AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 1001histoires


J'ai eu la chance de rencontrer Hugues Pagan en mai 2022 ( Châteauroux – L'Envolée des Livres ). C'est « le carré des indigents » qui m'intéressait. Mais l'auteur m'a habilement emmené quarante ans en arrière, aux origines de son héros récurent, l'inspecteur principal Claude Schneider. J'ai quitté Châteauroux avec quatre bouquins à lire, impatient de faire connaissance avec Schneider et curieux de découvrir le style de l'auteur et ses évolutions.

La série Schneider compte ( à ce jour ... ) quatre titres :

La mort dans une voiture solitaire ( première parution en 1982 )
Vaines recherches ( première parution en 1984 )
Profil perdu ( parution en 2017 )
Le carré des indigents ( parution 2022 )
« La mort dans une voiture solitaire » est en premier publié dans la collection Engrenage ( n° 40, Éditions Fleuve noir, ISBN 978-2-265-01937-9 ). Réédition par les Éditions Rivages en 1992, ISBN 978-2-86930-568-7. C'est cette édition que j'ai lu. La préface de Jean-Pierre Deloux indique que cette seconde édition rétablit « le texte original dans son intégrité et son intégralité ». La version Engrenage avait été amputée de quelque quarante pages.

La mort dans une voiture solitaire ( auteur Hugues PAGAN ) :
Mayer s'est fait rectifier, des balles de gros calibre. La machine policière se met en route. C'est le groupe de l'inspecteur principal Schneider qui récupère l'enquête, avec lui trois inspecteurs dont le jeune Charles Catala, sans doute le plus proche de son chef. En plus le renfort du peu expérimenté Viale, mal considéré par sa hiérarchie. Nous sommes à la fin des années 1970, les années Giscard, on parle encore de Pompidou et déjà de Chirac. Pas d'ordi, pas de téléphone portable, pas d'ADN pour aider les enquêteurs. Les voitures ? Des 4L, des 104, des Simca 1100. Schneider conduit une vieille R16. L'enquête repose entièrement sur les flics. Schneider sait s'y prendre et sait mener son équipe qui le respecte. Les dépositions, les perquisitions, les interrogatoires, les gardes-à-vue, les indics, les filatures, les planques. Toutes les procédures sont là, fils conducteurs solides mais il y a bien plus, l'humain par exemple, mais aussi une atmosphère pesante et des dialogues bruts.

Il y a la ville, une ville non nommée que le lecteur découvre durant un automne où il semble pleuvoir presque tout le temps. C'est une grande ville de province, 250 000 âmes, son hosto, une université, des zones industrielles, la came, des putes, des valises de fric, des élus qui trichent, certains de mèche avec Mayer qui voulait tout contrôler et ceux qui ne voulaient pas. Il y a aussi des policiers et leur boulot de routine, « du boulot gris et sans relief » des rapports et des déclarations à taper à la machine, inlassablement et une hiérarchie qui jauge les élus et lorgne vers les cabinets. Schneider a tout vécu dans cette ville avant de sombrer dans une lassitude morbide. « ça fait quand même un sacré bout de temps que tu roules sur les jantes » l'alerte un collègue. Il y a eu une femme dans sa vie, Cheroquee, mais elle est partie laissant un vide infini. Schneider est désormais seul avec son boulot de flic et ses cigarettes. Qu'est-ce que les gens fument dans ce roman, toutes les marques y passent !

Schneider est un flic efficace, il connaît bien le contexte et les gens de cette ville. Mais le lecteur sent bien qu'il y a une implication pas seulement professionnelle lorsqu'il veut utiliser la mort de Mayer pour faire tomber Gallien. Les assassins de Mayer ? Des petites frappes locales, ce n'est pas ce qui intéresse Schneider. Il mène un autre combat. On peut parler de combat, surtout à la fin lorsque vêtu d'une veste de treillis, de rangers de peau et puissamment armé, il part à l'assaut. le lecteur sent que ça va mal finir. Ça finit mal.

Ce roman vaut aussi pour ses portraits approfondis. le lecteur voit les personnages. Les descriptions sont parlantes grâce à des mots bien choisis et il y a toujours un trait grossi qui fait encore plus vrai. Par contre je me suis un peu perdu dans les surnoms, jusqu'à ce que je prenne des notes. Question flingues et balistique, l'auteur a des connaissances de pro. Ce roman est érudit avec de multiples références au jazz ( mais étant ignare en la matière, je n'ai pu les apprécier ). Et puis il y a une atmosphère sombre comme les journées pluvieuses qui jalonnent continuellement le récit, mystérieuse comme le passé de Schneider, suspicieuse tellement la ville abrite de pourris, étourdissante tellement il y a d'alcool et de tabac.
Lien : http://romans-policiers-des-..
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}