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Environ 33 500 mots (constituant 270 poèmes) sont passés en trois petits mois entre mes mains (tremblantes de joie) de traductrice. C'est avec immense plaisir que j'ai pétri ce recueil certainement « imparfait » ou, en tout cas « perfectible », mais que j'ai aimé pour sa variété, pour ses nombreux sonnets habilement tournés en roumain qui traitent de thèmes variés, même si la plupart du temps il s'agit du trio classique amour-mort-mysticisme. À noter toutefois, que la réflexion sur la poésie, le communisme (des souvenirs de ces temps pas très glorieux) ou la guerre en Ukraine (Gabriel Dinu) sont également évoqués. Certains poèmes sont même inédits.
Mihai Ciobanu (lui-même poète), courageux meneur de troupes et responsable de l'Association Poemania, a réuni 10 poètes parmi les meilleurs qui créent et vivent actuellement en Roumanie (à l'exception de George Mihalcea, décédé en janvier 2020) et qui sont tous ravis de rencontrer ainsi le public français. Pour trois d'entre eux (Gabriel Dinu, Costel Stancu et Ionuț Calotă) ce n'est pas réellement une première, car ils ne sont pas à leur première traduction en français. Deux femmes également (Daniela Toma et Carmen Maria Mecu), à ma grande joie, car je milite ouvertement pour une plus grande présence féminine dans les lettres roumaines à l'étranger.
Je termine cette courte présentation par de sincères remerciements pour l'aide à l'édition à Daniela Toma et Gabriel Dinu. On a l'impression qu'avec les plateformes d'édition comme BoD tout est simple, mais ce n'est qu'illusion. le travail fourni est considérable et je ne suis pas seule à l'avoir accompli cette fois-ci. Puissent les amoureux de poésie et même ceux de la Roumanie y trouver quelque satisfaction à le lire !
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Un recueil qui permet de découvrir dix poètes roumains contemporains, c'est un très beau cadeau, merci Gabrielle Danoux  Dix, c'est un bon chiffre, un bon équilibre entre diversité et approche pas trop superficielle de l'univers de chacun de ces écrivains.
Et ça m'a bien plu de pouvoir ainsi pénétrer un peu dans celui de Ionut Calota, plein de contrastes, avec des motifs inquiétants, comme ce «fil de fer toujours plus barbelé» sur lequel les enfants font des acrobaties, ou cette fleur triste qui a éclos dans la poitrine du poète, mais aussi de la lumière, du chant, de la danse, des images vibrantes comme ces robes électrisées qui s'envolent un peu trop haut… le côté bien vivant est renforcé par la place faite au lecteur, dont le poète prend des nouvelles dès le titre du 1er texte, «Vous tous, comment allez-vous ?». Il s'adresse à une femme qui a pris un poème et en a «fait un cerf-volant ou bien un dragon», une belle image qui sonne pour moi comme une invitation à la créativité du lecteur.
J'ai aimé aussi la façon dont Radu Ulmeanu s'en prend aux castrateurs «qui tuent la poésie», qui voudraient une littérature sans sentiments, sans engagement émotionnel, amoureux ou politique, sans consistance, élevant «à la puissance infinie les significations du néant» - je trouve qu'on a tellement les mêmes en France !
Pas la place ici de présenter les dix poètes, et forcément, ce type de recueil, selon les goûts de chacun, peut paraître inégal, mais c'est une bien belle initiative et on y fait de superbes découvertes.
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Je trouve que notre site de lecteurs a une énorme chance de pouvoir compter parmi ses membres actifs notre amie, Gabrielle Danoux, "Tandarica" sur Babelio.
Elle ne suit pas seulement pour notre gouverne de très près tout ce qui se passe sur la scène littéraire roumaine avec des billets originaux de grande qualité, mais nous apprend aussi à aimer des oeuvres littéraires roumaines qui nous auraient, sans elle, probablement complètement échappées et que maintenant nous pouvons admirer à travers ses merveilleuses traductions en langue française.

