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Critique de mylena


Cet ouvrage est une curiosité, mais il est aussi bien plus. Son sujet : l'histoire, bien réelle, de la maîtrise très rapide d'une épidémie de peste pulmonaire à haut potentiel de pandémie mondiale par l'URSS de 1939. L'histoire ne pouvait sortir avant la fin des années 80. A l'époque Ludmila Oulitskaïa écrit ce texte, un scénario de film, en fait. le film ne se fait pas, puis en 2020 le Covid donne de l'actualité à ce texte qui se retrouve publié tel quel. le texte est riche, il y a de la matière, de quoi développer bien plus, il y a de quoi faire un roman. Cela se lit comme une pièce de théâtre avec beaucoup de personnages (38 tout de même!), ce qui permet de varier situations et réactions. L'écriture tient du Revizor de Gogol, avec un soupçon de l'humour de Vladimir Voïnovitch, des répliques ironiques et hilarantes (virus et bactéries sont censées obéir à la dialectique marxiste). Sauf que c'est tout de même écrit à une époque où le côté critique pose moins problème, encore qu'il soit, semble-t-il, depuis un bon petit moment redevenu difficile de critiquer le régime stalinien. Un délice à lire, si ce n'est que l'histoire rapportée fait froid dans le dos. Pour une fois, probablement la seule, l'humanité peut remercier la redoutable efficacité du NKVD : identification et mise en quarantaine des cas contacts; en 48 heures, 83 personnes (les passagers d'un train, les résidents d'un hôtel, les présents à une conférence) sont extraites manu militari de chez elles et isolées de force à l'hôpital pendant plusieurs jours. Nous sommes en 1939, la plupart de ces personnes ont cru être arrêtées dans le cadre d'une purge stalinienne. Ce qui donne quelques scènes désopilantes. Mais, tout finit bien : « Ce n'était que la peste » ... Dans sa postface Ludmila Oulitskaïa pose de vraies questions sur la nature du pouvoir, sur la liberté, sur les dangers des forces de la nature et celui des forces totalitaires.
En mars Ludmila Oulitskaïa a quitté la Russie...
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