En perdant cette bataille, l’Armée américaine perdit la confiance que le peuple sud-coréen avait placée en elle. Le doute s’installa dans les esprits, cette armée supposée invincible avait essuyé une si cinglante et rapide défaite. Ces soldats américains trop vite élevés au rang de quasi-divinités avaient rapidement retrouvé leur statut d’hommes
Jusqu’à présent, notre village avait été préservé des malheurs de la guerre… Maintenant, il nous fallait fuir, nous possédions juste de l’orge, de quoi tenir une semaine, tout au plus. C’était là toute notre richesse. Nous pensions que si nous quittions le village, c’était la mort qui nous attendait. Personne ne savait combien la guerre serait affreuse, on l’ignorait… Personne n’était capable de nous guider ni de nous indiquer un endroit où se réfugier. Personne n’avait la moindre idée de ce qu’était le communisme. Ce n’est qu’après la libération qu’on a sans cesse entendu dire que sous un régime communiste l’égalité était un concept réel. Pas de riche, pas de pauvre. Comme les Nord-coréens étaient en train de gagner la guerre, de plus en plus de gens pensaient que finalement ce ne serait peut-être pas si terrible de vivre sous un régime communiste
Soudain, sur la route de Kyung-Bu, j’aperçus une immense marée humaine se déplaçant. C’était un flot ininterrompu d’hommes, de femmes et d’enfants. On eût dit un fleuve de couleur blanche
Mes chers enfants qui étaient si doux, chaleureux, gentils et pleins de vie. L’odeur du lait maternel émanant de leur petite bouche, leur rire et leurs petits corps si doux… combien de fois ai-je pu frotter mon nez contre leur joue… Ils n’étaient plus là, à nos côtés, nous laissant, ironie du sort, orphelins