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Yves Gohin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070322770
320 pages
Gallimard (23/01/1985)
3.95/5   33 notes
Résumé :
L'Année terrible est un recueil de poèmes de Victor Hugo publié en 1872. Il retrace l'année 1870 durant laquelle la France souffrit parallèlement d'une guerre contre la Prusse (ancienne Allemagne) et d'une guerre civile à Paris.

Source : Wikipédia
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De tous les écrivains "consacrés" du XIXème, Victor Hugo est le seul à s'être élevé de façon déterminée et flamboyante pour défendre les Communards, assiégés à la fois par les Prussiens, ennemis de l'extérieur, et par les "Versaillais", ennemis de l'intérieur. Lui, l'exilé, l'ennemi public n°1 de Napoléon n°3, dit Napoléon "le petit", publie L'Année terrible à l'heure où la guerre franco-allemande et la guerre civile ensemble font rage
,:
"J'entreprends de conter l'année épouvantable,
Et voilà que j'hésite, accoudé sur ma table.
Faut-il aller plus loin? dois-je continuer?
France,! ô deuil! voir un astre aux cieux diminuer!
Je sens l'ascension lugubre de la honte.
Morne angoisse!un fléau descend, un autre monte.
N'importe. Poursuivons. l'histoire en a besoin.
Ce siècle est à la barre et je suis son témoin."

ô cher, ô grand Victor, je te salue de mon humble place: tu ne t'es trompé ni sur la peine de mort, ni sur l'esclavage, ni sur le bagne, ni sur la prostitution, ni sur la condition féminine en général, ni sur le travail des enfants, ni sur la misère, ni sur la Commune, ni sur l'Empire - allez, je te pardonne ton amour aveugle pour Napoléon 1er...- Né royaliste, ultra, tu as su évoluer vers des idées progressistes et généreuses- alors que la vieillesse et l'embourgeoisement des écrivains en place les ont plutôt conduits sur des chemins contraires...

Parfois ton emphase, ton lyrisme, ton absence totale de modestie m'ont fait ricaner, mais je te demande de pardonner ces erreurs de jeunesse: tu es, tu restes, le plus grand, le plus courageux et plus populaire des poètes français...n'en déplaise à ton successeur à l'Académie, Leconte de Lisle, qui s'écriait: "Le plus grand poète de la littérature française? c'est Victor Hugo, hélas!"

Retranche ce "hélas", Charles-Marie, et nous sommes d'accord!
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La particularité du poème « L'année terrible » est qu'il relate les événements survenus en France entre août 1870 et juillet 1971, après un prologue dédié aux révolutionnaires de 1789. Cette période de 1870 et 1871 fut « terrible » à bien des égards. Dans ce poème majoritairement en alexandrins, tour à tour HUGO se fâche, se confie, dissèque la situation politique et social du pays alors qu'il vient tout juste de rentrer en France après un exil de vingt ans.

La guerre franco-allemande tout d'abord, Sedan et la déroute de l'armée française. HUGO se fait (trop ?) grandiloquent, agressif, surchauffe par des envolées lyriques cocardières et revanchardes, dénonce et menace. Attention les références historiques ou mythologiques sont nombreuses et peuvent gêner la lecture. Ses vers sont puissants, mais empreints d'une certitude qui peut donner le tournis. HUGO se place en homme de la contestation, en porte-parole belliqueux d'une France exsangue, supplie de se référer au système des Etats-Unis, prenant sociétalement exemple sur eux (le Président LINCOLN a été assassiné cinq ans auparavant).

Puis vient la révolte du peuple de Paris affamé. Malgré ce qu'il a pu écrire précédemment dans ses alexandrins, il se fait maintenant méfiant, distant envers ceux qu'il nomme les « ignorants ». La foule se soulève, HUGO reste droit dans ses bottes, attentiste en diable. D'autant que sa vie privée est constellée de drames, notamment le décès soudain de son fils Charles en mars 1871, et enterré le jour même de la proclamation de la Commune de Paris, le 18 mars.

HUGO tente de surnager, insiste sur sa tragédie personnelle, vante les mérites de ses enfants restants, mais bien vite revient au combat par sa plume. Etonnamment, ce n'est que lorsque la Commune de Paris est renversée et que les versaillais reprennent le pouvoir que le poète semble enfin voir en ce mouvement social une grande force. Contrairement à ce qui a pu être dit et écrit ici et là, HUGO n'est pas entré en lutte dès le début de la Commune (et comme elle ne dura que deux mois, il n'est pas exagéré d'écrire qu'il l'a en partie loupée). Voici ses vers sur la société écrits en mai 1871, alors que la Commune tient encore debout, mais plus pour très longtemps :

« Au sauvage embusqué dans la forêt du mal ;

Elle [la société, nddlr] répond de tout ce que peut faire l'homme ;

La bête fauve sort de la bête de somme,

L'esclave sous le fouet se révolte, et, battu,

Fuit dans l'ombre, et demande à l'enfer : Me veux-tu ?

