L'Énigme - 1871 - Paris, France Musée d'Orsay
L'Énigme est une des peintures les plus sombres de Gustave Doré. Peinte au lendemain de la guerre franco-prussienne de 1870, cette œuvre allégorique évoque le traumatisme que ce conflit a représenté pour l'artiste.
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Une figure allégorique double
Entre la colline et la plaine, entre les morts de la guerre et l'action des combats, se tiennent, accrochées l'une à l'autre, les deux figures centrales de la composition. Ce couple étrange est éminemment symbolique. Il est composé d'une femme ailée et d'un sphinx qui présente un corps massif de lion et une tête humaine parée du traditionnel némès égyptien. La femme, coiffée d'une couronne de laurier, s'accroche tragiquement au corps de la bête chimérique. Gustave Doré propose, à travers cette figure féminine, au visage renversé par le désespoir, une allégorie de la France vaincue lors de la guerre de 1870. Dans la lumière blafarde, au milieu des décombres et des cadavres, elle implore la bête et semble attendre une réponse à sa défaite. Si celle-ci se penche vers elle et pose sur sa tête une de ses pattes, elle demeure toutefois muette. Ce sphinx, plus égyptien que grec, n'est pas celui vaincu par Œdipe. Il semble au contraire incarner une puissance sombre et arbitraire qui donne, sans raison, la victoire ou la défaite.