la confiscation de leur volonté.

Décidément j'ai envie de découvrir les autres écrits d'Orwell.
Commenter  J’apprécie          323



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}