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Critique de lafilledepassage


Bon je vais jeter un pavé dans la mare…

Je n'ai pas du tout aimé cette lecture, au grand dam de ma bibliothécaire qui me l'avait glissé entre les mains, d'un air entendu en me susurrant, la voix pleine d'émotion : « C'est le chouchou de toutes les bibliothécaires ». Et probablement aussi au grand dam des centaines d'admirateurs et de quelques-uns de mes amis …

Bon ben maintenant il faut assumer , et me justifier, hein ? Ouais ça serait bien…

D'abord, j'ai trouvé l'histoire de Kya, la petite fille abandonnée des siens dans les marais inhospitaliers, complétement invraisemblable ! Comment une petite fille peut-elle survivre seule dans un milieu aussi hostile ? Et puis, quelques années plus tard, comment peut-elle lire des thèses de biologie sans avoir été à l'école, ni même bien sûr à l'université ? Comment peut-elle devenir, dans ces conditions, l'auteure d'ouvrages de référence sur la vie des marais ? Certes elle connait le milieu mieux que personne mais de là à en écrire des best-sellers, j'ai des doutes. Les chercheurs aguerris et autres érudits s'étoufferont certainement devant tant d'inepties. Je comprends qu'on puisse être séduit par l'idée qu'il suffit de s'y mettre pour devenir savant, mais malheureusement ce n'est pas la réalité. C'est le mythe américain du « si tu veux tu peux » en plein dans le mille.

Ensuite la psychologie de la jeune fille est pour le moins surprenante : elle se débrouille magnifiquement (ça en est d'ailleurs tout à fait incroyable) bien toute seule, elle ne quitterait pour rien au monde sa cabane dans les marais, le ciel bleu et sa liberté de mouvement. Et on voudrait nous faire croire que son rêve le plus cher est de trouver un bon petit mari, de lui pondre des gosses et de leur torcher le cul ! Allons bon ! On est en plein cliché ici, non ? Un si grand écart entre la vie quotidienne de la jeune femme et ses ambitions doit générer beaucoup de souffrance, mais quasiment pas un mot là-dessus.

Et encore c'est très bavard, tout au long du livre. le tout est écrit à l'eau de rose, mielleux jusqu'à l'écoeurement, jusque dans les poèmes d'Amanda Hamilton qui sont d'un nunuche affligeant (désolée mais j'ai vraiment pas du tout aimé). Ça grouille de détails inutiles, les cent premières pages se diluent dans des faits de la vie quotidienne sans réelle importance ni intérêt. Les suivantes aussi d'ailleurs. Au lieu de susciter de la compassion, cela a provoqué un profond ennui. Il n'y a pas vraiment de suspense, l'énigme du meurtre n'en est pas vraiment une, car l'auteure ne nous apporte pas de quoi nourrir des thèses alternatives à ce qui semble évident. Lors du procès, les témoignages des uns et des autres sont balayés avec une simplicité déconcertante, déconstruits en deux temps trois mouvements. Tout est cousu de fil blanc. Et même les dernières pages ne m'ont pas surprise.

Bon, côté points positifs … Ben ouais tout ne peut pas être noir quand même. Un peu de nuances, ça ne fait pas de mal. Je noterai un passage en fin de livre (eh oui il faut tenir jusque-là… admirez ma persévérance) où Kya trouve des ressemblances entre les hommes de loi qui président à son procès et les mâles des espèces animales présentes dans le marais. Bon, ça m'a fait sourire, et il était temps.

Enfin j'ai apprécié le voyage culinaire de la Caroline du Nord. Je ne suis jamais allée aux Etats-Unis (et je n'irai probablement jamais, ce n'est pas le pays qui m'attire le plus) , j'ai donc probablement une idée très fausse à leur sujet, basée sur des préjugés, des rumeurs et des témoignages de proches, mais j'ai découvert que les Américains mangeaient autre chose que des hamburgers arrosés de milk-shakes. Apparemment il y a une cuisine locale et l'auteure en dresse un catalogue assez alléchant. J'ai noté la tourte au poulet, les beignets de maïs, les crevettes épicées, le pain de maïs avec des morceaux de couennes rissolées, la tourte aux mûres et sa crème épaisse arrosée de bourbon, le ragout de patates douces, la tarte aux noix de pécan, huîtres frites, saucisses piquantes au cheddar, truites aux amandes, … mais pas de quoi me faire traverser l'océan quand même !

Tout ça me donne grand faim et je m'en vais me consoler avec un bon plat réconfortant bien de saison …
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