J'ai été heureusement flatté de recevoir ce beau livre des "Dix poètes roumains contemporains", mais également embarrassé et gêné par mon manque de solides connaissances en matière poétique, pour pouvoir apprécier toute la finesse et les richesses des poèmes proposés.

Mon éducation poétique a été simplement inexistante et pendant mon enseignement secondaire, nous avons eu un prof de Français bizarre qui ne jurait que par les poètes maudits (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine) et, pour respecter le programme scolaire belge, se limitait à en vite énumérer quelques autres ou en lisant des vers, de par exemple Joachim du Bellay, sur un ton ridicule pour faire rigoler la classe !

Je parle heureusement une sizaine de langues plus ou moins bien, ce qui m'a amené à apprécier des mots et expressions pour notamment uniquement leur beauté.

Par ailleurs, j'ai un faible pour la Roumanie, où mon épouse et moi avons fait un grand tour en 1974 qui, bien que ce fût encore l'époque du dictateur Ceauşescu, nous avait beaucoup plu. Tout particulièrement la splendeur du delta du Danube m'est restée vivement en mémoire. Cette contrée, riche en faune flore, au bord de la mer Noire.

Un coin paradisiaque de notre vieux continent, où, du côté ukrainien, le criminel du Kremlin a décidé récemment de semer terreur et destruction, en s'attaquant aux ports danubiens frontaliers de la Roumanie de Reni et Izmaïl !

Impressionné par la qualité et la variété de ce recueil de l'association culturelle POEMANIA, et inspiré concrètement par la poétesse Carmen Maria Mecu, qui écrit à la page 237 :
"la poésie
ma drogue de soirée",
j'ai, depuis la réception de cette anthologie, réservé chaque soir, avant de me reposer, un bon moment de lecture de belles poésies.

Mon seul regret est qu'aucun des dix poètes ne semblent glorifier la beauté naturelle et même sauvage par endroits de leur pays à configuration remarquable.

Le tout premier poème, "L'étrange peuple des poètes" de George Mihalcea m'a tellement plu, qu'à force de le relire, je le connais presque par coeur.

Bref, un livre qui occupera une place d'honneur dans ma bibliothèque.
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Dix poètes roumains contemporains. Voilà une oeuvre qui m'a été gracieusement envoyée par la traductrice en personne Gabrielle DANOUX. Merci Gabrielle et en retour je m'en vais vous en dire un mot.

Mon premier émoi :
Costel STANCU 42/p. 48
Un oiseau par la fenêtre s'est jeté
Plume après plume, lentement il est tombé,
En bas, je l'ai espéré, les mains tendues
Mais ce fut vraiment une peine perdue

Entre mes doigts, en goutte-à-goutte son corps :
fin comme le sable, brillant comme une étoile d'or
Pourquoi n'ai-je pas pu le rattraper
Après tout oiseleur j'étais.
Qu'il me chante je voulais, des germes j'avais préparé et
oh
et des graines de raisin au sang de taureau.
Comment aurais-je pu m'aviser
que pour lui seule une cage dorée je désirais ?

Derrière lui il a laissé un billet épistolaire
triste comme celui de tout être suicidaire :
à la fenêtre suspendu
un nid de petits mal défendus.

Désormais oiseleur je ne suis plus ! ai-je hurlé
Avec dans ma poitrine mon coeur dévasté.
À ma mort, dans mes mains, sainte bougie,
un frêle corps d'oiseau à cajoler. Liturgie.

Ici, c'est la ponctuation, majuscule, minuscule qui impulse le ton, le son et surtout la compréhension. Les mots sont adaptés à tout réceptacle émotionnel et je trouve formidable cet aspect de la poésie qui pour moi résonne ainsi :
Émotion, oh petit animal que je voudrais bien posséder, cet autre à moi différent auquel je promets une cage dorée, afin de toujours le garder. Mais, voilà qu'ils s'étiolent, animal ou être aimé, ils s'échappent l'un, l'autre, puis l'un et l'autre par mon incapacité d'aimer. Quand voilà que je trace ces mots, quelques lignes testamentaires, vers mon petit mal aimé, puis à ma mort, dans mes bras, enfin retrouvé, un frêle corps d'oiseau à cajoler. Rédemption.

