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Critique de Dandine


La croisade des enfants, de Schwob, m'a remis en memoire cet ancien livre d'Amos Oz. Il contient deux longues nouvelles. La deuxieme est sans grand interet a mon avis, pas du meilleur de cet auteur en tous cas. Mais la premiere…! Elle continue de remuer dans ma tete, de bonnes annees après ma premiere lecture.

Une relativement petite compagnie de croises part de France au printemps 1096, menee par un modeste noble, Guillaume de Touron. Leur avancee est empreinte de cruaute, se fournissant vivres (et femmes) dans les villages qu'ils traversent par la voie des armes. Ils reservent une ferocite particuliere aux juifs qu'ils rencontrent. Les deboires de leur route les amenent a se croire infiltres par des juifs, ou par des esprits judaisants, et ils s'entredechirent. Ils s'amoindrissent. Ils sont peu a peu gagnes par un etat de barbarie, par une sorte de degenerescence morale et physique. Ils n'atteindront aucun but, et finiront dans un rude hiver montagneux, luttant sans espoir contre le froid, la faim et la folie.

C'est une croisade de mort. Ce qui commence comme un chemin de redemption finit en cauchemar. Partis instaurer ailleurs un royaume divin, ces croises (ici c'est plutot cette bande amorphe d'aventuriers et d'illumines) se satanisent en fait eux-memes au cours de leur marche.
Je crois que le theme de cette nouvelle est exceptionnel dans l'oeuvre d'Amos Oz (Ce que j'en ai lu). En general il decrit la societe israelienne qu'il connait, et la on dirait qu'il s'attaque a d'antiques, a d'ataviques reminiscences juives: les souffrances engendrees en Europe par le passage des groupes croises. Mais Oz va plus loin: le convoi qu'il decrit ne seme pas terreur et souffrance seulement autout de lui, mais aussi en son sein. La haine est autodestructrice.

En fait la deuxieme nouvelle, Amour tardif, traite aussi de haine non inhibee, immoderee: celle que porte un conferencier syndicaliste vieillissant aux bolcheviques et a la Russie. Sans raison veritable, cette haine est, dans ce cas-ci aussi, autodestructrice.

Dueux longues nouvelles. Une qui m'a impressionne, la deuxieme beaucoup moins. Je deuvrais donner une note moyenne: trois etoiles. La nouvelle eponyme fait grimper cette note a quatre (mes notations tiennent plus de l'humeur du jour que des sciences exactes!).
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