Joli couple ! Peut-être y aurait-il matière à passer un bon moment. Les invités n'étaient pas sans défense. Ils pouvaient avoir du répondant. La nuit commençait à peine et elle s'annonçait plaisante et pétillante comme le champagne.
Le couple Forest s'accrochait à ce cérémonial de sourires, d'embrassades, de poignées de main, comme à son unique planche de salut. Ils devinaient un terrain mouvant derrière la politesse bourgeoise, guindée et bien réglée qu'exprimaient les gestes et les paroles.
Boire du cognac seul, au crépuscule, était un plaisir encore plus intense quand on s'y préparait cérémonieusement et lentement, comme c'est d'ailleurs le cas pour tous les plaisirs.
On voyait des étoiles dans le ciel où régnait encore le bleu profond et mystérieux de la nuit, légèrement éclairé à l'horizon, au ras de la mer, par la lueur du jour qui se levait.Surgissant du large, une lumière vieil or estompait le bleu du ciel. l'air était frais et humide. Il pensa à sa mère. Il pensa aux femmes qu'il avait aimées, il n'y en avait pas tellement. Il se dit qu'elles lui tenaient compagnie et décida de s'accrocher à ces images réconfortantes autant qu'il le pourrait : des mains, des visages, des regards, de la douceur, des corps, des moments vécus ... il sentait qu'ainsi il ne mourrait pas seul.
Quel sens avait ce souper ?