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Critique de LicoriceWhip


Dès que sa bouche fut pleine, une dystopie où le bien-manger est quasi-obscène et le sexe aussi banal que de se brosser les dents. Une fois qu'on a dit cela, on a à peu près tout dit sur cette aimable et inoffensive fable étirée comme du chewing-gum sur 200 pages, là où une nouvelle de 50 aurait suffi.

L'inversion radicale où chacun se retrouve non pour dîner, mais pour baiser, où les clubs échangistes ont pignon sur rue comme des brasseries et où les cours de cuisine sont réprimés et traqués comme des maisons de passe, est trop systématique et démonstrative pour produire la stupeur et le malaise. La faute sans doute également à une époque (la nôtre) qui n'a jamais autant célébré la cuisine et la bouffe, par des dizaines d'émissions culinaires, de comptes Instagram consacrés au sujet, jusqu'à l'invention du hashtag Foodporn ; mais également où les comptes Instagram sexo/test de sex-toys/éducation sexuelle sont légion, et où le sexe est partout, décortiqué, commenté. Là où Juliette Oury touche quelque chose, c'est peut-être la notion de plaisir qui semble être le grand tabou dans cette omniprésence du sexe, et où la répression larvée sur la consommation de viande, de gras, de sucre est indéniable.

Elle n'en fait pourtant pas grand-chose et déroule une petite intrigue où son héroïne qui s'ennuie dans un couple où l'on se nourrit de barres nutritives sans saveur, et qui baise tous les matins avant de partir au boulot (bien évidemment un travail de bureau avec des open-space) va se réveiller un jour avec une faim terrible et partir à la recherche de l'interdit alimentaire. Pour pallier cette minceur narrative (ses personnages sont pour le moins génériques et sans personnalité), elle abuse de la description ad nauseam : un carré de chocolat est scanné pendant deux pages, une visite au supermarché (le « Pornoprix ») est détaillée à n'en plus finir… et ce procédé est largement répété au long du texte. Si on parlait de nourriture extravagante comme un poulet en vessie ou de plats inventés pour l'occasion, cela serait passionnant, mais la cuisson d'une ratatouille ou croquer dans une pomme (symbolisme !) nécessite-il ce délayage ? Quelques tentatives pour aborder le sujet du viol et de l'agression sexuelle sous l'angle culinaire tombent hélas à plat, même si la scène où Lætitia est nourrie de force au piment est bien vue. Roman plutôt dispensable néanmoins.
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