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Critique de The_Noir


Que ne suis-je né roumain pour partager mes vers avec cette noble et brillante ethnie à l'imagination dans les nuages et les doigts feuillus comme branches de sagesse sur le papier de nos rêves ? En sol roumain, dans les Carpathes, dans la plaine, la poésie semble pousser comme menthe folle, il suffit de délicatement l'effeuiller et le rêve se répand en vers tranquilles et inspirés.

On y lit avec fascination les vers illuminés et visionnaires de Ionut Calota:
"Le soleil rêve qu'il traverse la rue"

Ou encore ceux de Radu Ulmeanu
"pendant le sommeil on entend couler la lumière"

On y lit avec passion cette poésie hallucinée de George Mihalcea
"le rêve présent n'est rien d'autre
qu'une histoire inachevée
dont tu ne peux plus sortir
jusqu'à ce qu'il soit dévoré
par les chiens de la mémoire"

On y lit partout avec délices ce chant de l'amour, non pas l'amour mièvre mais l'amour combattant, l'amour vainqueur, synonyme de vie :
"là où il n'y a pas de l'amour, la guerre n'y est pas non plus." (Costel Stancu)

On y rencontre la vie simple, les soupirs, les désirs de l'âme féminine chez Carmen Mari Mecu :
"j'étais triste
bien avant ma naissance
ensuite je suis venue en ce monde
du mieux que j'ai pu"

Ou encore la maternité magnifiée de Daniele Toma:
"je jette vers le haut le miroir et en tombent de petits humains,
il paraît une sorte d'inutile geôle, avec des barreaux se promenant libres
et se recouvrant les uns les autres comme s'ils craignaient
de se dorer au portail du baiser
de le tenir occupe "

On y retrouve avec intérêt cette préoccupation de préserver la poésie comme cette langue à part, garder l'écriture comme une chose précieuse parmi la désolation de notre quotidien, un privilège mais aussi un esclavage:
"contemplons donc un chaussette trouée
jusqu'à ce qu'en suinte de la poésie" (Carmen Mari Mecu)

"Tout ce que j'écris contre moi sera retenu.
M'arrêter je ne peux, m'arrêter je ne peux
même si je sais que jusqu'au bout les mots
mécontents de ne pas en avoir trouvé,
pleinement la signification, se montreront
en mensongers témoins." (Costel Stancu encore)

On y confirme enfin notre profonde intelligence de la poésie avec Mihail Ciobanu:
"la poésie est l'écume des Templiers
c'est pourquoi je ne peux respirer que des métaphores
l'épée sacrée qui fend les ténèbres de l'âme humaine
l'arc voltaïque qui nous purifie des scories
et me rappelle le chant monosyllabique
du daim en rut

le tohu-bohu des montagnes nous délivre du brouillard
la poésie est la communication avec les anges
elle est le rythme sacré des mains qui ont pétri les dieux
elle le dernier espoir... "

Que ne suis-je né roumain pour voir mes vers si poétiquement traduits par Gabrielle DANOUX et répandus en Francophonie comme neige de printemps sur les cimes de la littérature française ?
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