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Critique de magalette


Un titre qui claque, j'aime ça. Une autrice connue, déjà lue. Déjà convaincue par son écriture âpre et percutante que j'avais aimée dans « Ce que je sais de Véra Candida » et « Personne n'a peur des gens qui sourient ».
Je chope l'animal par la peau du cou dans cette boite à livres où il est tapi. Impact immédiat dés les premières lignes. J'aime. C'est décalé et intriguant. On construit pas à pas un sens aux désordres de Rose, ceux de sa vie instable entre une mère séductrice et énigmatique au crâne brulée et un Monsieur Loyal habillé plus d'ombres que de lumière puis ceux de sa pensée : des désordres psy, une imagination débordante et envahissante, un retard intellectuel autant que physique mais un esprit foisonnant, en totale ébullition, étriqué dans ce petit corps enfantin alors qu'il aborde l'adolescence.
Rose a 15 ans et en paraît 7. Elle souffre d'un gros retard de pensée et son esprit parfois bat la campagne et laisse le corps en rade sans plus personne aux commandes. Or cet esprit folâtre est aussi un merveilleux compagnon pour Rose qui peut ainsi tout à loisir et avec presque rien se reconstruire un monde aux couleurs plus vives, réécrire ce qui ne lui plaît pas de sa vie, volontairement transformer le sordide en théâtre de marionnettes. Confronter à la disparition subite et sans explication de sa mère qu'elle adule et admire, Rose qui n'admet pas l'immobilisme de Monsieur Loyal prend les choses en mains et décide de traquer les raisons de cette disparition jusqu'à déloger la vérité tapie au fond d'une cave.
Qu'est-il préférable de croire pour une enfant pour qui le monde reste une énigme : la vérité toute crue ou un conte délicieusement trouble et juste un peu effrayant réécrit par son esprit fantasque ? Une fin abrupte et sèche que j'aurais volontiers retardée. J'aime quand un livre me happe dans son ventre et ne se donne pas si facilement. Ai-je tout compris ? Je relis cette phrase énigmatique. Que veut dire Ovaldé ? de quoi Rose est-elle faite ? de chagrins, de culpabilités, de dépression, de narcissisme, de troubles obsessionnels ? « Comment avait-elle osé partir et ne pas m'emmener ? J'ai pris la disparition de maman entre mes mains, j'en ai fait une boule toute serrée, je l'ai avalée pour que l'ennemi ne la trouve pas. » Folle ou géniale créatrice de contes, Rose me mène en bateau comme la romancière qui avance masquée derrière cette Alice dévoreuse de lapins, grandissant et rapetissant tout à la fois, flottant entre les circonvolutions de l'enfance et le monde cruellement réaliste des grands.
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