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La puissance des mères est un ouvrage éminemment politique, un cri du coeur porté par l'expérience concrète d'une mère des quartiers populaires, Fatima Ouassak, qui s'est d'abord engagée au sein de l'association des parents d'élèves de l'école de ses enfants – à ses risques et périls, vu les conséquences, à mon sens, odieuses -, avant de cofonder le Front des Mères, « une organisation politique qui lutte contre les discriminations et les violences que subissent les enfants, à travers l'action collective des parents au sein des écoles, et un projet d'auto-organisation dans les quartiers populaires » (je cite ici la page de présentation du site Internet : voir https://www.front2meres.org/).

Racontant la situation connue par nombre de parents des quartiers populaires, cet ouvrage est un superbe manifeste contre la fatalité du système français qui ostracise puissamment une partie de ses enfants – pour être moi-même enseignante, je le constate trop souvent – : ceux qui sont issus de l'immigration postcoloniale. Ce sont ceux qui, dès leur plus jeune âge, apprennent à vivre dans la crainte des contrôles de police arbitraires, dans le regard parfois orienté, consciemment ou pas, de ceux qui sont chargés de leur instruction en dehors du cercle familial. Ce sont ceux qui découvriront en grandissant qu'ils font partie d'une société formée sur le principe d'une hiérarchisation raciale qui aura une incidence très forte sur leur avenir (images d'eux-mêmes, de leurs origines, de leurs capacités, de leur futur professionnel… dépréciées, par exemple).

Superbe manifeste contre cette fatalité, car, après avoir présenté avec force précisions la situation évoquée précédemment, il renvoie à des propositions concrètes, décrites de manière tout aussi précises, et pour certaines déjà mises en place, par exemple à Bagnolet. Sur l'éducation, sur la culture, sur la transmission des origines, sur la représentation féminine, sur l'écologie, de nombreuses idées tout à fait pertinentes sont proposées par Fatima Ouassak, en lien avec le Front des Mères, pour agir d'abord à l'échelle locale, afin de, qui sait, avoir des répercussions à l'échelle nationale, et ainsi permettre aux enfants des quartiers populaires de devenir, véritablement, des enfants, qui auront toutes leurs chances pour se réaliser pleinement. Superbe projet qui, j'espère, parviendra à se développer plus amplement.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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"J'ai vécu le fait d'être mère dans la tension. Je me sentais puissante et, en même temps, neutralisée, dépossédée de cette puissance". Manifeste sur la force politique des mères, le racisme structurel et le refus de la résignation, le livre de Fatima Ouassak, "La puissance des mères", est foisonnant, comme en atteste la voix de son autrice.
"J'écris ce livre en tant que mère. Comme une évidence. Car c'est en tant que mère que j'ai vécu les oppressions et les résistances analysées dans ce livre. J'écris ce livre en tant que mère habitant et militant à Bagnolet en Seine-Saint-Denis. J'écris ce livre en tant que fille d'émigrés-immigrés du Rif au Maroc, et tant que fille d'ouvrier. Mon point de vue est situé, mais je veux changer le monde entier."

Sous le préambule de la puissance des mères s'esquisse cette tension qui agite la réflexion entière de son autrice Fatima Ouassak : l'indignation enlace l'espoir, et le décryptage des discriminations subies par les habitant·e·s des quartiers populaires épouse un panorama plus global, celui des violences subies par les classes ignorées. Mères, prolétaires, enfants. Des causes qui se retrouvent à la source du Front de Mères, le syndicat de parents d'élèves des quartiers populaires fondé par la narratrice.

Un syndicat dont cet ouvrage relate les luttes (pour une alternative végétarienne à la cantine de l'école, contre la stigmatisation des mères qui portent le foulard et l'islamophobie, pour le soin et la valorisation des enfants) tout en racontant la grande histoire dans la petite. Celle des mères de famille qui ne cessent de se battre pour leurs fils et leurs filles, victimes de violences policières et autoritaires, dans l'Argentine d'hier comme dans la France d'aujourd'hui. Celle d'une "hiérarchie raciale" dont l'on ose à peine dire le nom à l'heure où celui d'Adama Traoré reste synonyme d'impunité. Celle d'une lutte, la maternité, sur laquelle s'accumulent les charges - charge mentale, racisme, sexisme, paternalisme...

