Citations sur Sale gosse (81)
L’avenir, vous pouvez le prendre par tous les bouts, face à un gamin de seize ans qui a décidé de vivre au jour le jour, c’est un mot qui ne veut rien dire.
Page 155, L’Iconoclaste, 2019.
— Que veux-tu, Wilfried ? demanda la juge.
—Je veux partir, il souffla.
— Partir où ?
—Je sais pas. Loin. Je veux qu'on me laisse tranquille. Je veux vivre ma vie, C'est bon, j'ai compris, le foyer. Je veux plus qu'on me fasse chier avec ça, et tout. Je veux vivre ma vie.
Page 268, L’Iconoclaste, 2020.
Elle avait fait du Droit à Evry en pensant devenir avocate dans l'humanitaire, et avait tout plaqué après un stage dans une ONG. Les bons samaritains claquaient des sommes folles en alcool, prenaient quelques selfies avec des Noirs au ventre gonflé et rentraient le coeur léger, heureux d'avoir vécu une 'aventure'. Ça l'avait vaccinée.
(...) s'il vous plaît, n'oubliez jamais que les dés jetés à la naissance ne sont pas une fatalité. Il y aura des mains tendues. Soyez assez modestes pour les saisir.
Quand je suis arrivée à la PJJ, je voulais changer le monde. Aujourd'hui, j'essaye de ne pas l'abîmer. Ton métier c'est semer sans jamais récolter.
- As-tu déjà entendu parler du BAFA, demanda [le conseiller d'orientation] en plissant les yeux.
Wilfried se souvenait d'une dame venue leur présenter le diplôme au collège. Il y avait un stage à faire sur les vacances scolaires, et même avec l'aide du conseil général, ça coûtait dans les 500 balles. Il avait lancé à travers la classe :
- Dans notre sale banlieue, on nous vend le BAFA comme un truc de ouf ! Madame, dites la vérité, à Paris vous leur parlez des vrais métiers genre avocat, ingénieur, et tout.
Il fit son service en Allemagne et intégra l'école des profs d'EPS, à Koenigshoffen, en banlieue de Strasbourg, d'où il se fit renvoyer pour 'contestation des méthodes d'enseignement'. On était en 1980, Marc avait besoin de bosser et c'est au café, en feuilletant 'France Soir', qu'il tomba sur cette annonce : "La direction de l'Education surveillée recrute des éducateurs sportifs." C'était flou mais on comprenait l'essentiel : il s'agissait de faire courir des délinquants.
(p. 15)
Quand je suis arrivé à la PJJ, je voulais changer le monde. Aujourd’hui, j’essaye de ne pas l’abîmer. Ton métier, c’est semer sans jamais récolter. Tu suis des mêmes qui disparaissent dans la nature, d’autres les remplacent et tu dois te remettre à semer. Ce n’est pas pour les pragmatiques qui veulent des résultats.
Elle avait fait du droit à Evry en pensant devenir avocate dans l'humanitaire, et avait tout plaqué après un stage dans une ONG. Les bons samaritains claquaient des sommes folles en alcool, prenaient des selfies avec des Noirs au ventre gonflé et rentraient le coeur léger, heureux d'avoir vécu une « aventure ». Ca l'avait vaccinée.
P 249
- "Maman, on appelle ça une oraison funèbre. (...) Je vais me contenter de la vérité. Je ne te connais pas. Ce que je sais, c'est que tu ne voulais pas d'enfant et surtout pas d'une fille. Je sais que ton père était un enfoiré. Et que ta mère t'a laissé tomber. (...) Plus tard, on m'a expliqué que tu reproduisais ce que tu avais connu, et qu'on ne peut pas éduquer quand on n'a pas reçu d'éducation. On appelle ça la reproduction. Pour faire simple, maman, ça veut dire que les pauvres restent pauvres, et que les filles violées font des femmes sur le trottoir.(...)"