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Critique de belette2911


La prochaine fois qu'un scrogneugneu me balancera, d'un air infatué (ou moqueur), que "Les romans policiers, ce n'est pas de la littérature, que je ferais bien de lire des vrais livres", je pense qu'il serait de bonne guerre que je lui balance ce polar noir dans la gueule, afin qu'il constatât que cela fait moult années que le polar n'est plus un roman de gare.

N'espérez pas lire ce polar noir en vitesse, il faut être concentré sur sa lecture, l'auteur utilisant des phrases bien plus complexes que le traditionnel "Sujet – Verbe – Complément". Ses constructions de phrases sont belles, brillantes, recherchée. Mais c'est une lecture plus exigeante, il est déconseillé de rêvasser en lisant.

La société des années 70 que nous brosse l'auteur n'est pas brillante. Non, ce n'était pas mieux avant. Dans ses pages, c'est sombre et ce sont les petites gens qui sont mises à l'honneur, ainsi que les membres d'un commissariat, un peu à la manière de la série du 87ᵉ district (Ed McBain).

L'inspecteur principal Schneider est un homme taciturne, il a fait la guerre d'Algérie, est revenu avec des blessures à l'âme et au coeur, mais son personnage sort tout de même des sempiternels flics bourrus alcoolos. Mais que ça fait du bien d'avoir un enquêteur qui sort des portraits habituels, qui a du répondant (avec peu de mots, mais souvent cinglants) et qui se fout de tout, sauf de ses enquêtes (il ne fait pas de la lèche).

Hugues Pagan a une plume incisive, cynique, caustique, mâtinée de termes argotique, de langage un peu cru, sans être vulgaire. du langage de flics des années 70, de celui des gens d'en bas. Un langage qui colle parfaitement bien à l'atmosphère de ce roman noir, qui est parfaitement dans le ton des années 70 et qui lui donne un petit truc en plus.

L'enquête ne sera pas facile : pas de témoins de la mort d'une jeune fille qui rentrait chez elle à bicyclette et que l'on retrouvera morte. Schneider mène l'enquête, boit beaucoup, fume comme un dragon, se moque des colères de celui que l'on surnomme Dieu (le chef du commissariat), ne trempe pas dans les magouilles des ripoux et tente de faire la lumière sur ce crime banal, mais terriblement dégueulasse.

Un roman noir, social, terriblement sombre, rempli de désespoir, de tristesse, aux atmosphères poisseuses, peuplé de personnages forts, qui dégagent une présence qui restera, même après la fermeture de ce roman.

Un roman que j'ai refermé avec une pointe de tristesse, avec la sensation que je quittais une épique de flics que j'avais apprécié, qui m'avaient marqué, notamment Schneider. Un roman noir qui va à son rythme, qui ne fait pas dans la surenchère ou la vitesse, mais qui marque tout de même.

PS : merci au Top 10 (chez Collectif Polar) de la flingueuse Chantal qui m'a donné envie de lire ce roman noir ! C'est mauvais pour la PAL, ces tops, mais on y trouve parfois des pépites cachées qui méritent d'être mises en avant !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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