Une intention ambitieuse pour un récit aux allures de manifeste. Derrière cette prise de parole très personnelle se déploie un désir collectif de réappropriation de l'espace public. Pour faire entendre par l'écriture des voix trop tues. Un ouvrage fédérateur, forcément, et féministe. Son autrice nous le démontre. Tendons-lui l'oreille.
Lien : https://www.terrafemina.com/..
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L'oeuvre de Fatima Ouassak est féministe, révolutionnaire, encourage avec force l'agentivité des femmes et mères de classe populaire et descendantes d'immigré•es post-coloniaux.
Fatima Ouassak cumule l'expérience d'une politilogue et militante, d'une professionnelle ayant accompagné des politiques publiques, et d'une mère d'origine marocaine qui se bat pour faire entrer la cuisine végétarienne dans la cantine de l'école de ses enfants, se heurtant à l'incompréhension, au racisme et au rejet à un niveau local, pour finir par être revalorisée par le mouvement écologiste. Elle montre avec brio que le mouvement politique de l'écologie s'adresse à des Blancs de classe moyenne et supérieure. Par des exemples précis, type les Amap qui sont localisés principalement dans des quartiers pavillonnaires.
Elle est cofondatrice du collectif Front de mères, syndicat de parents dans les quartiers populaires.
Dans ce livre elle croise idées politiques et expérience individuelle (de mère, de professionnelle, de militante) car tout est bien sûr lié dans son histoire. Elle aborde les discriminations, les violences policières, bref ce que peuvent subir les enfants descendants de l'immigration post-coloniale, avec un processus de désenfantisation. Les mères sont appelées à avoir un rôle de tampon, qui tempère, contient ; Fatima Ouassak refuse ce rôle assigné pour insister sur l'éducation, la transmission d'héritages politiques de résistance, la sensibilisation à l'injustice et à l'oppression.
J'ai beaucoup aimé la finesse de son argumentation, son style incisif et mordant, mais aussi son engouement lyrique sur la fin, quand elle enjoint les mères à être des "dragons".
Puissant !
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Ce livre m'a profondément troublée ! Il y fait le tableau d'une stigmatisation de la population musulmane, certes réelle et à connaitre, mais ce qui m'a dérangé c'est cette généralisation à toute la population, je n'ai pas vu d'exception faite.
En tant que médecin dans une ville où la population est majoritairement musulmane, j'ai été profondément répugnée par les allégations de violences gynécologiques systématiques, d'une réduction des femmes à de vulgaires corps.
Peut-être est-ce que la vie et les points de vue sont différents entre l'Ile-de-France et la "Province" ...
En bref, ce livre apporte certes quelques pistes mais le ton de fond, presque de victimisation m'a semblé offensant et disproportionné à voir le mal absolument partout, dans toutes les sphères et surtout cette généralisation de quelques cas à toutes les personnes "blanches" ainsi décrites dans le livre qui n'ont pas cette mentalité au quotidien.
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Absolument merveilleux !

Ce livre politique est le fruit d'inquiétudes pour nos enfants qui vivent dans une société qui les traumatise, et ce, même inconsciemment. C'est le rôle des mères de les aider, de les guider. Ce livre est un cri d'espoir par l'unité des mères.

L'auteure emploie un langage simple et accessible pour décrire des constats et des idées.

Le lecteur de trouve grandit, plein d'idées en tête, plein de solutions, même si l'inquiétude et l'angoisse restent présentes, car le monde dans lesquels nos enfants grandissent reste brutal, agressif et terriblement injustes face aux classes sociales, aux raves et aux genres.

Un message d'espoir : battons-nous pour la vie nos enfants.

Chaque sujet important y est traité de manière claire et précise.

Pour résumer : mères, agissons pour nos enfants dans un monde qui les fait souffrir !
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Merci à Fatima Ouassak pour cet ouvrage. Il est triste de lire l'histoire de la France avec les personnes qui ont quitté leur pays d'origine, et se sont faits, si ce n'est maltraiter, tuer, ou ôter leurs enfants. La société est infiltrée par le néocolonialisme, c'est ce que l'auteure soutient tout au long de l'ouvrage. Elle est politiquement très engagée et permet à un groupe de parents de faire valoir leurs désirs quant à l'éducation de leurs enfants. le début de l'ouvrage m'a prise aux tripes, je voulais pleurer tant cela me paralysait. le racisme à l'oeuvre dans ce pays idéalisé par beaucoup, donne la bile amère. Je pense que ce livre est un véritable électrochoc, utile, bien écrit, concis, direct.
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Excellent ouvrage de Fátima Ouassak qui revient sur la nécessaire réappropriation de l'action politique par les mères , et notamment les mères dans les quartiers populaires.
Ouvrage clair et accessible à tous qui dresse la liste des difficultés rencontrées par ces mères pour avoir accès à la parole publique. Fátima Ouassak démonte également le discours selon lequel les mères ( et les populations racismes, des banlieues, précarisés) n'ont aucun intérêt pour les questions écologiques. Au contraire elle démontre l'importance de redonner la parole aux personnes concernées en matière ecologique.
À mettre entre toute les mains.
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Extrait de ce livre : « Que brûlent les bibliothèques si cela peut apaiser un peu de la douleur et de la tristesse des familles de victimes policières, et de l'ensemble des enfants des quartiers populaires. » S'agissant de policiers et quartiers populaires français, donc de bibliothèques françaises, je n'ai pu m'empêcher de rapprocher cette harangue de l'autrice d'un poème d'un grand écrivain français, Victor Hugo, intitulé ''A qui la faute'' paru dans ''L'année terrible''.

En voici des extraits :
« Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?
(…)
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ?
(…)
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi ! »

Mme Ouassak, je vous invite à lire la totalité du poème de Victor Hugo.
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