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Critique de fabienne2909


Certains romans laissent une impression désagréable quand on les termine ; celle d'être passée à côté — au mieux — ou d'avoir été prise pour une imbécile — au pire. C'est ce qui vient de se passer pour moi avec « Les dix femmes de l'ingénieur Rauno Rämekorpi ».

Je n'avais jamais lu de roman d'Arto Paasilinna auparavant mais j'avais compris que ses romans étaient des fables plus ou moins crédibles et marquées par l'ironie et la farce. C'est dans ces prédispositions-là que j'ai attaqué le roman, l'histoire d'un riche industriel, Rauno Rämekorpi, qui visite plusieurs connaissances féminines pour leur distribuer les bouquets de fleurs, bouteilles de champagne, caviar et autres articles d'épicerie fine, en ayant trop reçu pour son anniversaire et sa femme étant allergique au pollen. C'est l'occasion, lors de ces visites à des anciennes maîtresses et/ou employées, d'avoir des discussions sur différents thèmes, politiques ou sociaux propres à la Finlande, avant de les faire systématiquement passer à la casserole, qu'elles soient pleinement consentantes ou non. le malaise s'installe déjà, et s'aggrave avec de superbes aphorismes de ce type : « Pas le temps de s'occuper d'un collant [le personnage est emmené à l'hôpital], mais Sorjonen prit sur l'étagère de l'armoire la trousse à maquillage d'Eveliina, car il savait que les femmes n'aimaient pas partir sans cet accessoire, même pour leur dernier voyage […] ». Ok soit, ça se prend dans un premier temps au millième degré, je me suis dit que l'auteur voulait proposer une satire gratinée de l'homme finlandais… le personnage principal, Rauno Rämekorpi, en prenant d'ailleurs pour son grade, puisqu'il n'est pas décrit comme un personnage très sympathique : noceur, infidèle sans mémoire puisqu'il ne se souvient pas forcément avoir déjà consommé ses conquêtes lors de ses visites, et en même temps assez naïf et crédule par certains côtés (l'une de ses employées a décidé d'avoir un enfant de Rauno car son compagnon était prétendument stérile, l'industriel la croit et a l'impression curieuse d'avoir été fait cocu…!). Voilà pour la première partie. Dans la deuxième, les maîtresse ayant appris l'existence des unes et des autres, sont censées se venger de Rauno, surtout que celui-ci décide de refaire une tournée similaire, mais cette fois-ci déguisé en père noël. Après tout, là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir.

Et c'est là où cette pantalonnade outrancière, dont la vraisemblance n'est pas la première qualité (certaines situations sont difficilement crédibles : une employée de musée passe la nuit avec Rauno dans un lit historique à son travail, son collègue gardien les découvre… et leur sert un petit-déj au lit ! ; même le contexte historique de l'histoire ne l'est pas : l'auteur parle toujours de marks finlandais alors qu'il mentionne la présidente de la république d'alors, qui a exercé après le passage à l'euro…) tombe dans le vulgaire affligeant. Pas de vengeance réelle de la part des maîtresses (systématiquement désignées sous le nom de « garces »…), qui se plaignent un tout petit peu avant d'accepter les cadeaux de l'infâme, et de céder à son bon plaisir. Vengeance il y aura, mais elle semblera bien légère et n'affectera en rien Rauno, qui ne semblera en tirer aucune leçon… comme si l'impact que pouvaient avoir les femmes sur les hommes ne pouvait être sensible.
Les femmes de cette histoire en sortent rabaissées à mon sens : légères, sans grande dignité, ni volonté, quasiment soumises à plus riche et imposant qu'elles…

Certains thèmes abordés dans les conversations sont intéressants pourtant — le racisme dans la société finlandaise, le féminisme (pourtant bien malmené ici), la paupérisation de la société… — mais leur insertion dans le roman sont bien amoindries par une histoire vulgaire, et surtout pas drôle…. Heureusement, ça se lit vite.
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