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Critique de VincentGloeckler


Quelque part dans l'Espagne du vide, si brillamment décrite par le Paco Cerda de Los Ultimos (traduction française : Les Quichottes, La contre-allée, 2021), dans un petit village des environs de Guadalaraja, à une centaine de kilomètres de Madrid, les rêves d'une poignée de personnages tournent au cauchemar… Dans cette Sagesse de l'idiot, couronnée par deux prix de polars importants en Espagne, Marto Pariente construit une intrigue à tiroirs, une impressionnante mécanique narrative qui broie les projets de vie des bons comme des méchants – à l'image de la presse hydraulique à compacter les bagnoles mortes de la casse de la soeur de Toni, engin symbolique et tout puissant, qui, dans le roman, « compactera » aussi plusieurs destins brisés…- , un récit plein de rebondissements qui donne à cette campagne ibérique des allures de terre à westerns ou de sombre territoire à monstres mélancoliques comme celui de No country for old men de Cormack McCarthy.
Toni Trinidad, le policier municipal d'Ascuas, un drôle de patelin perdu, doit décrocher un beau matin le cadavre de son ami Triste (un nom qui est déjà tout un programme!) de la branche à laquelle il s'est apparemment pendu. Triste, c'était l'idiot du village, ce type un peu déboussolé par l'existence, aux moeurs et aux paroles étranges, mais qui, trop souvent, disait aussi la vérité à ceux qui ne voulaient pas l'entendre… Et Triste, qui était aussi le malheureux propriétaire d'un lopin de terre convoité par un promoteur pour y installer un lotissement pour riches avec golf…
Mais Toni a aussi une soeur, Vera, devenue la gérante d'une casse automobile, une activité officielle derrière laquelle se cache une part de l'important trafic de drogue d'un génie du mal, l'Apiculteur, psychopathe cruel et maniaque, qui collectionne les doigts et les oreilles coupés et dirige de main de maffieux une clique de tueurs à gages, plutôt bras cassés qu'as de la gâchette. Et les affaires de Vera, déjà affectées par la disparition d'un mari qui a poussé la jeune femme dans l'alcool, commencent à prendre une bien sale tournure…
Mêlant ainsi les quêtes égoïstes des différents protagonistes, variant pour chacun les points de vue avec brio, assaisonnant sa sombre mixture d'un humour constant, le texte de Marto Pariente pousse au paroxysme les ressorts du roman noir. le présent des enquêtes n'y suffit pas, quand remonte le passé commun et traumatisant vécu par Toni et Vega, un passé qui explique aussi bien l'étrange phobie du sang du policier municipal que son amour inconditionnel pour une soeur déviante, qui le lui rend elle-même au centuple. Et c'est une nouvelle voix qui s'impose, celle de Marto Pariente, pour ce roman d'atmosphère qui se déguste d'une seule traite !
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