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Critique de kuroineko


George Packer, journaliste, écrivain et dramaturge né en 1960, rassemble dans son recueil L'Amérique défaite toute une galerie de portraits d'Américains. du simple citoyen lambda à des personnalités comme Colin Powell ou Oprah Winfrey, il ouvre un large éventail de récits.

L'épithète du titre parle de lui-même : il s'agit bien ici de montrer une Amérique en crise, tant économique que politique ou sociale. Les différents portraits portent sur des vies très diverses: un adepte démocrate qui travaillera un temps à la Maison blanche, un descendant de planteur de tabac qui lutte durement pour s'en sortir en se fondant sur une économie locale et sur le biodiesel, des investisseurs et ingénieurs de la Silicon Valley, etc. A travers ces récits s'inscrivent les difficultés qui s'accumulent au cours des trois dernières décennies : crise des industries sidérurgiques, récessions, plans d'économie avec dégraissage du personnel et installation des entreprises au Mexique, moins cher, pertes des emplois, délinquance, déliquescence d'un système à bout de souffle. Qui implosé lors de la crise de 2008 qui envoie des milliers et des milliers de petits propriétaires immobiliers au diable vauvert. Emprunts irrécouvrables, maisons saisies, abandonnées, ... Tandis que Salle Street et les grandes institutions bancaires se relèvent grâce à l'injection d'argent gouvernemental.

George Packer n'établit aucune synthèse de tous ces portraits mais laissent au contraire la parole à ses sources. L'ensemble du documentaire dresse un constat implacable qui fait froid dans le dos. Bien sûr, au-delà des spécificités américaines, on retrouve nombre de ressemblances avec la situation au niveau de la France. Originaire d'un bassin sidérurgique, ma famille a vécu la fermeture d'usines qui prit des allures de tragédies pour les ouvriers investis dedans depuis tant d'années.

L'Amérique défaite est un ouvrage passionnant qui se lit comme un recueil romanesque. "Sauf que tout est vrai", comme cite le Point en quatrième de couverture. Chronologiquement, les récits s'achèvent à la deuxième élection de Barack Obama. Et laissent entendre suffisamment de perte de confiance en l'institution politique et démocratique pour expliquer le résultat de la dernière présidentielle et l'arrivée de Trump au pouvoir. J'espère que George Packer reprendra son concept, une fois un peu de recul pris, pour établir le constat au ras du citoyen de cette présidence pour le moins singulière.
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