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EAN : 9782073028600
Gallimard (04/01/2024)
3.73/5   32 notes
Résumé :
Toni Trinidad, unique policier municipal du village d’Ascuas, est un homme solitaire et un peu simplet qui ne porte jamais d’arme, s’évanouit à la vue du sang et ne souhaite qu’une chose : préserver sa tranquillité.
Or sa vie n’est pas simple : son poste est menacé, son ami Triste a été découvert pendu, et sa sœur Vega, qui gère seule la casse du village depuis la disparition de son mari, a de solides ennuis avec un cruel trafiquant de drogue local. Aussi Ton... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ascuas, c'est une petite bourgade perdue dans la campagne madrilène, « à peine une douzaines de rues tordues qui partaient de la place du village comme les petites veines éclatées sur le visage des alcooliques ». C'est là qu'officie Toni Trinidad, policier municipal dénué de charisme et d'autorité, allergique au travail et à la vue du sang, placé sur un siège éjectable par une partie du conseil municipal.
Le suicide suspect de son vieil ami Triste l'oblige un peu à sortir de sa réserve et à faire le lien entre le drame et le refus de la victime de vendre sa petite propriété à un promoteur immobilier aux dents longues. Il serait nettement plus serein si sa petite soeur Vega n'avait pas brutalement disparue après avoir tenté d'arnaquer le caïd local de la drogue. Pris dans un tourbillon de folie qu'il ne maîtrise pas, Toni résiste malgré tout.
L'intérêt se concentre sur ce personnage hors-normes aux méthodes peu académiques, sur le cheminement de sa pensée et sur l'évocation de son passé de souffrances qu'il partage avec sa soeur. le ton doux-amer de ce roman noir espagnol totalement débridé a séduit les lecteurs hispaniques qui l'on récompensé par le prix Novelpol et le prix du festival Cartagène Noir !
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Franchement, à bien y réfléchir, il faut bien admettre que mes connaissances sont plutôt lacunaires pour tout ce qui concerne la littérature noire hispanique et ses auteurs emblématiques comme Manuel Vázquez Montalbán dont je n'ai lu aucun de ses innombrables romans mettant notamment en scène le fameux détective privé Pepe Carvalho dont il faudra bien que je découvre un jour ses enquêtes entrecoupées de repas pantagruéliques. Ma première incursion dans ces contrées, je la dois à Victor del Arbol évoquant les réminiscences de la guerre civile d'Espagne avec son premier roman, La Tristesse du Samouraï (Actes Noirs 2012). Et puis débarque J'ai Été Johnny Thunder de Carlos Zanon que l'on peut considérer comme un roman noir culte publié chez Asphalte Editions grand pourvoyeur d'auteurs issus d'Amérique du Sud et d'Espagne bien sûr, à l'instar d'Andreu Martin et de sa fameuse Société Noire (Asphalte 2016). On peut également se remémorer Monteperdido (Actes Noirs 2017), premier polar marquant d'Augustìn Martìnez nous entrainant dans les entrelacs des rapports complexes entre les habitants d'un village niché au creux du massif des Pyrénées. Si le polar hispanique trouve sa place au sein de nos régions francophones, on constate que son essor n'a pas de comparaison avec la déferlante du polar nordique et anglo-saxon comme l'illustre parfaitement la collection Série Noire recelant une trentaine d'ouvrages d'auteurs espagnols dont La Face Nord du Coeur (Série Noire 2021) de Dolores Redondo Meira se révélant être un préquel de la fameuse trilogie de la Vallée du Baztan, se déroulant dans la région de la Nouvelle-Orléans avec une enquêtrice espagnole sur la trace d'un tueur en série. Dans un registre totalement différent, en prenant pour cadre la province rurale de Guadalajara où il vit, on saluera l'arrivée de Marto Pariente au sein de la collection avec La Sagesse de L'Idiot, véritable souffle nouveau pour un récit explosif aux tonalités à la fois âpres et désopilantes nous rappelant, pour certains aspects, Pottsville, 1280 Habitants (Rivages/Noir 2016) de Jim Thompson.
 
On ne sait pas trop comment Toni Trinidad est parvenu à obtenir son diplôme de flic, lui qui s'évanouit à la vue de la moindre goutte de sang. Toujours est-il qu'il est devenu l'unique policier municipal du village d'Asturias et que sa principale activité consiste à surveiller la circulation lorsque les enfants sortent de l'école en fin d'après-midi. Une vie faite de routine, idéale pour cet homme qui passe pour l'imbécile de service et qui ne porte jamais d'arme. Mais Toni doit faire face à bien des difficultés avec la mort un peu étrange de son ami Triste que l'on a retrouvé pendu à un arbre tandis que sa soeur Vega, unique propriétaire d'une casse automobile depuis la disparition de son mari, doit faire face aux velléités de l'Apiculteur, un trafiquant de drogue brutal et sans pitié à qui elle a dérobé une cargaison de came en croyant que c'était du fric. En voulant savoir ce qu'il est vraiment arrivé à son ami et vouloir protéger sa soeur, Toni se retrouve embringué dans des histoires de règlements de compte entre trafiquants déjantés, tueurs à gage impitoyables et promoteurs immobiliers douteux qui vont croiser sa route pour son plus grand regret mais également pour leur plus grand malheur. 
 