p. 57
Ils se retrouvaient en ville pour un verre de vin.
Il apportait son chien, elle son parapluie.
Il détestait les étrangers, elle la pluie.
Ils étaient si démodés ! de vieux timbres
sur les coins desquels agonisaient
les yeux troubles de quelques tampons.
Personne ne savait s'ils s'étaient jamais aimés.
Il fumait une pipe en os. Elle avait les cheveux attachés
avec une griffe d'oiseau disparu.
Ils venaient ici depuis toujours.
Ils se taisaient, buvaient du vin et regardaient la rivière.
C'était comme si chacun d'entre eux avait, en secret,
choisi,
son propre poison pour le dernier voyage.
Ensuite il se mettait à pleuvoir. Elle ouvrait
son parapluie et se levait pour partir. Lui, réveillait
son chien et la suivait. Cela avait été un jour ordinaire.
Comme une dispute entre amoureux.

Une grande connivence de ces gens, liés par l'habitude et soudés dans la vie. Ils sont à l'évidence inséparables comme les oiseaux du même nom, et la dame attacha ses cheveux avec la griffe d'un oiseau disparu ; je trouve cette poésie très colorée et bien que renouvelée cette sortie en ville, immuable, est la promesse d'un lien sans cesse renouvelé.

Ionut CALOTÁ 130/p .145
Je pourrais

Bientôt je ne verrai plus,
aussi je me prépare :
chaque jour je mémorise ton sourire,
qui me tiendra lieu de lumière.
Je pourrais écrire des mots,
qui demain n'existeront plus,
fabriquer des falaises dissimulées par le vent
au bord du monde,
et ma chair désépaissir
jusqu'à l'ombre.
Je pourrais être la terre glaise que modèlent
tes mains craintives
et que d'elle surgissent de vieilles chansons
qui font revenir la nostalgie marine.
Oui, si j'avais un tant soit peu su
écrire de la poésie,
j'aurais dompté les mots pour qu'ils t'embrassent,
mais, là, ils explosent silencieusement en moi.
Maintenant, tu peux me prendre dans tes bras
car je suis partout
où tu me cherches.
Ta main dans la mienne,
silencieux l'amour chante.
Je te serre doucement dans mes bras,
comme un accordéon
et je te relâche tout aussi doucement,
tandis que tu chantes.

La lectrice : Oui, je pourrais ne pas t'oublier, de par le monde revoir ton sourire, être glaise que modèlent tes mains et la source marine de ta voix écouter. Si j'avais un tant soit peu su ton absence, j'aurais embrassé ces mots pour qu'ils te chantent mon amour.

Gabriel DINU p. 88
Le chien aux yeux bleus

Après avoir remercié
ceux qui t'avaient offensé
tu es sorti dans la rue.
Là t'attendait un chien
aux yeux bleus et purs.
Tu l'as caressé et tu l'as pris dans tes bras
convaincu que c'était Dieu.
Tu n'avais jamais vu encore, chez personne
de tels yeux.
Tu n'aurais pas pu en voir
à cause de toutes ces lunettes, de tous ces mouchoirs.

La lectrice : Dieu ici m'est un autre, le chien, le chien qu'il m'est donné de voir puisque les humains m'ont offensé ; c'est ainsi que je les remercie de m'avoir ouvert vers lui puisque, à cause de toutes ces lunettes, aveuglements et de tous ces mouchoirs, pleurs, de leurs yeux ils n'ont su me voir.

Lettre ouverte à Adrian Păunescu p. 99

Vieux, depuis que tu es parti,
je n'ai rien compris
même si je croyais
avoir tout compris.
C'est ce qui nous arrive
après chaque mort,
après chaque départ.
Probablement que tu nous observes
depuis un recoin d'étoile,
depuis un recoin de larme,
et n'aimes pas ce que tu vois.
Vieux, depuis que tu es parti,
le froid s'est installé dans toutes les saisons,
et pour nous réchauffer un tant soit peu
nous devrions battre au sens propre
tous les politiciens.
De gauche à droite,
de droite à gauche,
et même ceux qui se disent appartenir
au centre.
Mais en tant que nation laxiste
nous leur pardonnons à chaque fois.