Etonnez-vous après, ô semeurs de tempêtes,

Que ce souffre-douleur soit votre trouble-fête,

Et qu'il vous donne tort à tous sur tous les points ;

Qu'il soit hagard, fatal, sombre, et que ses deux poings

Reviennent tout à coup, sur notre tragédie

Secouer, l'un le meurtre, et l'autre l'incendie ! ».

Oui, HUGO use et abuse du point-virgule, cette ponctuation hybride. Mais revenons au fond de sa pensée. HUGO souffre dans ses entrailles, et peut-être minore-t-il la douleur du peuple, il ne semble en tout cas pas la prendre à sa juste valeur, jusqu'à ce que les nombreux massacres et autres exactions de l'armée versaillaise soient enfin dévoilés.

HUGO est victime d'une tentative d'assassinat à Bruxelles, suivi d'une expulsion De Belgique, il plie mais ne rompt pas. Il veut se faire prophète, mais paraît pourtant écrire si loin du peuple, si loin de l'enfer quotidien de la masse. Il ne se prive pas d'un ton empreint d'une certaine condescendance et n'évite pas les paradoxes, les contradictions de sa pensée. Tour à tour, et en quelques mois voire quelques semaines d'humeur vengeresse puis humaniste, il semble isolé sur la scène politique, s'agitant pour qu'on le lise, le comprenne, lui l'intellectuel un peu trop sûr de lui en campant sur ses acquis.

Il n'en reste pas moins que « L'année terrible » est un sacré exercice de style, un grand tour de force, près de 300 pages en alexandrins, pleine d'un langage certes élitiste mais ciselé à l'extrême, malgré quelques rimes « faciles » (je sais, c'est très aisé de déclamer ce point de vue le cul vissé sur un fauteuil quelque 150 ans après les faits). Malgré ses défauts, son ton, ce poème écrit « en direct », donc sans recul aucun, est une radiographie sensible et parfois désespérée de 1870/1871 dans ce pays de France, et malgré, je le répète, cette certitude d'une toute puissance qui autorise un certain mépris, sûre de l'écho à venir. Texte non dénué d'intérêt, même s'il se focalise de manière un peu nombriliste sur Paris.

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Les Châtiments étaient un cri violent de colère, de rage, d'ironie sublime et cinglante. Mais ils se fermaient sur "Stella", poème d'un "Voyant" avant l'heure, qui rêvait et "voyait" l'espoir apparaître.
L'Année terrible s'ouvre sur la chute tant attendue de Napoléon le Petit, mais elle n'apporte pas le soulagement prévu. Au contraire, cette chute est liée à la guerre étrangère, au siège et à l'occupation, à l'humiliation de la défaite, aux horreurs de la guerre civile. Ce n'est donc plus un combattant farouche de la Liberté qui nous parle, celui qui avait promis d'être le dernier dans "Ultima verba", mais un fantôme comme il le dit lui-même. Celui d'un vieillard inutile pour combattre, celui d'un père qui perd à nouveau un enfant, celui d'un écrivain qui appelle en vain à l'unité. Victor Hugo émeut par ses fragilités, par ses douleurs personnelles qui raisonnent en chacun de nous - comme le livre "Pauca meae" des Contemplations, le livre de la souffrance. Même l'écriture de Hugo souffre, on ne retrouve pas la flamboyance des Châtiments, ses innovations stylistiques avec les ruptures de rythme, les dialogues d'allégories, les contrastes entre l'épopée de l'Oncle et la bassesse du Neveu. Non, ici, "juste" des alexandrins qui s'accumulent, qui disent les pertes, les douleurs, intimes et collectives, celles de l'homme comme celle de la France, des Parisiens comme du monde.
Mais de ses souffrances, Hugo tire à nouveau le sublime. Avec les quelques notes de clarté que sont les vers en hommage à Georges et Jeanne qui annoncent l'Art d'être grand-père. Avec son hymne répété à la fraternité, lui qui se place toujours, dans ses écrits comme dans ses actes, du côté des plus faibles, du côté des Misérables, et donc du côté des Communards, qui l'émeuvent car vaincus. de très beaux poèmes sur l'importance de l'éducation, du livre et de la bibliothèque, du patrimoine qu'il faut préserver car il est notre histoire.
Je veux terminer par les vers sur Paris outragé et martyrisé, Paris la ville-lumière, la ville-flambeau du monde. Hugo évoque le fanatisme de destruction qui refuse la culture, qui prône une religion de haine et de violence, qui ne peut accepter la liberté d'expression et la critique ironique et spirituelle, qui veut détruire Paris car elle incarne la liberté. le contexte a changé, ces vers ont pris une nouvelle force dans cette période troublée.
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Pour Hugo, cette année 1870-1871 est vraiment terrible. Patriote, il assiste à l'invasion de la France par la Prusse. Républicain, il souffre de l'extrême faiblesse de cette nouvelle République tant espérée. Idéaliste, il est déchiré par l'affrontement violent entre réactionnaires et révolutionnaires (et son incapacité de choisir entre eux me semble pitoyable). A titre privé, il apprend la mort subite de son fils Charles ! Dans de telles circonstances dramatiques, d'autres auraient abandonné leur plume. V. Hugo, lui, ne cesse d'écrire. Des poèmes longs, sans originalité de forme et sans génie, ancrés dans l'actualité et en même temps se référant lourdement à sa (vaste) culture classique. J'aurais aimé lire des textes plus simples, plus personnels, moins convenus. Mais c'est Hugo, hein ?
Quelques poèmes me semblent passables. Je mets en citation sur Babelio le début d'une (longue) poésie, où il défend avec conviction sa conception de Dieu, opposée à celle des religieux conservateurs.
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Paris se meurtrie d'une présence se faisant ennemie de sol et de culture.