Egalement auteur de romans noirs, dont certains publiés au sein de la collection La Noire des éditions Gallimard, on doit saluer la traduction de Sébastien Rutés ayant parfaitement saisi l'essence d'un texte comme La Sagesse de L'Idiot pour nous en restituer toute la quintessence, propre au genre, dans sa version française. Mais il faut également relever le véritable talent de Marto Pariente à construire une intrigue au rythme explosif pour mettre en scène toute une galaxie des personnages truculents dont les actes vont s'entrechoquer au détour d'une succession de confrontations dont certaines vont virer à la pantalonnade vacharde, ceci pour notre plus grand plaisir sadique. Néanmoins, il convient de souligner, que La Sagesse de L'Idiot va bien au-delà d'une simple bouffonnerie puisque l'auteur prend également la peine de soulever quelques aspérités du contexte sociale dans lequel évolue l'ensemble des protagonistes. Ainsi, de la région de Guadalajara, située au centre de l'Espagne, on découvre les accointances entre les banques et les milieux de l'immobilier pour faire davantage de profit tandis que certains propriétaires terriens touchent des subsides grâce à des plantations qu'ils laisseront pourrir sur pieds en s'épargnant ainsi les frais et les efforts d'une récolte qui ne leur rapporterait rien. Tout cela, on le perçoit par le biais du regard de Toni Trinidad, ce flic municipal que l'on prend volontiers pour un imbécile alors qu'il se révèle un peu plus perspicace qu'il n'y paraît, même s'il fait preuve parfois d'une maladresse crasse qui va avoir un impact sur l'ensemble de son entourage et des individus qu'il croise sur son chemin. C'est bien évidemment cette dynamique que l'on apprécie et que Marto Pariente met en scène de manière habile en nous permettant de saisir l'ensemble des rapports qui régissent les interactions entre cette succession de bûcherons reconvertis en exécutant des basses oeuvres, de trafiquants au bord de la faillite, de promoteurs véreux et d'un tueur à la foi immodérée et dont découvre certains aspects au gré d'un épilogue savoureux révélant tout un lot d'éléments surprenants que l'on ne voit pas venir. Et puis pour en revenir à Toni Trinidad, on appréciera toute l'affection qu'il éprouve pour sa soeur Vega, quelque peu portée sur la bouteille, nous entraînant sur un registre un peu plus émouvant, donnant encore plus de relief à l'ensemble du récit, tandis que l'on plonge dans ses souvenirs d'enfance pour mettre à jour les épreuves auxquels ils ont dû faire face, sources de traumatismes indélébiles. Ainsi, au gré d'un texte affuté comme la lame tranchante d'un cran d'arrêt, l'émotion se conjugue avec l'humour et cette férocité parfois cruel dans un mélange parfait qui font de la Sagesse de L'Idiot un récit détonant nous permettant d'affirmer que Marto Pariente devient une des voix originales du roman noir espagnol qu'il convient de découvrir toutes affaires cessantes.  

Marto Pariente : La Sagesse de L'Idiot (La Cordura del Idiota). Editions Gallimard/Série Noire 2024. Traduit de l'espagnol par Sébastien Rutés.