Celle-ci est belle et tendre, adaptable et universelle bien que politisée.

Voilà une belle immersion en poésie roumaine. J'ai tenu à m'exprimer sur mes auteurs préférés à l'exclusion de créations qui m'ont semblées débordantes avec un aspect embrouillé, trop de sujets qui se heurtent les uns les autres en dysharmonie. Ce trait s'illustre avec justesse dans la poésie de Radu ULMEANU dont extrait :

Spectacle p. 151
Le spectacle de ceux qui tuent la poésie
Ils sont nombreux et fragiles
Ils mettent tant de grâce à éviter de dire la vérité.

Ils utilisent les signes des signes
parlent les paroles des paroles
hèlent avec les noms des noms
et élèvent à la puissance infinie
les significations du néant.

Ils disent : nommer c'est tuer
Et ils tuent en esquivant.

Ils soufflent le pappus du pissenlit dans nos yeux,
se promènent en somnambules sur les toits
et nous implorent de ne pas les appeler par leurs noms
pour qu'ils ne sombrent pas.
Lymphatiques et impuissants,
ils parlent une langue décousue,
et sont terrorisés par le sang, l'amour, la douleur.

Ils écrivent d'interminables ars poetica,
tous castrés et apolitiques
ou ars amandi
qui ne traitent pas d'amour…

Je suis heureuse aussi de citer George MIHALCEA 9/p. 24 pour ces :
Chevaux frappés à mort

mes chevaux frappés à mort
personne ne les pleure et ils ont tort
seuls les vieillards vêtus de brouillard épais
ressuscitent pour leur enseigner
comment fuir dans la dernière des forêts
pas encore par la hache touchée
mais le licol du temps les use
et d'en haut un ange noir tombe
en stoppant leurs hennissements hardis
vers les juments du paradis.
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Que ne suis-je né roumain pour partager mes vers avec cette noble et brillante ethnie à l'imagination dans les nuages et les doigts feuillus comme branches de sagesse sur le papier de nos rêves ? En sol roumain, dans les Carpathes, dans la plaine, la poésie semble pousser comme menthe folle, il suffit de délicatement l'effeuiller et le rêve se répand en vers tranquilles et inspirés.

On y lit avec fascination les vers illuminés et visionnaires de Ionut Calota:
"Le soleil rêve qu'il traverse la rue"

Ou encore ceux de Radu Ulmeanu
"pendant le sommeil on entend couler la lumière"

On y lit avec passion cette poésie hallucinée de George Mihalcea
"le rêve présent n'est rien d'autre
qu'une histoire inachevée
dont tu ne peux plus sortir
jusqu'à ce qu'il soit dévoré
par les chiens de la mémoire"

On y lit partout avec délices ce chant de l'amour, non pas l'amour mièvre mais l'amour combattant, l'amour vainqueur, synonyme de vie :
"là où il n'y a pas de l'amour, la guerre n'y est pas non plus." (Costel Stancu)

On y rencontre la vie simple, les soupirs, les désirs de l'âme féminine chez Carmen Mari Mecu :
"j'étais triste
bien avant ma naissance
ensuite je suis venue en ce monde
du mieux que j'ai pu"

Ou encore la maternité magnifiée de Daniele Toma:
"je jette vers le haut le miroir et en tombent de petits humains,
il paraît une sorte d'inutile geôle, avec des barreaux se promenant libres
et se recouvrant les uns les autres comme s'ils craignaient
de se dorer au portail du baiser
de le tenir occupe "

On y retrouve avec intérêt cette préoccupation de préserver la poésie comme cette langue à part, garder l'écriture comme une chose précieuse parmi la désolation de notre quotidien, un privilège mais aussi un esclavage:
"contemplons donc un chaussette trouée
jusqu'à ce qu'en suinte de la poésie" (Carmen Mari Mecu)

