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Critique de TRIEB


Peut-on manier l'humour, de préférence grinçant, et s'essayer à la satire sociale et à la peinture des travers de nos contemporains ?

C'est à ce piège qu'échappe Dominique Paravel, qui signe son premier roman Uniques. le roman, divisé en trois parties, met en scène des personnages souffrant souvent de solitude, de mal-être au travail, de déclassement social. On trouve ainsi dans cette galerie de portraits Angèle vouée à la vente de forfaits téléphoniques et subissant à ce titre les affres du management moderne, la déshumanisation du monde du travail. Jean-Albert, pour sa part, est contraint de justifier l'injustifiable : des licenciements boursiers censés booster les revenus des actionnaires.

Dans la seconde partie, c'est la vie d'une artiste qui est décrite : ses rencontres à Lyon et à Paris, ses déceptions, ses conflits familiaux, ses réflexions sur le statut de la femme : « Déjà s'insinue en moi le goût de la terre. le corps des femmes est un capital qu'il faut entretenir sans relâche .Les vieilles camouflent leur chair flaccide sous des habits de jeunesse(…) Tôt ou tard, pourtant, elles finissent par abdiquer et apparaissent dans toute leur beauté indigne, bonnes à vivre, enfin. »
Il y a aussi, dans ce chapitre, toute une dénonciation de la situation de l'art contemporain, de l'artiste comme voie et moyen d'une médiatisation, d'une récupération. La confusion entretenue par certains milieux entre la culture et l'art est très pertinemment dénoncée ainsi qu'une certaine marchandisation de l'art .Le mécène auquel à affaire notre artiste s'appelle Paul Finault. (François Pinault ?)

Un des passages les plus cocasses de ce roman est celui durant lequel l'artiste, invitée au vernissage d'une exposition : « L'arrivée soudaine de ma galeriste, à peine descendue du train de Paris, change brutalement la configuration spatiale et sociale de la soirée. (…) Un à un, les critiques, commissaires d'exposition, élus locaux, viennent m'offrir leurs félicitations et propositions. (…) J'accueille, hébétée, le miracle. »
La troisième partie de ce roman est composée de différents portraits, d'arrêts sur image sur le monde social, sur l'histoire du salariat. Cette évocation ne tourne jamais à la démonstration, elle est toujours empreinte d'ironie, d'humour, de retenue. L'écriture du roman est dépouillée, le style direct, simple .L'ambiance générale de ce roman nous emporte ; elle nous séduit assez pour prédire à ce premier roman un parcours plus qu'honorable.

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