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Critique de 5Arabella


Dans ce recueil de douze nouvelles, Boris Pahor s'attelle une fois encore, inlassablement pourrait-on dire, à dire l'histoire de son pays, la Slovénie, et la sienne, qui s'entremêlent d'une façon incontournable. Les guerres, la domination italienne, la résistance, la déportation… une histoire douloureuse, tragique par moments. le tragique est inscrit dans les êtres, dans les corps, dans le quotidien. Même les jeunes garçons de la première nouvelle, « La gueule du lion de pierre », font connaissance avec lui, entre les jeux et les complicités d'enfance. Un personnage tout à fait banal, en apparence sans histoire, comme M. Antonič (« Une promenade surprenante »), un commerçant tout ce qu'il y a de rangé et ordinaire, peut l'avoir rencontré dès sa naissance, sans que rien ne le laisse transparaître à première vue.

Mais ce tragique, constitutif de la condition humaine, n'empêche pas Boris Pahor de percevoir et de saisir les beautés, les moments de grâce, de la vie. Comme une forme de résistance, d'indispensable antidote, aux horreurs que les hommes infligent aux autres hommes. Il y a malgré la lucidité et le besoin de dire les souffrances et les blessures, la nécessité vibrante d'être heureux, de ne surtout pas laisser échapper les possibilités de bonheur, plus ou moins éphémères, mais d'autant plus intenses. de ressentir avec force, avec sensualités et les ressources de la raison, un lieu, une lumière, une ambiance, des relations avec les êtres, et avant tout l'amour, la proximité avec un autre être.

Tout cela dans une magnifique langue, parfois dépouillée et économe, parfois plus lyrique et pleine d'envolées, toujours en osmose avec le contenu. Boris Pahor construit ses récits par petites touches, pas forcément en continuité, mais dans une grande cohérence, même si tout n'est pas explicité, il y a des zones d'ombres, au lecteur d'investir l'espace et d'y mettre sa sensibilité.

Un très beau livre, triste et rayonnant, terrible et apaisant.
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