"Tout ce que j'écris contre moi sera retenu.
M'arrêter je ne peux, m'arrêter je ne peux
même si je sais que jusqu'au bout les mots
mécontents de ne pas en avoir trouvé,
pleinement la signification, se montreront
en mensongers témoins." (Costel Stancu encore)

On y confirme enfin notre profonde intelligence de la poésie avec Mihail Ciobanu:
"la poésie est l'écume des Templiers
c'est pourquoi je ne peux respirer que des métaphores
l'épée sacrée qui fend les ténèbres de l'âme humaine
l'arc voltaïque qui nous purifie des scories
et me rappelle le chant monosyllabique
du daim en rut

le tohu-bohu des montagnes nous délivre du brouillard
la poésie est la communication avec les anges
elle est le rythme sacré des mains qui ont pétri les dieux
elle le dernier espoir... "

Que ne suis-je né roumain pour voir mes vers si poétiquement traduits par Gabrielle DANOUX et répandus en Francophonie comme neige de printemps sur les cimes de la littérature française ?
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On peut féliciter l'association Poemania d'avoir permis la publication de ce recueil, qui nous fait découvrir des poètes roumains actuels. Je sais que la discrète traductrice n'aime pas être mise en avant mais elle est pour beaucoup dans la réussite de ce projet ambitieux.

J'ai grandement apprécié le fait que cette oeuvre présente pour chacun des dix poètes ( dont deux femmes, ce qui me fait bien plaisir) de nombreux textes. Ce n'est généralement pas le cas des anthologies, où l'on ne peut lire que deux ou trois poèmes. Ici, on entre vraiment en profondeur dans l'univers poétique de chaque auteur(e). C'est ce qui fait la force et l'intérêt du livre.

Un monde foisonnant, surprenant souvent, aux images inattendues s'offre au lecteur, qui a parfois un peu de mal à comprendre certains vers. Deux auteurs m'ont tout particulièrement plu: Constantin Sârghiuţă et Ionuţ Calotă. du premier cité, j'ai aimé les associations de mots étranges et belles:

" Les silences dorment dans les os fatigués par le temps." ( j'adore ce vers!) ou

" Les roues de l'enfance à travers moi passent"

du deuxième, j'ai été sensible au contraste entre nostalgie, tristesse et enthousiasme, exubérance. Il peut écrire:

" Une fleur triste a éclos dans ma poitrine" ( magnifique, je trouve....)

et " Quel orange, quel vert clair
m'illuminent!
Se dilate l'appel d'une sonnerie
Je me réveille dans un banc étroit
avec un livre ouvert, allumé
dont surgit
une rivière d'enfants"(...)

J'ai constaté avec un peu d'étonnement ( mais j'avais été prévenue) que la religion reste fort présente , à travers les textes. Des adressses au Seigneur sont fréquentes, étant athée, ils m'ont peu marquée, voire déplu. Cependant, même un poète comme George Mihalcea , fort religieux, a su me toucher dans d'autres poèmes, évoquant par exemple ses grands-parents.

Un poème en particulier m'a fait une forte impression ( je le citerai) de Costel Stancu: gare pour un seul.

La pandémie, la sauvegarde de la planète, les victimes d'un incendie, les difficultés de la poésie à se maintenir dans le monde contemporain , tous ces problèmes sociétaux s'unissent à des tourments plus intimes, des sentiments personnels.

Une plongée enrichissante et volubile dans la poésie roumaine! Mon seul regret: aucune biographie des auteurs, et les maigres renseignements trouvés sur Internet m'ont laissée sur ma faim...

Merci infiniment, Gabrielle.



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Gabrielle DANOUX m'avait contactée pour faire le service de presse du recueil de poésie « le désert de quartz, poèmes au gré du vent » de George SCHINTEIE (qu'il est toujours temps de vous procurer d'ailleurs) et dont elle avait assuré la traduction. Pour me remercier de ma prestation, Gabrielle DANOUX a eu la gentillesse de m'envoyer ce nouveau recueil, sans obligation de service de presse.

