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Citations sur Le bleu du ciel est déjà en eux (6)

Dans une boîte un soir, la musique couvre tout. Basse basse basse, et par-dessus six notes ad lib, synthétiques. Juliette en robe bleue plutôt moulante ne sait plus si un jour elle a su bouger sur ça. Elle reste assise sur un tabouret, près du bar. En Amazonie ou ailleurs peut-être, on trouve de ces oiseaux bleutés que rien n'invite à décoller. Tout le bleu du ciel est déjà en eux.
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Rouler. Rouler. Rouler jusqu’à ce que la nuit, sa nuit, l’achève.
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Cette langue, je m’y suis brûlé. Pas comme ils le pensent, non, pas comme dans la sentence infernale. Elle m’a consumée dès que je l’ai mieux connue, m’a donné de l’énergie, de la force en m’en prenant, dans un échange à la fois gazeux, liquide, solide. J’ai senti dans ses sens et dans ses sons la saveur d’un baiser, l’exigence d’une discipline, la circulation d’un sang autre qui me sortait de mon enveloppe, de mes représentations, de ma gangue, me lançant dans le monde à la volée, comme une grappe de raisin, une poignée de gravier ou de sable à la fenêtre de l’avenir. Quelque chose à la fois d’enfantin et de grave nourrissait mon plaisir. Je traduisais. (Traduire)
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Ils disent que je n’aurais jamais dû servir d’interprète, de passerelle entre les adversaires, parce que ce ne sont pas des paroles qui s’échangent, des voisins qui communiquent, mais des combattants qui s’affrontent, et que je suis un sot, un inconscient, pire : un collaborateur. J’ai pris le parti du langage, et c’est cela que je paye. J’ai pris le parti de relier deux réalités trop éloignées, de croire en la nature radicalement humaine et humaniste de la langue, en sa capacité à s’ouvrir, en son potentiel d’empathie.
Mais pas du tout, disent-ils, tu t’es laissé berné et ton innocence n’est que de façade. Tu as surtout permis au mensonge de s’étendre plus loin qu’il n’aurait pu, avec tes traductions et ta radio damnée.
Ils ne peuvent pas comprendre que ma langue natale m’est toujours chère. Ils pensent que je l’ai abandonnée comme j’ai abandonné mon pays, trahi mon peuple et ma foi. Quel peuple ? Depuis longtemps le patchwork est déchiré de toutes parts, si tant est qu’il ait tenu un jour. (Traduire)
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La motrice avance vers moi. Je pourrais l’arrêter, tout arrêter, les trains, les écrans, les néons, les cris des voyageurs, des contrôleurs, la sirène d’alarme, sauver Oliver, me sauver, paralyser la gare, la ville, le pays, stopper tout et faire que tous se voient, enfin, s’entendent dans le silence revenu sur Terre, mais ce pouvoir m’étouffe, me broie, me terrorise. Il est trop grand pour moi. Je n’en veux plus. J’y renonce. Et je dis à la motrice qui avance, à mon ennemi qui me guette quelque part. Ne me tente plus.
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Katryn dit ce jour, l’un des derniers passés à la base, où elle a voulu partir seule se noyer dans l’absence de tout, où elle a marché, marché, refusant de répondre aux appels radio de ses compagnons, marché jusqu’à tombé dans le vent devenu compact, dans le pur oubli de l’Antarctique, enroulé sur le temps, à attendre que les glaciers autour d’elle s’encastrent et l’écrasent, lentement, pendant mille ans, l’effacent du monde.
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