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Critique de Merik


Après la plage, rien de tel qu'un bon pavé pour s'évader et se déstresser, avant la rentrée. Et celui-ci n'est pas en reste question évasion, son souffle romanesque m'a plongé dans l'ambiance turque dès les premières lignes. Ça tombe bien, je garde un souvenir impérissable de la Turquie (il y a 20 ans certes), et d'Istanbul, cette ville cosmopolite et grouillante, si folle et si charmante.

Roman épique et foisonnant où s'entremêlent tout à la fois culture, histoire, politique et évolution de la société turque, où l'on peut voir se bâtir des bidonvilles sur des collines d'Istanbul qui deviendront rivales, où l'on suit les déambulations de Mevlut aux multiples métiers, mais vendeur de boza dans l'âme : «Il sentait que le monde intérieur qui l'habitait et la rue qu'il arpentait la nuit en vendant de la boza formaient désormais un tout. Cette connaissance étonnante lui apparaissait parfois comme sa propre découverte ou bien comme une lueur, une lumière que Dieu lui avait accordée à lui seul.».
Un héros ordinaire au profil ancré dans la réalité, à la recherche simple de bonheur, attachant et empreint de naïveté. L'on fait sa connaissance lors du premier chapitre, surpris qu'il est de découvrir que la fille qu'il est en train d'enlever pour l'épouser n'est pas celle à qui il a cru envoyer tant de lettres enflammées, depuis des années. Une habitude dans ce pays, l'enlèvement d'une douce par son amoureux, quand celle-ci s'oppose aux désirs de son père, ou que la dot est trop importante pour le prétendant. La suite du récit remontera le cours de la vie de Mevlut depuis 1968, pour aller au delà, en 2012.
L'écriture au long cours et au rythme lent invite le lecteur à choisir un bon fauteuil, pour prendre son temps. La narration s'y singularise par une polyphonie aux tonalités parfois inédites: les différentes voix des protagonistes peuvent s'opposer, se contredire, ou enrichir le point de vue général et omniscient, attaché aux pas de Mevlut. Un peu comme si les différents personnages prenaient corps autour de la table de l'écrivain pour élever leur voix, et intervenaient dans le récit pour donner leur avis au lecteur. Cela rend le récit vivant, alerte et rythmé. Largement de quoi rendre le pavé plus léger.
Mais le vrai tour de force de cette saga à l'écriture simple, c'est qu'il nous plonge sans retenue dans la société turque (enfin le tour de force est relatif, il y a quand même un prix Nobel derrière). On ne la lit pas cette saga, on la respire et on la vit. J'ai été avec Melvut, sa famille, ses amis et ses emmerdes depuis le début. le genre de bouquin qui fait hésiter avec ses 6OO et quelques pages, mais on peut finir par regretter qu'il n'y en ait pas un peu plus.
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