Pour être honnête, certains poèmes m'ont impressionnée, et j'ai crains de ne pas toujours savoir en capter l'essence. Mais, je suis une obstinée, et je n'aime pas que quelque chose me résiste, alors j'ai voulu relever le défi, et j'espère de tout mon coeur et en toute humilité être à la hauteur.

Comme indiqué dans le titre, il s'agit d'une anthologie de dix poètes roumains, et quelques vers m'ont déroutée ; alors il m'a fallu relire, plusieurs fois pour certains et réfléchir.

Il m'a semblé que la poésie roumaine différait de la poésie française, les métaphores me paraissaient différentes et parfois moins pertinentes pour mon petit cerveau. Un os à ronger sur lequel je me suis acharnée. Puis, je me demandais si ce que je percevais était bien réel, où si j'avais un à priori qui provenait de mes maigres connaissances sur la Roumanie.

La Roumanie est un pays qui a longtemps vécu sous le joug d'une dictature jusqu'en 1989 ; et il m'a semblé ressentir le rejet de ce régime derrière les mots de certains vers.

Chaque poète est différent, et il serait difficile de les présenter tous ici, mais j'ai trouvé un fil conducteur à travers tous les poèmes : la mélancolie (est-ce dû à l'esprit roumain?)

On retrouve quelques thèmes récurrents, mais quelque soit le sujet, la violence me semble souvent latente, les mots sont âpres, les plumes parfois assez tourmentées, la lutte et la rébellion souvent sous-jacentes.

En lisant ces textes, une phrase m'est venue à l'esprit : « Les sanglots longs des violons de l'automne » du poème « Chanson d'automne » de Paul Verlaine.

Malgré tout, la persévérance a du bon ; quel plaisir de savourer ensuite ces mots, qui sont peut-être d'un accès un peu plus difficile et dont l'abord est plus abrupt, mais quelle belle récompense ensuite d'avoir percé les mystères de cette poésie et d'en apprécier la beauté.

Merci beaucoup Gabrielle de m'avoir permis de découvrir ce livre, d'avoir piqué ma curiosité et enrichi ma culture.

Bref, une magnifique anthologie de poètes roumains qui va vous transporter dans un univers un peu brut mais plein de charme.

À lire en écoutant « Verlaine » par Charles Trenet ou Georges Brassens, confortablement installé(e) dans un hamac en buvant un thé vert et une part de cozonac… Lectura buna

