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Critique de Badquilla


Au sein de cet agréable petit pavé de 580 p., ce sont deux voix uniques qui s'entrelacent, racontant le quotidien de deux personnes qui semblent représenter une bonne partie de l'humanité (le concept est quelque peu déconstruit dans ce roman, englobant également les IA).

D'un côté, Roz, homme transgenre à bord d'ari-me, le vaisseau qui sillonne l'espace, et de l'autre, Asha, bot philosophe, spécialiste des questions reliées à sa condition.

Malgré son ton alarmant (les conditions climatologiques sont loin d'être bonnes et le système en place n'est pas loin de rappeler ce qu'il se passe actuellement en Chine), l'humour reste au rendez-vous, marqué, souvent, par une touche mordante.

Les rêves, les aspirations des bots m'ont rappelé cet androïde, nommé Mindar, qui incarne la déesse Kannon dans un temple bouddhiste au Japon.

Les robots peuvent évidemment être vus comme l'incarnation de l'hubris humain, mais touche importante de l'oeuvre de Saul Pandalekis, la réflexion va plus loin, grâce à l'interruption du récit par des interludes récurrents, qui narrent la création des IA autonomes.

A ce niveau, j'ai trouvé le roman construit de façon intelligente. Sa trame narrative, à la fois porteuse d'espoir et de désillusions, se situe à mi-chemin entre l'oeuvre de Becky Chambers et les meilleurs épisodes de la série Black Mirror.

En ce qui concerne la transidentité de ses personnages principaux, Saul sait de quoi il parle. J'ai déjà mentionné sa voix de velours, repérée lors d'une table ouverte des Utopiales. Au sujet des représentations dans son roman, les personnages sont très inclusifs et c'est une réussite : rien ne semble forcé, tout paraît couler de source.

"Quand on ne se voit pas, on n'existe pas." avait dit Saul lors de la table ouverte sur les biais sexistes et racistes.

Je rejoins son avis sur la question : c'est vraiment agréable de voir des personnages aux caractéristiques diverses et variées s'animer d'une intense vie intérieure, être complexes.
Actuellement, les IA n'en sont qu'aux balbutiements et Saul se permet de spéculer sur leur possible évolution.

A quoi ressemblera le paysage technologique à la fin du XXIe siècle ? Comment gérer des androïdes de plus en plus autonomes ? Doivent-iels être considéré·es comme de "vraies personnes" ? A ce stade, l'auteur se place dans la lignée des auteur·ices de science-fiction qui ont déjà écrit sur le sujet (Tout sauf un homme, d'Isaac Asimov, entre autres). Au point de départ du roman, l'autonomie est déjà acquise. Asha est un être à part entière, qui défend des idéaux, des principes qui lui sont chers, qui a une vie romantique et sociale bien développée.

Au final, la présence des bots dans cette société futuriste pose les bases d'une cohabitation entre deux formes de vie aux expériences différentes.

Malgré la déferlante d'informations en tous genre, le roman est très abordable au niveau technologique (je suis une brêle en sciences, aha). On se laisse facilement happer par les vies des protagonistes, très attachant·es. Et l'auteur semble aborder certaines problématiques bots pour dénoncer en sous-texte quelques injustices criantes au sujet de la transidentité.

Le roman n'est donc pas si éloigné que cela de notre réalité.

Quant à la vague de nouvelle science-fiction française, dont la séquence Aardtman fait partie, elle est prometteuse.
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