A lire en écoutant : Hijo de la Luna de Mecano. Album : Entre el Cielo y el Suelo. 2005 BMG Rights Management and Administration (Spain) S.L.U.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Quelque part dans l'Espagne du vide, si brillamment décrite par le Paco Cerda de Los Ultimos (traduction française : Les Quichottes, La contre-allée, 2021), dans un petit village des environs de Guadalaraja, à une centaine de kilomètres de Madrid, les rêves d'une poignée de personnages tournent au cauchemar… Dans cette Sagesse de l'idiot, couronnée par deux prix de polars importants en Espagne, Marto Pariente construit une intrigue à tiroirs, une impressionnante mécanique narrative qui broie les projets de vie des bons comme des méchants – à l'image de la presse hydraulique à compacter les bagnoles mortes de la casse de la soeur de Toni, engin symbolique et tout puissant, qui, dans le roman, « compactera » aussi plusieurs destins brisés…- , un récit plein de rebondissements qui donne à cette campagne ibérique des allures de terre à westerns ou de sombre territoire à monstres mélancoliques comme celui de No country for old men de Cormack McCarthy.
Toni Trinidad, le policier municipal d'Ascuas, un drôle de patelin perdu, doit décrocher un beau matin le cadavre de son ami Triste (un nom qui est déjà tout un programme!) de la branche à laquelle il s'est apparemment pendu. Triste, c'était l'idiot du village, ce type un peu déboussolé par l'existence, aux moeurs et aux paroles étranges, mais qui, trop souvent, disait aussi la vérité à ceux qui ne voulaient pas l'entendre… Et Triste, qui était aussi le malheureux propriétaire d'un lopin de terre convoité par un promoteur pour y installer un lotissement pour riches avec golf…
Mais Toni a aussi une soeur, Vera, devenue la gérante d'une casse automobile, une activité officielle derrière laquelle se cache une part de l'important trafic de drogue d'un génie du mal, l'Apiculteur, psychopathe cruel et maniaque, qui collectionne les doigts et les oreilles coupés et dirige de main de maffieux une clique de tueurs à gages, plutôt bras cassés qu'as de la gâchette. Et les affaires de Vera, déjà affectées par la disparition d'un mari qui a poussé la jeune femme dans l'alcool, commencent à prendre une bien sale tournure…
Mêlant ainsi les quêtes égoïstes des différents protagonistes, variant pour chacun les points de vue avec brio, assaisonnant sa sombre mixture d'un humour constant, le texte de Marto Pariente pousse au paroxysme les ressorts du roman noir. le présent des enquêtes n'y suffit pas, quand remonte le passé commun et traumatisant vécu par Toni et Vega, un passé qui explique aussi bien l'étrange phobie du sang du policier municipal que son amour inconditionnel pour une soeur déviante, qui le lui rend elle-même au centuple. Et c'est une nouvelle voix qui s'impose, celle de Marto Pariente, pour ce roman d'atmosphère qui se déguste d'une seule traite !
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Un petit village espagnol (Ascuas), un policier municipal un peu benêt de prime abord, sa soeur Vega qui s'occupe de la casse du village, un caïd local du trafic de drogue, des flics, un tueur, ... : il y a tous les ingrédients réunis pour former un sacré cocktail explosif non ?

Voici un roman rural noir plutôt bien foutu, avec un antihéros comme personnage central, le fameux policier municipal, Toni Trinidad, qui s'évanouit à la vue du sang... il va ainsi avoir plusieurs fois l'occasion de nous fausser temporairement compagnie au cours de l'histoire. Une construction réussie (avec notamment l'enfance traumatisante de Toni et sa soeur progressivement dévoilée...), une bonne pincée d'humour noir et de dérision, des personnages assez hauts en couleurs, un récit avec style assez cinématographique, voici quelques-uns des atouts de ce roman que j'ai vraiment beaucoup apprécié.

Je remercie donc Babelio et les éditions Gallimard pour cette belle découverte, permise grâce à une récente opération masse critique.
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Commençons par l'essentiel : j'ai tout aimé dans ce roman noir, tout absolument tout. 


C'est pourtant pas américain mais espagnol comme quoi la surprise est d'autant plus belle, en même temps c'est traduit par Sébastien Rutés publié à la Série Noire donc une valeur sûre comme on dit dans le milieu. 

Poursuivons, l'écriture : stylée, drôle cynique et sachant que c'est son deuroman on applaudit évidemment.

Puis les personnages dont Toni le principal est absolument attachant tout comme la galerie qui l'accompagne également, des personnages hauts en couleurs qui collent parfaitement à l'histoire. 

Et le scénario, et ben à la hauteur du reste, du suspens, des rebondissements avec ces petits flashbacks qui t'en apprennent davantage sur le passé de Toni et de sa soeur, ceci expliquant cela. 


Ce roman noir rural possède à lui tout seul toute les qualités que j'espère trouver dans une lecture, du coup je l'ai dévoré et quand suis arrivée à la dernière pages, j'étais déjà en manque car j'aurais  bien voulu encore quelques lignes de cette came cinq étoiles qui a reçu déjà le Prix Novelpol et le Prix du festival Cartageène en 2020, pas étonnant vu le plaisir que j'ai eu pendant ma lecture. 


Pitié Marto Pariente, dites-moi que d'autres suivront, je trépigne déjà d'impatience. 
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critiques presse (2)
LesEchos
22 mars 2024
Portraits bien troussés, réalisme des paysages, comique des situations : Mario Pariente signe un joli polar à l'ancienne dans la plus pure tradition de la Série noire.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Culturebox
05 février 2024
Un roman policier espagnol qui se déroule dans une petite ville de la région Castille-La Manche, au centre du pays, sur fond de violences et de règlements de comptes.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Et c’est donc un peu plus tard, en me réveillant dans le coffre d’une voiture en marche, ficelé comme un porcelet en route pour l’abattoir et une cagoule sur la tête, que je me suis dit que, indéniablement, les choses commençaient à devenir intéressantes.
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Ici est mort quelqu’un qui avait la priorité.
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Le premier a l’air de lire un journal de sports quelconque : il fait semblant, en réalité il surveille. L’autre a l’air de surveiller ; en réalité, il lit
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Ascuas est un petit village d’à peine ille habitants, abandonné de Dieu, un endroit où l’on change de voiture aussi rarement qu’on meurt.
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Pour tout dire, je ne m’y connais beaucoup en presque rien
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