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Quel plaisir de pouvoir lire encore de nos jours de la poésie, dans notre monde de plus en plus technologique et numérisé. Et de plus, des poèmes écrits par 10 auteurs venus de Roumanie. Ce pays que je ne connais pas et dont j'ignore complètement la littérature. Dix poètes quasiment inconnus d'Internet, sauf en référence à cet ouvrage. A part Costel Stancu et Gabriel Dinu qui sont déjà référencés sur Babelio, les autres étaient jusqu'alors encore d'illustres inconnus en France.
C'est une poésie qui entrecroise beaucoup de thèmes. On sent souvent l'influence du surréalisme avec une dimension onirique très présente. L'amour y tient également une place non négligeable :
« le matin quand le soleil ouvre ses paupières paresseuses
mon amoureuse se débat sous ma peau
pour se dévêtir de l'obscurité. » (Mihai Ciobanu)
Les femmes sont souvent à l'honneur dans ces textes, soit pour en faire l'éloge ou déplorer la fugacité d'une rencontre. Même les anges sont amoureux :
« Un ange s'est enivré d'un trop plein d'amour
et il titube à présent sur terre... » ((Radu Ulmeanu)
L'amour vient en contre-point de l'Histoire, celle qu'on ne peut oublier et qui laisse des traces visibles en chacun. Cette histoire qui peut se lire en filigranes, entre les lignes.
La présence de Dieu se lit quasiment à chaque page. Une image divine pour purifier l'existence :
« Sainte Marie
Trop pure et à jamais vierge
lave-nous de la haine et du dégoût
avec Ta larme... » (George Mihalcea).
Et puis des réflexions sur la poésie : « La poésie est cette mémoire du feu qui procède aux fiançailles du rêve et de l'insomnie » , sur la nature omniprésente, sur l'errance, sur le passage du temps, sur la mort… L'homme (et la femme) se débat comme il peut dans ce monde souvent hostile et se raccroche à ce qu'il peut.
Vous aurez compris que je suis tombé sous le charme de cette poésie dont j'ai du mal à différencier les auteurs, tant les thèmes se retrouvent d'un poète à l'autre. Une poésie ancrée dans la modernité où il est même question parfois de wifi.
Alors je ne peux que remercier chaleureusement Gabrielle qui m'a gracieusement envoyé cette anthologie dont elle a su retranscrire en français toute la richesse et les émotions de l'original. Merci également de nous faire connaître l'oeuvre de ces poètes jusqu'alors inconnus en France.
J'espère avoir su rendre tout le plaisir que m'a procuré la lecture de ce recueil.
Un recueil de poésies que je conseillerai bien évidemment à tous les amateurs.
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Des 33 traductions publiées par Gabrielle Danoux, celle-ci est sans doute la plus réussie de tous les points de vue. Si j'ai pu participer, à ses côtés, à la réalisation des deux recueils de Ion Pillat, sous le pseudonyme (pas très inspiré, mais choisi par moi-même) de Muriel Beauchamp, elle s'est, depuis 2017, affranchie, et c'est tant mieux, de mon aide. Je continue cependant, de m'intéresser à la Roumanie et à sa littérature et je suis donc de près ce qu'elle fait.

Du point de vue matériel c'est un livre qui s'approche de la perfection (belle couverture simple et sobre qui joue la carte du minimalisme), beau papier de 90 g, meilleure distribution du livre qui est présent cette fois-ci sur la plupart de sites spécialisés et qui peut même être commandé en librairies. Un reproche néanmoins : le passage d'un poète à l'autre ne me semble pas très « visible ».

Du point de vue du fond, j'ai été conquis par la variété des poèmes présents et des univers créés par leurs auteurs, dont tous, à l'exception de Gabriel Dinu, sont inconnus « au bataillon » comme qui dirait. Si j'ai une préférence pour Costel Stancu, je n'ai pas été moins sensible aux 9 autres poètes (dont deux femmes).

Même si elle s'accorde souvent des libertés avec la syntaxe française, je trouve que la traductrice parvient à transposer y compris les formes contraignantes de nombreux sonnets.

C'est, en somme, une anthologie qui mérite qu'on s'y attarde, qu'on picore progressivement des poèmes ou pourquoi pas qu'on la dévore d'un seul trait. Idéal pour ceux qui aiment la poésie ou la Roumanie, ou les deux à la fois, comme moi.
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Je sors de la lecture de cet ouvrage, chamboulé, bousculé, agréablement poussé dans cet univers où les images en marges siègent au centre des pages. Les mots s'entrechoquent avec une décomplexion telle qu'on ne sait pas si c'est un excès de maîtrise ou du pur lâcher prise ; j'avoue que cet entre-deux me séduit beaucoup. Les dernières impressions (encore fraîches) me confirment que notre rapport franco-français à la poésie est relativement plat. La vivacité, la multiplicité et la force de ces 10 paroles roumaines donnent un sacré coup de fouet. Tout y passe, de l'observation tranquille, à la critique sociale viscérale, en passant par l'autofiction, la déclaration d'amour au corps et à la plume, toujours très présente dans ces multiples vers. Chaque artiste libère un flot d'images inédites qui séduisent, accrochent, "froufroutent", glissent, ricochent, résonnent... Je connaissais certains poètes grâce à Gabrielle Danoux, j'en découvre de nouveaux et nouvelles. Bravo pour ce travail de traduction et à l'association Poemania qui oeuvre pour une cause plus qu'utile. Les paroles abjectes et violentes de la politique et du marketing destructeur nous phagocytent. La poésie doit reprendre sa place dans nos vies !
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