Panorama, n°531

Un simple coucher de soleil à Trouville suffit à mon bonheur. Voir tous ces gens venir chaque soir le contempler, cela me rassure sur la nature humaine.
(Alix de Saint-André)

En haut d'une montée, on voit les choses lointaines. On ne s'approche pas du ciel, comme le prétendait la tour plantée à Babel (...)
En haut d'une montée, on est seulement loin de la terre, en atteignant sa dernière marche. De ce point d'éloignement du vacarme et de la densité de la plaine, il était possible de scruter au-delà du lointain et recevoir l'annonce des joies nouvelles.
(Erri de Luca, texte sur les Béatitudes)

C'était la plus nouvelle des subversions, elle donnait la priorité près de Dieu aux piétinés, elle les élevait au rang d'élus. Elle proclamait les vaincus, elle rétrogradait les autres. Le Royame appartenait aux vaincus, aux sans-rien.
(Erri de Luca, texte sur les Béatitudes)

Il ne commande pas d'aimer l'éloigné, monde inconnu, mais celui près de soi. Aime ton prochain, qui est le superlatif de voisin, le très voisin, qui dérape, peine, tombe un mère devant toi. Tu es responsable d'amour envers lui.
(Erri de Luca, texte sur les Béatitudes)

Il nous faut donc apprendre patiemment à porter sur le monde un regard qui n'est plus seulement utilitaire. Le "profane" est ce qu'il est possible de manipuler, de ramer à soi, de posséder pour soi-même. le "sacré" n'est pas seulement l'étrange, l'énigmatique, le mystérieux, ce qui échappe à notre emprise. C'est plus essentiellement ce qui nous fait sortir de nous-mêmes, ce qui nous met au diapason de Dieu créateur. Une attitude contemplative laisse la porte ouverte à une possible révélation de Dieu, à son irruption dans la profanité du monde.
(François Euvé)

Il se mit sur la dernière pierre, là où la terre cesse de monter et où commence le ciel. Le vent diminua lorsqu'il s'arrêta là, debout. L'acoustique était parfaite, le soleil tiède : la Galilée était un sillon ouvert pour accueillir la semence du discours. Aucun scribe ne prenait de notes. C'étaient des temps où les paroles se gravaient à chaud dans la membrane du souvenir, au fond des oreilles.
(Erri de Luca, texte sur les Béatitudes)