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Citations sur L'équilibre des paradoxes (4)

-Mais lâche-moi, putain de merde ! criait cette personne au moment où nous arrivâmes. Tu vas me lâcher, dis, connard ?
Je prie le lecteur de pardonner ces grossièretés, d'autant qu'il devra en supporter d'autres dans le courant du récit, le langage de certains de ses protagonistes manquant singulièrement de distinction, mais mon souci d'exactitude me contraint à rapporter sans fard les propos que j'entendis. Ah, peste ! J'oublie que ceci n'est qu'une œuvre de fiction. Lecteur, ne m'excuse pas : je suis trivial à dessein, pour te choquer, c'est évident.
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Avec l’équilibre des paradoxes, Michel Pagel nous offre un récit de haut vol et emprunte à deux registres tels que la science fiction bien sûr, mais aussi au roman populaire. On ne peut pas s’empêcher de penser à Fantomas et à L’injustement oublié Gustave Lerouge. La narration de ce récit échevelé est menée de mains de maître et parvient à rendre impossible à lâcher ce roman épistolaire. Genre difficile s’il en fût.
Alors que de nombreux auteurs utilisent le processus de narration à points de vue multiples comme une recette addictive tirée des séries TV, lui arrive à enrichir son récit grâce à des personnages fort bien construits. Les registres et les niveaux de langages se succèdent en donnant un sentiment de réalisme bluffant doublé d'un saisissant talent littéraire. On sent, à le lire, que le chantier de ce livre fût jubilatoire, tant les sujets abordés s’entrechoquent sans pour autant alourdir le propos.
Il s’agit d’une mécanique finement ciselée où rien n’est à jeter. Les différences singulières entre les personnages sont au service d’un joyeux bordel orchestré de main d’expert. Les histoires de paradoxes temporels souvent se ressemblent et se suivent mais ici, l'érudition est époustouflante.
On apprend sur la page des remerciements que l’auteur fût conseillé pour une partie du récit par le très regretté Roland C. Wagner. Ce n’est guère surprenant et qui le connaît verra un clin d’œil vers lui avec le personnage de Sophie Périsset.
Au milieu de tous ces romans steampunk produit à la chaîne comme s’il s’agissait d’une franchise, monsieur Pagel réussit là une œuvre originale qui n’a rien à envier aux anglo-saxons, Jusqu’alors rois de ce type de SF. Un livre très français de par son tissu culturel, une déclaration flamboyante au genre suranné qu’est le roman populaire dans ce qu’il a de plus beau. Il y aurait là matière à réaliser un scénario passionnant loin des productions dépourvues d’originalité. Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce livre. Une fois tournée la dernière page on se surprend à vouloir relire les grands anciens du récit d’anticipation du début du vingtième siècle.
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Je sais que certains d’entre vous ont eu du mal à admettre la théorie des univers parallèles, et il semble bien qu’ils aient eu raison. Si le temps commence à devenir instable, c’est très paradoxalement qu’il y a paradoxe, et s’il y a paradoxe, il n’y a pas d’univers parallèles. Vous comprenez ?
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Article paru dans L’Aurore du 5 décembre 1902 .
Qui est « l’Étranger » ?

Oui, qui est-il, ce mystérieux individu qui, depuis quelques semaines, cambriole les riches bourgeois de la capitale et ridiculise notre police ? Nul n’a oublié son spectaculaire premier forfait, lorsqu’il déroba en octobre dernier les bijoux de la baronne de Saint-Arnoul — et jusqu’à ceux qu’elle portait sur sa personne — durant le bal qu’elle donnait en son hôtel particulier de l’avenue Foch. On se souvient des trois cartes de visite qu’elle retrouva comme autant de railleries à son endroit : la première dans son coffre-fort, la seconde dans son sac à main, et la troisième, comble de l’audace et de l’inconvenance, au sein même de son décolleté. Trois cartes qui ne portaient que ce simple nom : « l’Étranger ». Depuis, pas une semaine ne s’est écoulée sans que l’étrange personnage fasse à nouveau parler de lui : pierreries, titres, or, bank-notes, tout lui est bon. L’homme agit de nuit, souvent au cours de réceptions mondaines, et ne commet jamais d’effraction : les coffres-forts réputés les plus inviolables semblent en effet lui livrer sans effort le secret de leur combinaison — au point que les compagnies d’assurances ont soupçonné leurs clients d’indélicatesse, soupçons s’étant révélés sans fondement. Qui est « l’Étranger » ? Pourquoi ce titre incongru ? Une certaine presse affirme qu’il s’agit d’un agent de l’Allemagne dépêché à Paris pour miner notre économie en ruinant nos gros investisseurs. La correction nous empêche d’écrire ce que nous pensons de cette thèse. Pour notre part, nous estimons infiniment plus probable d’avoir affaire à un anarchiste, un « étranger à la société », décidé à frapper dans ce qui leur est le plus cher ces bourgeois qu’il déteste. S’il ne conservait par-devers lui le produit de ses larcins mais le redistribuait aux pauvres, on ne pourrait s’empêcher de lui vouer quelque admiration. Toutefois, foin de spéculations : avec l’efficacité qu’on lui connaît, notre police, n’en doutons pas, fera prochainement toute la lumière sur cette affaire. Elle s’exposerait sinon à être une fois de plus la risée du pays.

Raoul Lachance
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