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Critique de ange77



« Remanere » (mot latin) signifie rester ; au sens de demeurer, subsister, continuer à exister... Survivre.


Bastien Pantalé innove à chacun de ses récits, c'est un indécrottable touche-à-tout qui n'a de cesse de s'essayer à de nouveaux genres littéraires comme autant de rôles qu'aurait à camper un acteur, autant de costumes bigarrés dans lesquels se couler le temps d'un récit... Principalement pour s'affranchir des « cases » qu'il n'apprécie guère (mais pas uniquement).

Ici, l'écrivain double son défi :
> Tout d'abord il s'attaque à cet exercice de style si particulier qu'est la nouvelle - assez longue cependant - , et il y excelle, sans grande surprise. Toute l'originalité de l'oeuvre tient dans la façon dont l'auteur l'a traitée. On est face à une véritable et terrible prise de conscience - Je ne peux pas en dire beaucoup plus, au risque de trop en dévoiler...
> Ensuite - et c'est là ce qui m'a probablement le plus étonné (néanmoins agréablement), moi qui commence à bien connaître ses ouvrages maintenant, bien qu'il m'en reste encore à découvrir - il opte pour une histoire... de zombis.
Mais ce serait réduire à bien peu de choses le talent et l'imagination (relativement torturée pour le coup ^^) de notre « auteur fureteur », comme il se nomme lui-même.

« Ces choses avaient été des êtres humains, mais la grande majorité des effectifs sains choisissaient d'oublier cette vérité dans le coin le plus sombre de leur conscience. »

Tout ce que j'ai lu de lui jusqu'à présent revêt indéfectiblement cet aspect humain, qu'on lui reconnaît volontiers, et Remanere ne fait pas exception.
D'ailleurs, et bien que la nature des « infectés » ne laisse planer nul doute quant à la dénomination qu'en ferait le commun des mortels, le mot zombi n'est pourtant jamais employé.

Ceux qui connaissent Bastien Pantalé savent déjà qu'ils n'auront pas à affaire à une énième revisite de ‘zombie tale' à la « Walking Dead ». Quand je dis supra que ce dernier innove, ce n'est pas seulement du fait des nombreux thèmes qu'il aborde, mais aussi et surtout j'insiste, dans la manière même de les aborder justement. Ça le caractérise au moins autant que la fluidité de ses écrits ; l'oeil critique avec lequel il nous présente ses histoires ; ou bien encore cette faculté à nous pousser dans nos derniers retranchements, à nous questionner d'avantage (quand l'instinct de survie se dispute à l'éthique...).

Une fois de plus, on appréciera les recherches de l'auteur en amont, permettant une immersion plus sensible et autrement plus intéressante.

Sa plume intuitive nous transporte ici dans un futur proche, qui n'a rien à envier à l'avenir (de moins en moins éventuel) que nous traçons (de plus en plus profondément) dans les sillons des guerres, des pollutions et autres facteurs qu'il est inutile de rappeler.

***
Résumé :
Terre. 2055.
Le virus G contraint les humains à vivre en reclus. Dans des villes refuges surprotégées et hermétiques, la vie suit son cours. Entre acceptation et résignation, les effectifs sains semblent oublier ceux qui rôdent par-delà les murs.
Pourtant, à l'intérieur de l'enceinte, l'espoir encore vivace d'une rémission encourage certains à poursuivre les recherches. Mais la frontière est mince entre l'espérance et la folie. le mal peut parfois naître des meilleures intentions.
Et si, pour une fois, le sursaut tant attendu de l'humanité ne résidait pas dans la technologie et les promesses médicales ? Et si nous possédions déjà en nous toutes les réponses, toutes les solutions ? À quelles extrémités l'instinct de survie pourrait-il bien nous mener ?

Un presque huis clos sombre, morbide, où la créature révèle finalement nos penchants les plus humains.

AVERTISSEMENT : INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS
Récit destiné à un public averti, des scènes violentes sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus fragiles.

***

«

- Tu crois qu'elle est où, maintenant ?

- Elle s'est fait becter.

- Putain ! J'suis sérieux, Laurent. Tu ne peux pas essayer de faire fonctionner ta cervelle, deux minutes.

- Moi aussi j'suis sérieux. Et toi, tu réfléchis trop. (...)

- Alors quoi ? Tu suggères que les mômes qu'on a emmenés ici sont tous morts ?

- C'est ce qui circule.

»



En bref...

Une nouvelle horrifique qui se lit rapidement et interroge nos consciences ; une histoire de zombi vraiment pas comme les autres - j'ai presque envie de dire : une histoire de sentiments avant tout (si si !) - ; un petit bijou d'intelligence et d'introspection (ce qui, j'admets, peut surprendre vu le sujet ^^).

Je recommande vivement !

Excellente lecture à tous et toutes =)



Pour suivre l'actualité de Bastien Pantalé :
https://editionslintemporel.wordpress.com/bastien-pantale/


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