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Critique de cardabelle


Tout d'abord, honneur à Monsieur Jaenada car j'ai quitté l'univers de "La Serpe" avec ce livre sous le bras ; picorer une once de sa culture est toujours bien tentant !
C'est la curiosité qui a motivé mon désir d'aborder l'auteur de "Les Jeux Sauvages " , prix Goncourt 1950 ( oublié et contesté *).
J'ai choisi son second (et dernier roman ) car il me semblait hors normes, ludique et déjanté .
Et là, je n'ai pas été déçue !

Je passe sur le résumé car encore une fois ,la quatrième de couverture dévoile plus que largement l'intrigue et on va dire que la lecture se déroule sans surprises, tout est dit !
Mais , très vite , on est emporté dans une sorte de cavalcade au rythme effréné où foisonnent péripéties, pensées profondes, situations burlesques et sarcasmes.

Alors, voilà : il s'agit d'une sorte de fable divisée en quatre chants , écrite dans un style rabelaisien , foisonnant , provocateur, iconoclaste .
Un traité sur la liberté et le bonheur aux couleurs anarchistes, à l'aspect antisocial pour mieux glorifier une quête d'absolu , un rêve puriste .

Maxime, le héros croit qu'il est possible de prétendre au bonheur sur terre en renouant avec la vie sauvage ,la plus naturelle qui soit ,en se rapprochant le plus possible de la vie animale .
Une utopie qui abolit les barrières sociales , qui réunit les espèces du vivant pour permettre une existence autarcique en excluant totalement le travail .
Le cadre est tout trouvé en la propriété d'une comtesse dévolue à la cause , bousculant de facto les théories sur la possession et il fallait bien un moyen pour vivre isolés de la société conventionnelle ! ( soit... je pinaille )

C'est un livre étonnant , un texte souvent poétique emporté par de grandes envolées lyriques qui alternent entre situations cocasses , pensées philosophiques et humanistes , satire sociale et désespérance . Plus d'une fois, j'y ai vu l'ombre de Boris Vian .

Mais, en revanche, j'ai été désagréablement surprise par le sort fait aux femmes : un monde meilleur fait d'égalité , de renoncement au pouvoir, aux richesses, un monde d'amour , ce monde là réserverait à la femme le rôle de génitrice et d'amante décérébrée , des femelles bien grasses ! Plusieurs fois un parallèle avec les vaches se voulant humoristique m'a cependant paru bien maladroit et violent tant il était insistant .
Alors, je dirais que cet ouvrage est une curiosité à replacer sans doute dans son époque . J'y ai vu , malgré tout comme un regret de l'émancipation de la femme avec le thème éternel de "la maman et la putain" ...pour le rêve, on repassera !

Cependant en matière d'écologie , l'auteur apparaît plutôt comme un visionnaire ; il met en garde contre la maltraitance de la terre , de la faune , de l'écosystème .
Des préoccupations bien actuelles nées il y a déjà soixante ans ...

C'est aussi un pamphlet , un plaidoyer contre la religion , la colonisation et l'anéantissement des valeurs propres aux peuples premiers .
Un traité sur la liberté , dénonçant les méfaits de la civilisation qui peu à peu vole les grands espaces .

C'est une quête d'absolu .
C'est un poème empreint de rêve et de sensibilité mais aussi de révolte et de violence animale .
C'est un cri de désespoir.

Un livre étrange qui me restera en mémoire.



* c.f. "Le Monde des Livres"
article de Pierre Assouline du 28 Août 2008 .


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