Le dernier des Camondo de
Pierre Assouline
Famille Cahen d'Anvers - pages 155/156
Mais c'est à Renoir, rencontré à une réception chez les Charles Ephrussi, qu'il échut d'exécuter (les portraits) ceux de leurs filles.
Après avoir peint la vénérable Mme Eugène Fould et le petit Fernand Halphen, il se rendit donc chez les Cahen d'Anvers qui vivaient alors avenue Montaigne, en attendant que soit achevée la construction de leur hôtel de la rue Bassano. (cet Hôtel particulier dit "Bassano" fut saisi par les nazis dont ils firent l'un des camps parisiens avec "Lévitan, et Austerlitz).
D'abord Élisabeth et Alice, "Rose et Bleue" représentait les deux adolescentes, debout de face, dans leurs plus beaux atours mais sans grâce et sans mystère. Elles avaient l'air d'être posées là. Puis "Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", autre huile sur toile de 64 x 54 cm. En deux séances de pose, le peintre avait su restituer toute la délicatesse de son modèle. Saisie en buste de demi-profil, robe à jabot et volants de dentelle, les mains sereinement posées sur les genoux, sa belle chevelure rousse sagement étalée de dos, un petit nez retroussé dans le prolongement d'une lèvre supérieure joliment ourlée, cette petite fille qui n'avait pas dix ans était déjà entièrement contenue dans ses grands yeux clairs. Son regard, perdu dans le vague, hésitait entre l'ennui et la mélancolie. ON voudrait y déchiffrer son secret. Peu d'œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d'un enfant.
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