AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de zazy


« La piscine est profondément enfoncée sous terre, dans un vaste espace caverneux à plusieurs mètres sous les rues de notre ville »

C'est ici que se retrouve une communauté de nageurs qui vient chercher, dans l'effort, une pause dans le fracas du dessus. Ils sont autres « là en bas, à la piscine, nous n'appartenons plus qu'à l'une de ces trois catégories : les rapide, les moyens et les lents. »

« Au début, on la voit à peine, petite ligne sombre juste au sud de la bonde dans le grand bain, ligne quatre. » LA fissure, celle qui inquiète, qui fait peur, qui modifie, par sa présence, le quotidien des nageurs. Une autre apparaît, les nageurs fuient un à un. Alice, lorsqu'elle sort de l'eau oublie « Une fissure ? Mais il n'y a pas de fissure ». Les experts discutent, ergotent jusqu'à la décision finale : fermeture de la piscine. D'ici là, les nageurs, enfin ce qui en reste, sont devenus un petit cercle, la tolérance, la gentillesse, la fin de l'anonymat arrivent. Ils lui donnent même un nom « la nouvelle gentillesse » « Parce qu'à présent, nous sommes tous égaux devant l'issue commune.

Second acte et changement de décor. Plus de piscine, mais Alice dont la mémoire se fendille comme la piscine. « Elle a oublié comment elle s'est fait ces bleus sur les bras, et puis qu'elle est allée se promener avec toi un peu pus tôt dans la matinée »

Alice tombe doucement dans une maladie neurodégénérative, peut-être Alzheimer. Tant qu'elle le peut, la famille la maintient à domicile.

Troisième acte, Belavista.

« Vous êtes là aujourd'hui parce que vous avez échoué aux tests »

Le temps est, hélas, venu de la placer (j'ai horreur de ce mot dans ce contexte, mais c'est celui qui est usité). La voici à Belavista qui se dépeint comme « une résidence privée, spécialisée dans les troubles de la mémoire ». Derrière le papier glacé de la brochure ce cache un lieu où « hélas, la fête est finie », elle doit rester dans sa ligne de nage.

« Si vous ne voulez pas vous montrer docile, nous seront obligés de vous administrer un sédatif. Si vous résistez au programme de soins prévus, nous serons obligés de vous administrer un sédatif. Si vous refusez de prendre votre sédatif, nous serons obligés de vous administrer un sédatif encore plus puissant, voire, en fonction de votre degré d'obstination, de vous faire une injection ». Quel joyeux programme !!!

La famille, ici la fille et le père vont avec et les souvenirs refont surface. Tous ces signes qu'ils n'ont pas voulu voir tel le pot de crème pour le visage dans le congélateur. le père retire tous les post-il collés dans toute la maison : « elle ne rentrera plus à la maison »

Julie Otsuka parle avec beaucoup de délicatesse des fissures dans la mémoire d'Alice à mettre en regard avec la première fissure de la piscine suivie des nouvelles et de la fermeture de l'établissement. Maintenant les fissures d'Alice font qu'elle n'habite plus sa maison avec son mari et que l'établissement dans lequel elle vit désormais ressemble à un internat très strict pour ne pas employer le mot prison.

Un livre délicat
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}