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Critique de ChristianLV


Bonjour,
Je viens de lire l'ouvrage, je l'ai bien aimé.
C'est bien écrit, bien traduit.
Ce conte n'est que la moitié d'une histoire, mais comme elle implique des enfants, il leur revient d'imaginer la suite.
Il pose la question de la condition animale, la servitude à l'égard de l'homme, soit par domestication soit que les animaux soient réduits à des aliments, des choses. Cette longue nouvelle nous raconte l'histoire d'une révolte d'un monde animal qui décide de fuir les habitants d'un village. Ceux-ci, prisonniers de leurs dénis et de leurs peurs, deviennent si étrangers à leur environnement qu'ils se confinent, s'isolent dans leur quotidien, une sorte de prison, un village isolé dans une montagne "hostile", habitée par un démon : NEHI.
Les villageois sont montrés comme un groupe d'individus indissolublement liés les uns aux autres par leurs relations familières incluant les mécanismes pervers d'exclusion au sein des groupes humains qui se choisissent des souffre-douleurs. Et la manière dont ceux-ci se protègent en se solidarisant de la condition animale et en utilisant judicieusement les faiblesses des hommes : leurs superstitions.
Ce sont des enfants, potentiellement libres de préjugés, qui peuvent se libérer de ces liens, et partir à la découverte de la vérité et d'un monde non pas hostile, mais réagissant de la manière dont on l'aborde : soit en ami, soit en ennemi.
Le plus intéressant est pour la fin : les enfants, loin de choisir de rester avec NEHI et les animaux qu'il héberge en son paradis, choisissent de retourner au village. le conte se termine ainsi, sans parler de la suite, en particulier de l'accueil qui leur sera réservé, ni des efforts qu'ils devront faire pour réconcilier les villageois avec la nature qui les environne, pour autant que cela soit possible.
Ce conte entre en résonnance avec la tradition biblique, philosophique (Platon citant Socrate) et chrétienne : comment est reçu celui qui a découvert la liberté et qui doit l'annoncer à ceux qui sont encore prisonniers de leurs peurs, de leurs mauvaises habitudes. Tel est la vocation ingrate des prophètes dans l'ancien testament. Quant au Christ, il finit sur la croix : cette suite de l'histoire n'est pas contée, il ne faut pas décourager les enfants ... C'est ce qui se passe pour Jeanne d'Arc. Lorsqu'elle part à Chinon pour libérer Orléans, elle ne voit de son destin que la victoire sur les anglais et la couronne posée à Reims sur la tête de Charles VII et n'imagine pas terminer son itinéraire sur le bûcher de Rouen "par grande victoire !" comme le lui annonce l'Archange Saint Michel.
Je n'ai pu m'empêcher en lisant cet ouvrage de penser à la chanson de Félix Leclerc "A minuit dans le bois, quat' petits frères et soeurs, qui se meurent de peur dans une cabane en bois ..."
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