Les rimes assènent leurs consonances et résonances aux armes de l'envahisseur.

Année que cette fin de siècle, dix neuvième moribond de lui même et de ses jugements.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
À QUI LA FAUTE ?

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi ! Dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! Quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit ; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.
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Je défends l’égaré, le faible, et cette foule
Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule
Et tombe folle au fond des noirs événements ;
Étant les ignorants, ils sont les incléments ;
Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire
À vous tous, que c’était à vous de les conduire,
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement produit leur cécité ;
D’une tutelle avare on recueille les suites,
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes.
Vous ne les avez pas guidés, pris par la main,
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;
C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité.

XIII. À CEUX QU'ON FOULE AUX PIEDS.
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SUR UNE BARRICADE

Sur une barricade, au milieu des pavés
Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés,
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
- Es-tu de ceux-là, toi ? - L'enfant dit : Nous en sommes.
- C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller.
Attends ton tour. - L'enfant voit des éclairs briller,
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l'officier : Permettez-vous que j'aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?
- Tu veux t'enfuir ? - Je vais revenir. - Ces voyous
Ont peur ! où loges-tu ? - Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine.
- Va-t'en, drôle ! - L'enfant s'en va. - Piège grossier !
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;
Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala,
Vint s'adosser au mur et leur dit : Me voilà.

La mort stupide eut honte et l'officier fit grâce.
[...]
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Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?
— Oui.
J’ai mis le feu là.
— Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l’aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l’homme antique, dans l’histoire,
Dans le passé, leçon qu’épelle l’avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes ! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des Jobs, debout sur l’horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l’esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C’est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit ; parce qu’il brille et qu’il les illumine,
Il détruit l’échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d’esclave et plus de paria.
Ouvre un livre, Platon, Milton, Beccaria ;
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille ;
L’âme immense qu’ils ont en eux, en toi s’éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu’eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t’enseignent ainsi que l’aube éclaire un cloître ;
À mesure qu’il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t’apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l’homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C’est à toi, comprends donc, et c’est toi qui l’éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints !
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l’erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l’ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
— Je ne sais pas lire.»
▬ Victor Hugo. (« A qui la faute ? », Publié dans "L’année terrible", recueil de poèmes paru en 1872, ce texte fut écrit en juin 1871, juste après l’incendie des Tuileries et de sa bibliothèque par des insurgés parisiens.)
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Les siècles sont au peuple...

Les siècles sont au peuple ; eux, ils ont le moment,
Ils en usent. Ô lutte étrange ! Acharnement !
Chacun à grand bruit coupe une branche de l'arbre.
Là, des éclats d'airain, là, des éclats de marbre ;
La colonne romaine ainsi que l'arc français
Tombent. Que dirait-on de toi si tu faisais
Envoler ton lion de Saint-Marc, ô Venise !
L'histoire est balafrée et la gloire agonise.
Quoi qu'on puisse penser de la France d'hier,
De cette rude armée et de ce peuple fier,
Et de ce que ce siècle à son troisième lustre
Avait rêvé, tenté, voulu, c'était illustre.
Pourquoi l'effacement ? qu'a-t-on créé d'ailleurs
Pour les déshérités et pour les travailleurs ?
A-t-on fermé le bagne ? A-t-on ouvert l'école ?
On détruit Marengo, Lodi, Wagram, Arcole ;
A-t-on du moins fondé le droit universel ?
Le pauvre a-t-il le toit, le feu, le pain, le sel ?
A-t-on mis l'atelier, a-t-on mis la chaumière
Sous une immense loi de vie et de lumière ?
A-t-on déshonoré la guerre en renonçant
A l'effusion folle et sinistre du sang ?
A-t-on refait le code à l'image du juste ?
A-t-on bâti l'autel de la clémence auguste ?
A-t-on édifié le temple où la clarté
Se condense en raison et devient liberté ?
A-t-on doté l'enfant et délivré la femme ?
A-t-on planté dans l'homme, au plus profond de l'âme,
L'arbre du vrai, croissant de l'erreur qui décroît ?
Offre-t-on au progrès, toujours trop à l'étroit,
Quelque élargissement d'horizon et de route ?
Non ; des ruines ; rien. Soit. Quant à moi, je doute
Qu'on soit quitte pour dire au peuple murmurant :
Ce qu'on fait est petit, mais ce qu'on brise est grand.
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